*** Après s'être éveillée ... Enfin, après avoir repris ses esprits, la jeune androgyne jette un coup d’œil aux alentours. Autour d'elle, des bâtiments, sans doute quelques échoppes ainsi que diverses personnes éparpillées. Un groupe, en particulier, a attiré son attention, étant donné que les individus le composant s'étaient placés à la queue-leu-leu. Mais, c'est avec un regard dénué de curiosité qu'elle reprit sa route.
Sa route vers ... Où ? Elle-même ne le savait point. Elle dériva au fil de ses pas - et de ses pensées - à travers les ruelles ... Enfin, les larges routes de terres battues que forment "Les Douces Chaumières". Ses pensées n'étaient guère métaphysiques, portant surtout sur sa situation et ce qu'elle mangerait le soir même.
Dans son avancée, elle heurta un homme, beau, furtif, chauve, sans vraiment s'en rendre compte, puis, laissa porter son corps par le vent - qui indiquait le nord (ou tout du moins, le haut) cette après-midi là.
Sortant soudainement de ses pensées, elle aperçut au loin un jeune garçon. Une tâche blonde dans l'horizon. Celui-ci fixait ses pieds, l'air perdu.
Pris d'un instinct presque maternel - en fait, non, elle s'ennuyait juste beaucoup trop, mais, ça, il ne faut pas le répéter - , elle le rejoint et, d'un patois parfait (celui de Kil'sin, évidemment), lui demanda, d'une voix tout d'abord ennuyée : ***

« Bah, alors, p'tit gars, t'es paumé ? »

*** Puis, d'un ton plus doux, elle continua : ***

« T'as besoin d'aide ? »

*** Ensuite, attendant la réponse de l'enfant, elle le détailla : petit (évidemment), blond, débraillé, plus ou moins sale ... Elle avait sans doute affaire à un vagabond. Loin de la repousser, cette constatation adoucit la jeune fille presque homme - ou, tout du moins, homme biologiquement. Elle s'étira donc en cambrant légèrement ses épaules et attendit la réponse du va-nu-pieds. ***

*** Elle n'attendit pas deux minutes qu'un groupe de badauds, éméchés, à en juger l'odeur ainsi que leur gestuelle, s'approcha de leur duo. Étrange duo, s'il en est, puisque le plus jeune des deux n'avait toujours pas répondu à l'"aînée". Lorsque le groupe ne fut qu'à quelques pas, la jeune demoiselle s'interposa et garda l'enfant dans son dos. Celui-ci, toujours silencieux, attendit passivement.
D'un ton autoritaire, ne subissant aucune réplique, elle annonça : ***

« "Hé, les gars, est-ce que ça vous dirait de ... Dégager. Tout de suite. Votre odeur m'exaspère." »

*** Les ivrognes ponctuèrent de rires et de commentaires sexistes. Ils rajoutèrent : ***

« "Mais, c'est qu'elle mordraient c'te p'tiote." »

*** La garçonne vit rouge. D'un élan, elle se rapprocha de l'homme le plus proche, approcha sa tête de son visage, plissa le nez et l'insulta d'un ton méprisant. Des "bouches à pets" ainsi que des "raclures" et plein d'autre furent échangées. Plus le groupe s'échauffait, plus la jeune femme défiait.
Une autre se serait détournée. Ou, tout du moins, n'aurait jamais engagé cette joute orale. Pas elle. Délaissant la prudence, elle continua à insulter, à ordonner, à critiquer.
Consciences échauffées, affrontement éhonté, comment finira cette rencontre ? ***

*** Voyant que la situation commençait à devenir invivable - et qu'elle en prendrait pour son grade ... 'Fin, qu'elle se ferait tabasser, la roussâtre décida de s'éloigner en pestant contre ces ivrognes. Avant de partir, elle lança tout de même au jeune garçon : ***

« "Bon, à la r'voyure, p'tit gars, j'espère que l'on se recroisera." »

*** Pressée, oui, elle l'était la gamine. Malgré ses dix-huit ans, la patience ainsi que la maturité ne semblaient pas l'effleurer. Elle s’éloigna donc d’un pas rapide en direction des Puces Koi.
Avant d'être suffisamment loin pour ne plus l'apercevoir, elle se retourna, adressa un coucou à l'ange blond et pensa : J'espère le recroiser ... Il me fait un peu penser à moi, quand même. Puis, c'est toujours bien d'avoir de la compagnie. ***

***

Je passait par là alors que les ivrognes commençaient maladroitement à poursuivre la demoiselle. Ni une ni 2, j'accentue leur maladresse d'un croche pied au premier et tous s'effondrent en trébuchant sur leur camarade. Je les laisse en plan et courre après la demoiselle.

***

*** Alors qu'elle s'éloignait, la jolie garçonne entendit une sorte de ... Rouli-roula ? 'Fin bref, un boucan pas possible. Se retournant, elle aperçut des badauds tout près d'elle. Ils l'avaient suivi ces bougres ! Elle se calma rapidement lorsqu'elle les vit à ses pieds : serait-elle leur nouvelle déesse ? Cette remarque la fit bien marrer, surtout dans une société sans dieu.
Mais, sa pensée arrêta bien vite son court lorsqu'elle aperçut un jeune albinos se diriger vers elle. En courant. Fuira t-elle ? Que nenni ! Elle n'est pas qu'une demoiselle, elle est Dante !
A son arrivée, il lui servit une interrogation, suivie d'une longue déclaration, ponctuée d'un sourire en coin et d'un clin d’œil. Mignon le sourire en coin. Par contre : ***

« "Tu sais, ce genre de clin d’œil me donne envie de te frapper." »

*** Puis, le regardant dans les yeux, elle se rendit compte qu'il n'était pas exactement un albinos ; il était donc un presque albinos. Voir un demi albinos. Oui, elle aimait cette expression ! Elle continua donc, d'un ton rieur (et un peu sarcastique, mais ça, faut pas le dire) : ***

« "J'en ai plutôt l'habitude, ouais. Voler à des badauds ? Ça manque de challenge, non ? J'pense qu'ils sont plus pleins de bière que d'or. Après, j'peux comprendre si t'as peur de t'attaquer à plus haut." »

*** C'est tout. Elle le fixa juste en attendant sa réponse. Et elle le gratifia d'un sourire éclatant - et narquois. ***

***
Je me sentais à l'aise dans la discussion et avouais que j'étais un voleur cash comme ça. étais ce une erreur ?
***

*** Elle attendit donc les palabres du presque albinos et se rendit compte que sa tentative d'intimidation ne fut pas effective. C'est d'une voix de professeur qu'elle dit : ***

« "Et bien, écoute, les malmener dans leur petite vie me suffit bien. Les voler ne m'intéresse pas tant que ça : après, si tu me montres, je ne pourrai que te suivre. Et puis, ça pourrait être amusant. Par contre, l'argent que je leur volerais, je le donnerais à leurs enfants : ils sont trop à mourir de faim pendant que leurs ivrognes de père vont se saouler la gueule." »

*** Puis, en changeant de langue, elle dit d'un ton suggestif : ***

« "Et puis, tu pourras m'aider à apprendre quelques trucs ..." »

*** Puis, sans attendre la réponse du blanc de neige, elle continua, d'un ton quelque peu pressé, et dans lequel tout second sens avait disparu : ***

« "Je n'ai pas trop le temps de continuer à discuter pour l'instant ... Que dirais-tu de continuer notre discussion plus tard ? On se croisera peut-être aux puces." »

*** Sur ces courtes palabres, elle s'éloigna d'un pas vif. Pas vif ressemblant plus à un trottinement qu'à une quelconque marche. Grisée par sa course, elle pensa seulement "Lui pourrait peut-être aussi me rejoindre". ***