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Bassin des Pieds Mousseux lieu ouvert |
Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Dhiwara 11 Saptawarar 816 à 15h39 |
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Les gens des Dessous connaissent tous l'histoire du Docteur Mousseux. Un jeune original du Kil'dara s'est un jour enfui de sa ville natale pour échapper à la justice de ses pairs. On l'accusait d'être responsable d'un accident dans lequel une vingtaine de personnes avaient finies ébouillantées dans un grand bassin expérimental où lui et son équipe testaient les effets thérapeutiques d'une variété rare de champignon aquatique. Convaincu d'être victime d'un complot, le Dr.Mousseux est parvenu à se cacher pendant des années dans les Dessous du Kil'sin. Il a réussi a collaborer avec quelques inventeurs opportunistes et ouverts d'esprit. Ils l'ont aidé à mener toute sortes d'expériences visant faire muter ces champignons, et réveiller en eux les propriétés miraculeuses dont il était persuadé de l'existence. Mais vivre cloîtré sous terre quand on n'y est pas né, coincé entre les gangs et leurs exigences, la mauvaise bouffe et les maladies, tout cela ne l'a aidé ni à maintenir sa santé physique ni sa santé mentale. À priori sénile à cinquante ans et profondément dépressif, le Docteur Mousseux a disparu du jour au lendemain. Il n'a finalement concrétisé qu'une seule et unique expérience, bien qu'encore inachevée... Le bassin des Pieds Mousseux.
Dans le flanc de la montagne du Kil'sin, entre les Puces et les murailles du Nord, certains savent encore se frayer un chemin parmi le réseau de tunnels et de grottes humides, jusqu'à atteindre ce mystérieux prototype que sont ''Les Pieds Mousseux''. Un alcôve intimiste naturellement creusé dans la roche, une niche, une petite caverne assourdie par le bruit proche d'une chute d'eau. C'est une mare fumante, une source d'eau chaude tapissée de champignons fluorescents et caoutchouteux. On ne sait pas très bien comment le Mousseux s'est débrouillé pour faire chauffer de l'eau dans un endroit aussi profondément enfoui. Mais cela n'a rien de naturel. Il suffit de plonger sous l'eau et d'approcher sa tête des champignons pour entendre résonner les rouages massifs d'une machinerie que personne n'a encore réussi à localiser. Le moindre contact avec l'un des champignons lui fait libérer dans l'eau des milliers de spores qui s'évaporent et provoquent chez les Krolannes d'affreuses quintes de toux ou des maux de tête aux effets secondaires imprévisibles. Mais au bout de quelques temps les gens développent une résistance à ces effets nocifs. S'ouvre alors pour eux un monde de relaxation et d'hallucinations douces... On raconte que ces spores sont inoffensives, voir même curatives, mais en réalité personne ne connaît en détail leurs effets sur l'organisme. |
alias Djet Tamère |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Dhiwara 11 Saptawarar 816 à 15h40 |
À l'entrée du bassin une vieille pancarte délavée pend du plafond, maintenue par une ficelle sur le point de lâcher.
« Occupé »
Derrière, complètement enfumés, avachis dans l'eau bouillante, quatre silhouettes se prélassent :
Une montagne de chair au masque banal, un blanc sale et uni.
Un grand homme maigre dont les douze doigts font habilement danser une poignée de champignons. Son masque est tout aussi simple, un masque bleu.
Puis deux athlètes de taille moyenne, un masque aux longs poils gris, et un démon au rire tordu. Le premier est plus gras et velu que son comparse plus jeune, mais c'est ce dernier qui est au centre du groupe.
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alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Luang 12 Saptawarar 816 à 12h37 |
Ces derniers temps, l’actualité lanyshta avait été comme mise en pause. Dans les Entrelacs, il n’était plus question de Klem, Carmïnn, des Choses ou des petits règlements de compte entre égo-surdimensionnés. On s’en tenait au strict nécessaire : quelques boutades ici et là, un peu de dédramatisation vis-à-vis des nouveaux Eveillés et enfin des expériences plutôt atypiques.
Le Réel manquait.
Etait-ce une des conséquences de l’utilisation quasi permanente de la télépathie ? Peut-être. Fort heureusement, je gardai un nez dans les affaires par l’intermédiaire du Blondinet. Un service contre un autre dira-t-on.
Ainsi, le message télépathique du Petit-loup des Dessous m’avait arraché à ma déambulation paisible dans les ruelles du Sin. Il fallait profiter des derniers rayons de soleil, soi-disant. Comme si mon épiderme pouvait encore jouir d’une teinte cuivrée. Les affres de la mutation.
Il était question de se rencontrer dans un des saunas sous-terrain que cachait le labyrinthe des Dessous. Les Pieds Mousseux. Un lieu en apparence dédié à la détente mais dont le but premier s’attachait plutôt à permettre des rencontres plus sécurisées. Faut dire que dans le plus simple appareil, il était compliqué de planquer un flingue. Certains avaient essayé, s’en faisant même une spécialité. Le succès n’était toutefois pas toujours au rendez-vous.
A l’époque où j’officiais encore officiellement pour le compte de tel ou tel gang, j’avais un jour proposé d’introduire des Assoiffées, ces petites billes dont l’explosion se déclenchait en fonction de leur teneur en humidité, dans les bains. On m’avait traité de cinglé, hurlant après moi qu’avec ça on risquait non seulement de pommer le messager (ce qui n’était pas une grande perte) mais également d’écrouler tout un pan de galeries. Foutaises. Au lieu de ça, la méthode dites de la lame de rasoir avait été privilégiée. Le résultat fut sanglant, sans panache et conduisit surtout à une langue à moitié sectionnée. Et ça se disait professionnels.
Avant de partir, je laissai un bref message à l’adresse de Mi-mains des fois que le Petit Loup se décide à me faire un coup foireux. Il était important que chaque action entraine une réaction. J’emportai avec moi une besace dans laquelle se trouvait une serviette, un peu d’herbe à mâcher, un flacon de feu liquide ainsi que mon Crach’Feu.
*** Puces de Koi, l’Entrepôt à Cigares.
Crépuscule. ***
J’entrai par l’Entrepôt à Cigares, un lieu bien connu pour être un nœud dans les cheminements des gangs. Officiellement, il s’agissait d’un espace de séchage pour toutes sorte de feuilles. L’odeur y était suffisamment forte pour décourager le citoyen lambda et permettait également de camoufler sans mal la trace des cargaisons moins légales qui transitaient par là. Pour des lieux comme celui-ci, le bruit courrait que les Transporteurs et les Pourvoyeurs, comités puissants dans la société kil’sinite, se partageaient la part du gâteau. La seule évocation de leur nom suffisait à éloigner les Vigilants qui ne se risqueraient pas officiellement à mettre leur grain de sel dans leurs affaires.
En arrivant, je réprimai d’un geste de la main la forte odeur imprégnée sur les murs. L’allée centrale était vide de toute marchandise. Seules les alcôves, dont certaines étaient fermées, abritaient des feuilles à sécher ou des biens plus originaux. Parmi ceux qui transféraient le contenu des palettes, certains levèrent la tête vers moi en m’adressant un regard mauvais. Voir débarquer un pareil animal dans leur business attirait forcément la suspicion. Les noms d’oiseaux se mirent à fuser.
…un sac à merde…
…v’nu s’faire détrousser…
…on peut lui carrer ses grelots…
…ouai, bien profond histoire de lui faire passer l’envie…
En les dépassant d’un pas assuré, je leur adressais un large sourire. Le genre qui veut dire "amusez-vous à ça si ça vous chante, mais ne venez pas chialer si vous en payez le prix par la suite". De l’autre côté de l’allée, de nouvelles voix s’élevèrent.
…attends, c’pas l’autre taré ?...
…c’lui là qui traîne avec le gosse de la Main ?...
…ouai, et même qu’m’a cousine l’a vu plusieurs fois chez le Klodas…
…ah…
…ouai…comme tu dis…
Sans encombre, j’atteignis l’entrée des souterrains. Même parmi les moins gâtés par la nature, l’instinct de survie opérait.
*** Dessous, aux Pieds Mousseux.
Crépuscule. ***
Après une vingtaine de minutes de marche au travers des larges galeries qui filaient dans les entrailles des Puces de Koi, j’arrivai à des chemins plus fins, signalant la fin des axes les plus fréquentés. Déjà, l’odeur des bains me parvenait, non sans m’embaumer déjà un peu l’esprit. Faut dire qu’en matière de champignons, le Docteur Mousseux avait toujours été encensé. La pierre était désormais moins argileuse, plus coupante. L’air devint plus humide.
Une première cavité faisait office de vestiaire. Un homme bien bâti était chargé de surveiller les biens des clients. Il était muet mais forçait la confiance. Je me déshabillai dans un simulacre de cabine, laissant une petite pièce au passage, histoire de ne pas retrouver mes fringues sur le marché noir le soir même, puis, serviette autour de la taille, pénétrait dans le bassin un peu plus loin.
Débarrassé de ma tenue colorée et de mon chapeau, j’avais tout l’air d’un homme en fin de jeunesse. Un corps sec, presque immaculé, des cheveux mi- longs grisonnants mal coiffés mais un regard toujours aussi pétillant de vivacité.
Je me retrouvai ainsi face aux quatre mâles masqués, un fin sourire aux lèvres.
Le Bal masqué fait des émules.
Je parcouru des regards les différents masques puis parti en quête de l’odeur du Petit loup. Il me suffisait de l’appeler pour le trouver. Je fermai un bref instant les yeux.
*Dassen Dorn*
La pensée résonna dans la cavité. Tout à coup, je rouvris les yeux vers la silhouette plus jeune parée du visage de démon rieur.
Vous. |
- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Merakih 14 Saptawarar 816 à 09h29 |
Du tac-au-tac Dassen pointe sur Elyas un doigt accusateur.
« Toi ! »
Un petit rire collectif monte du bassin.
Ils ont l'air d'être là depuis un moment...
Dassen penche sa tête sur le côté en dévisageant le nouveau venu. Sa posture est perplexe.
« Je ne pensais pas que tu ressemblerais à ça sans ton costume. »
Son regard dérive, son buste descend, il lève le nez comme s'il suivait une bulle portée par le vent. Puis il disparaît sous l'eau.
Éclairé par les champignons, le jeune homme se contorsionne au ralenti. Il écarte ses comparses, prépare une place à Elyas, au centre à ses côtés. Puis il émerge et s'adosse en retrait, contre la paroi du bassin.
Berreg : Comment vous appelez-vous, Monsieur ? Moi c'est Berreg, on est du comité de Dispute.
Le grand maigre aux grandes mains est un grand homme amical. Il regarde Elyas avec un enthousiasme innocent. On devine pourtant à ses tics et aux quelques marques sur son corps que l'innocence est une chose qu'il aurait plus d'une fois eu des raisons de perdre.
Berreg : Il paraît que vous aussi vos tours de magie sont... hors du commun. Vous pourriez peut-être nous faire une démonstration ?
Nyan démêle une forme imaginaire entre les poils flottants de son masque. En relevant les yeux vers Elyas, il grogne : Par pitié, nous faites pas le tour du coque-magique.
À nouveau ce rire commun. Tout aussi bref. Ils s'arrêtent en même temps et posent leurs regards sur l'Arlequin. Attentifs. Les trois masques respirent à l'unisson. Il y a soudain ce poids dans l'atmosphère, cette distance opaque entre les masques et l'intrus. Elyas pourrait prendre sa place auprès de Dassen, la place qui lui est laissée libre. Pourtant franchir cette distance sans donner la preuve attendue pourrait avoir des conséquences hasardeuses. Comment réagiront les adeptes de ce cirque aux actes du mutant qu'ils espèrent découvrir ?
Seul Dassen barbote tranquillement. Son masque émerge à peine de l'eau.
Pensée :« Tes futurs partenaires, Monsieur le clown. Tu dois les mettre en confiance.
Nous sommes entre Lanyshtas. »
Encore un rire, cette fois solitaire, à peine audible.
Un rire parfaitement lucide. |
alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Merakih 14 Saptawarar 816 à 12h07 |
Le Spectacle prêtait à sourire. Le Petit Loup avait le goût de la mise en scène.
Cependant, il peinait à produire un quelconque effet chez moi. Je n'avais pas besoin de masque, mon visage tout entier en était un. Imperturbable, distant, d'une froideur à vous givrer le sang. Mes yeux sautèrent d'un individu à l'autre. Il y avait des dérangés là dedans. Peut-être que Dassen leur avait promis un "monstre", un vrai de vrai qui crache du feu. Dans ce cas, ils seraient déçus.
Ou bien voulait-il faire l'étalage d'une quelconque position de force, illusoire bien évidemment. L'animal apeuré, isolé, qui se retrouvé obligé de montrer les crocs avant de se faire accepter.
C'était si mignon.
Après une poignée de secondes d'observation, je retournai mon attention vers le plus jeune des trois.
*Partenaires. Confiance. Lanyshtas.*
La pensée résonna dans la pièce telle une épée glaciale frappant la pierre.
J'enlevai ma serviette puis pénétrai dans l'eau, en face du trio.
Vous ne semblez pas mesurer le poids des mots chers messieurs.
Lentement, je penchai la tête sur le côté. Un sourire se dessina, révélant une partie de ma dentition quasi parfaite.
C'est un drôle de petit jeu que celui dans lequel vous vous aventurez. Un petit jeu dangereux, où vous pourriez y perdre des plumes.
Êtes-vous bien sûrs de ce que vous faites? Hmmm? Vraiment?
Je n'aimais pas laisser de traces de mon passage. S'ils en venaient à être persuadés de mes capacités, alors il faudrait les faire disparaître. D'une manière ou d'une autre.
*Notre dernier échange était pourtant clair : Faites vos preuves et nous discuterons ensuite. Alors, qu'en est-il?*
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Julung 15 Saptawarar 816 à 11h56 |
La réaction d'Elyas refroidit tout le monde.
L'homme obèse interroge Dassen du regard. Les deux autres remuent avec malaise, toujours aux aguets.
Pensée :Détends-toi, personne ne va te violer.
Nyan : C'est un timide ?
Berreg : Il ne serait pas là sans savoir ce qu'est le Démon. C'est forcément un sympathisant.
Dassen acquiese.
Nyan : Ou alors il lui faut peut-être un coup de pouce.
Il désigne son voisin et l'obèse au masque blanc.
Nyan : Eux deux c'est facile, ça se voit. Avant moi, j'avais souvent des flashs, je voyais des choses. Et puis le Démon il a des dons de guérison.
Berreg sourit : C'est vrai, il m'a plusieurs fois réparé mes doigts. Une lumière vient dans ses paumes...
Nyan : On sait exactement ce qu'on fait. Et il n'y a aucune raison pour que ça se passe mal.
Berreg : Pour nous ça se passait mal avant. Ce comité nous a apporté de la stabilité. Contrairement à tous ces petits gangs qui s'entre-déchirent pour avoir une plus grosse part du gâteau, nous on est les seuls dans le domaine. Pas de concurrence, et une utilité sociale, ça nous donne assez d'argument pour nous intégrer dans les Dessous comme un rouage naturel dont personne, quel que soit leur avis sur les mutants, ne peut contester la légitimité.
Si on était là-haut ce serait une autre histoire. Ce n'est pas avec leur chaos stagnant et leur intolérance qu'on irait se trouver une place. Mais la raison même des Dessous est d'être une terre d'asile. Il n'y a aucune raison pour qu'on y trouve pas notre place.
Nyan : Ça c'est dans ta tête. Pour l'instant on est juste un gang en puissance, des parasites qui commencent à prendre un peu trop de place. Nous ne sommes utiles qu'à nous-mêmes ! Pour devenir l'un des rouages du système, il faudrait qu'on profite à nos voisins. Actuellement on rassemble la crasse dans un coin, oui, mais qu'est-ce qu'on fait Passer ?
Berreg : Ça va venir ! Regarde toutes nos expériences, tous les progrès qu'on a faits ! C'est difficile de prévoir quand nos systèmes de développement interne seront…
Nyan : Mais on ne peut pas attendre ! Il nous faut dès maintenant justifier non pas notre droit à l'existence, mais notre capacité à produire quelque chose qui bénéficie à l'ensemble. On n'a pas assez de voyants pour jouer les guides spirituels et bâtir des églises !
Berreg roule des yeux et claque ses deux mains dans l'eau.
Berreg : C'est là où nous ne sommes jamais d'accord... Le marché des herbes n'est pas saturé. Si on pouvait créer les nouvelles variétés dont rêve Extra, il suffirait d'en contextualiser la vente par un service d'accompagnement spirituel. Tu préfères nous voir nous fritter avec les gangs ? On perdrait aussitôt notre identité, et avec elle notre légitimité.
Nyan : Eh bien allons-y ! Partons à la recherche du Mousseux tant qu'on y est ! On a déjà les mains sales. Tant que vous n'aurez pas trouvé la formule magique pour tous nous éveiller il faudra qu'on se trouve un style. Le plus simple c'est de se battre pour du terrain. Quelles autres alternatives est-ce que tu vois ? Oui, on pourrait se dénicher un poète, monter des spectacles. Mais à ce moment-là ça voudra dire quoi être un Lanyshta ? Un artiste de rue ? On espionne un peu pour le Président. Un ou deux coups de couteau pour régler ses affaires, et on se fait passer pour de doux rêveurs inoffensifs qui refusent d'être mis au rébus ? Non. On doit trouver un moyen d'imposer le respect.
Les deux disputaires s'emportent dans leur débat tandis que Dassen écrase du bout du pied des champignons. Les nuages de particules orangées glissent autour de ses jambes avant de se répandre dans l'air. Le gros Touty, silencieux, inspire profondément.
Pensée :Mes preuves, hein ? Tends l'oreille. Ouvre les yeux. Voici la première partie. Il y a plus d'un avantage pour les Lanysthas des Dessous à ce qu'un groupe comme celui-ci existe.
Dassen interrompt ses deux camarades.
« Quelle que soit la solution, le chemin à emprunter est inévitable. Nous les mutants, qu'ils se soient déjà montrés ou qu'ils nous menacent de loin . Nous partageons plus d'un ennemi. Certains viennent de notre propre camp. Des Lanyshtas fanatiques qu'il faudra affronter un jour ou l'autre. Eux et leurs sous-fifres. Et puis il y a d'autres créatures, d'autres mystères. Tous ces groupes qui ne menacent pas que nous, mais l'ensemble du système.
La première étape est donc pragmatique. Il nous faut des alliés. Se rassembler pour survivre.
Les Lanyshtas et leurs sympathisants sont divisés. Tous ne voudront pas de nos masques. Certains sont bien intégrés dans les comités. Ils ont leur cercle d'amis, leurs propres ressources, leurs idées et leurs objectifs. Dans certains cas ça peut être un avantage pour nous. Ces individus ont la position idéale pour influencer les groupes d'opinion de l'intérieur. Et faciliter les accords. Mais nous devons rester vigilants. Ces accords ne peuvent pas être faits sous n'importe quelles conditions. Nous devons viser une situation d'équilibre. De complémentarité. Sinon qu'est-ce qui empêchera ces groupes. Un jour. De devenir une menace pour nous ? »
Il fixe tranquillement Elyas. |
alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Julung 15 Saptawarar 816 à 14h31 |
J'inspirai profondément, tant pour laisser les spores me soulager l'esprit que pour signaler mon agacement face à cette comédie mal tournée.
Mon regard vacilla.
J'ouvris une nouvelle fois mes sens à la cavité, fouillant en quête d'une odeur qui ne soit ni la mienne, ni celle de Dassen. Mais rien. Ces gars là n'étaient que des charlatant. De simples krolannes. De vulgaires pions.
Je levai péniblement la main puis pointait un index vers les deux bavards.
Fermez.
Vos.
Gueules.
Le ton était cinglant. Teinté d'une exacerbation certaine. Je n'aimais pas traiter avec les sous-fifres lors que ce n'était pas nécessaire.
Mes yeux se posèrent sur le Démon masqué.
Quant à vous...ma voix devint plus mielleuse...Nous vous demandions de faire vos preuves, pas de nous noyer sous vos palabres.
Un discours réchauffé, voilà ce que vous nous servez. Si le lieu n'était pas ce qu'il est, nous aurions prit ça pour une insulte. Les spores vous sauvent.
J'émis un petit rire moqueur. Au loin, Pile et Face, mes deux têtes vertes hallucinées, firent leur apparition. ils barbotaient au centre du bain.
Mettons les choses au clair directement : ce dont vous nous parlez, nous le savons déjà. D'ailleurs, mieux que de le savoir, nous en faisons partie. Une protection. Une force de frappe. Un bassin où se développent les pensées et les pouvoirs. Non pas une seule et même organisation mais tout un tas de petites qui, inévitablement, en viendront à s'unir sous le flambeau de la survie. Un beau concept la survie hein?
Je soulevai les sourcil d'une mine interrogative.
Mais la survie de qui me direz-vous?
Des krolannes des Cités?
Des races humanoïdes?
Des Fidèles des Ists?
Des lanyshtas?
De tout les êtres peuplant Syfaria?
Je tapai dans mes mains, détendu.
Pour être honnête, nous cherchons nous même la réponse à cette question. Toutefois, il n'y aura pas d'équilibre qui tienne. La situation ne s'y prête pas.
Il y aura des pertes. Physiques et morales.
Certains êtres, vous et nous, évoluons. Syfaria fait de même. Tel est peut-être le dessein de la Voix des Cendres.
Machinalement, je cherchai à plonger ma main dans ma poche. Manque de pot j'étais nu. Il faudrait se passer de tabac pour le moment.
Mon regard transperça Dassen. Il n'y avait pas de jugement. Il cherchait des soutiens. Le voilà qui tentait donc maladroitement de se vendre.
C'était louable.
D'autres préféraient rester dans l'attente. Observer comme ils le disaient si bien. Mais observer quoi? Le soleil se lever et se coucher? Les gouttes de pluie ruisseler sur les vitres encrassées d'une taverne des Estaminets?
Cessez donc de tourner autour du pot.
Vous disposez d'information qui nous intéressent. Sur la Grognasse et sur votre petite escapade chez les clébards. De votre côté, que voulez-vous?
Des informations? Des contacts? Une bénédiction? Ou juste une bonne turlutte sous la flotte?
Bien que pour cette dernière, il ne fallait pas y compter.
Le manque d’hygiène de l'endroit couperait l'envie à n'importe quel bouillant du slibard.
Quoique... Certains oseraient peut-être.
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Luang 19 Saptawarar 816 à 21h59 |
Dassen renvoie à Elyas un regard glacé.
« Tu crois en une alliance au jour le jour ? Des infos au compte-goutte et le risque d'être trahi au premier coup de tête ?
Les enjeux à long terme sont trop importants. On forge un accord solide qui renforce nos deux parties. Ou je devrais la jouer sans toi. Et si tu veux qu'on la joue ensemble il y a plus d'un point à clarifier.
On parle ici de ma survie. De la tienne. Ou de tous les Lanyshtas des Dessous qui voudraient nous rejoindre. On ne pourra viser plus large, si ça en vaut la peine, qu'une fois ce prérequis atteint.
Lorsque les Dessous sont attaqués. Ils agissent comme un seul corps redoutable. Unis par la menace commune, autant que par un mode de vie qui par ailleurs les divisent. Mais ce corps encore trop faible, trop dispersé. Seulement capable de réagir. Je crois que nous les Lanyshtas. Nous devons former l'une des principales sphères d'influence pour préparer les Dessous à se rassembler et à combattre.
Il y aura évidemment des pertes. L'idée n'est pas de les éviter mais de les répartir. J'ai déjà été dans des groupes. Des groupes composites comme on en trouve souvent dans le coin. Des histoires compliquées, des intérêts tout aussi variés. Face à un tas de Fucus en colère il y a deux genres de cas. Ceux qui se débandent et ceux qui la gardent raide. La différence ? Les premiers ne connaissent pas leurs voisins. Les seconds savent quoi en tirer.
Si je sais ce que tu veux et ce que tu peux je saurais compter sur toi. Sinon j'éviterais le danger en attendant une meilleure opportunité. Sois fiable et je le serais. Un coup dans le dos ? On coupe les ponts. »
Pensée :Premier niveau de l'accord.
« Maintenant voici ce que je veux. Je veux que tu soutiennes notre comité.
- Nous voulons une association basée sur le commerce des plantes et stupéfiants. Nous avons besoin d'autres revendeurs. Et d'alchimistes pour le labo. Les intérêts des groupes impliqués seront gérés en pourcentages dans le bénéfice des recettes.
- Nous souhaitons aussi que notre groupe soit utilisé comme passerelle pour vendre des produits Lanyshtas au peuple des Dessous.
- Cette association doit être armée, basée sur la protection mutuelle.
- Et elle doit être officialisée. L'info doit circuler, être accessible. Les Dessous doivent être mis au courant. »
Dassen se tourne vers ses confrères.
« Une fois cet accord négocié nous devrons régler une affaire qui ne concerne pas les Disputaires. »
Ils semblent perplexes.
« Pour vous il n'y aura pas de répercussions. Vous pourrez partir. C'est entre lui et moi. »
Nyan : On va te faire confiance… De toute façon j'ai aucune envie de perdre plus de temps avec ce gringalet prétentieux. Il est en train de me renouer des muscles. T'imagines même pas où. |
alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Luang 19 Saptawarar 816 à 22h37 |
J'éclatai de rire.
C'est qu'il avait prit du poil de la bête le Petit Loup. Il n'avait plus la stature du clébard battu à qui l'on peinait de trouver des traits humanoïdes. Tant mieux. Au moins étions nous d'accord sur le fait que Syfaria aurait besoin, à un moment donné, d'êtres de cette trempe.
Qui vous dit que ce que nous avons entreprit jusqu'ici n'est que provisoire? Que savez-vous exactement de nos investissements? Mieux, avez-vous une petite idée de nos aspirations?
Pause.
La réponse est non.
Non, vous n'avez pas la moindre idée de ce qui s'est véritablement fait jusqu'alors. Pensiez-vous réellement que nous allions rentrer dans cette grande Comédie sans envisager l'avenir à long terme? Devons-nous vous rappeler face à qui nous jouons?
Des lanyshtas des premières et secondes vagues dont les positions sont aussi variées que floues.
Une Voix des Cendres qui se fait désormais bien muette.
Des putains de bestioles bio-mécaniques dont le seul objectif semble de vouloir éradiquer la population des Cités
Des krolannes, certains plus cons que d'autres, qui prétendent ne pas avoir entendu parler de toutes ces histoires de guerre imminentes.
Le plus drôle dans tout ça, c'est que nous en oublions probablement dans le tas.
Je levai les bras en secouant la tête d'un air exaspéré.
J'en avais beaucoup dit, surtout pour les deux gus qui servaient de faire-valoir au Petit loup. Néanmoins, je doutais fortement qu'ils s'essaient à répandre des histoires. Ce n'était vraisemblablement pas le style de la maison.
Vous estimez les Dessous de votre point de vue de jeune homme ayant passé sa vie au service de tel ou tel groupe sans ne jamais gravir les échelons. Que savez-vous des relations qu'entretiennent les grandes pontes avec les autres Kils? De leurs contacts auprès des groupes de krynanns nomades ou des Portes? Et probablement bien d'autres choses que nous ignorons nous même.
Votre vision se limite au Kil'sin et cela vous dessert. Syfaria est un monde vaste dont les acteurs ne sont pas toujours clairement identifiés. Vous souhaitez mener une guerre dont le départ serait les Dessous alors que vous, comme nous, ne voyons que la partie non immergée de l'iceberg.
Mon ton se fit moins sec.
Ceci étant dit, votre petit Comité est pétri de bonnes intentions.
Si-si-si.
De fait, nous pourrions vous donner un petit coup de pouce. Par exemple, vous conseiller à quelqu'un qui lui aurait la capacité de vous fournir ce que vous désirez, à savoir un prêt, du personnel, des armes et une pointe de crédibilité.
Néanmoins, cela ne suffira pas à conclure un accord entre nous.
L'Artificier n'est pas connu pour avoir beaucoup de partenaires. Nous tenons à une certaine indépendance.
Coup d’œil vers les deux autres protagonistes.
De nous deux, vous seriez surpris de savoir qui a la prétention la moins bien placée cher monsieur.
Rictus.
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Matal 20 Saptawarar 816 à 22h57 |
Pensée :T'es bien bavard, toi.
Nyan au masque barbu bondit sur ses pieds en fauchant une rangée de champignons.
Nyan : Ma prétention ?!
Ses poings sont serrés. Il se sent insulté, c'est évident. Mais il ne semble pas trouver les mots. Peut-être même n'a t-il pas compris de quoi parle le clown.
Nyan : Portier, de quoi est-ce qu'il parle ? Une voix de cendre ? Des vagues de Lanyshtas ?
Dassen lui touche le poignet, comme pour l'inviter à se rasseoir.
Dassen : Des rumeurs parmi d'autres. Je ne m'en occupe pas.
Berreg : Pour lui ça semble bien plus que des rumeurs. Tu ne nous aurais quand même pas caché ces choses ?
La voix du masque bleu serait tendue s'il était ailleurs. Dassen grogne. Remue. Il répond assez sèchement.
Dassen : Je n'y accordais aucune importance jusqu'ici. Nous en parlerons à la prochaine réunion.
Le masque barbu se laisse tomber dans l'eau.
Nyan : En tout cas il commence à se révéler ''L'artificier''. Des projets à long terme avec quelques copains ! Un réseau !
Berreg : Un allié dangereux.
Nyan : Ouais, du genre qui tire les ficelles. Le Président est plus fiable.
Dassen : Des contacts de plus ne seraient pas de trop. Je vous entends, le danger est à calculer. Mais aujourd'hui nous en avons besoin. Nous devons conclure ce marché. Mes informations contre un coup de pouce de son réseau. Après ça on saura ce qu'il vaut.
Les autres acquiescent. Dassen se tourne vers Elyas.
Dassen : Tu connais quelqu'un. Mais quelqu'un, ça ne suffit pas.
Berreg : Pour nous ce serait un contre-sens. Nous voulons tisser un réseau, pas dépendre d'un tiers.
Dassen : Je parie que tu peux faire plus que ça. Trouve-nous au moins trois comités différents et convaincs-les d'accepter les parties de notre contrat qui sont les plus pertinentes pour eux. Plus ils seront nombreux sur la même ligne et mieux ce sera pour nous.
L'accord de longue durée...
Pensée :Le sujet viendra après.
Dassen : Je pense que nous sommes trop différents pour y penser dès maintenant. Actuellement il n'a aucune raison d'être. Nous sommes déjà tous les deux gagnants dans ce simple marché. Restons-en là.
Cette dernière réplique soulage le trio de faux Lanyshtas. Ils s'agitent comme pour se préparer à sortir du bain.
Pensée :J'ai plus que les clébards, j'ai de l'inédit que personne ne détient. Et j'ai quelques trucs à te proposer au long terme. On devrait pouvoir s'entendre. |
alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Matal 20 Saptawarar 816 à 23h28 |
Devant la réaction du Masque Barbu, je restais stoïque, toujours avec ce même sourire de marbre plaqué sur les lèvres.
*Il nous fallait bien savoir jusqu'à quel degrés vous preniez ces deux là au sérieux.*
Désormais, j'avais ma réponse.
Ils n'étaient que des pantins. Visiblement, Dassen Dorn jouait également une partie de son côté. J'ignorais qui était ce Président. Un rival? Un mentor? Peut-être un peu des deux. Cela ne me regardait pas vraiment.
Lorsqu'ils eurent fini leurs échanges, le face à face reprit.
Trois comités vous dites? Rien que ça?
Eh bien eh bien, vous avez de l’appétit Petit Loup.
J'inspirai profondément.
Nous pourrions effectivement vous mettre en contact avec un herboriste, l'un des meilleurs de notre point de vue.
Nous pourrions également vous permettre de répandre votre propagande, dans les rues du Haut et ses tavernes.
Nous pourrions enfin vous aider à vous armer, à vous protéger.
Cependant... Claquement de langue. Nous ne le ferons pas. Ou pas maintenant du moins.
Je décrochai un champignon des parois rocheuses.
Ce serait comme cueillir une fleur alors qu'elle n'est qu'un petit bourgeon. Impensable. Précipité.
Vous devrez vous contenter de notre première offre, à savoir la mise en relation avec l'un de nos rares...Partenaire.
*Nous sommes toute ouïe.*
C'est à prendre ou à laisser.
Vous disiez envisager le long terme, prouvez le.
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Vayang 23 Saptawarar 816 à 12h18 |
Pensée :Il est trop tôt pour leur en parler.
Au moins le tuyau de départ ne vient pas de moi. Ce sera plus simple à gérer.
Dassen : Ce n'est pas ce que tu crois. Impliquer un comité ne veut pas dire qu'il engage toutes ses ressources. On veut des accroches. Assez légères pour ne pas être vu comme une menace sortie de nul part. Assez solides pour être pris au sérieux.
Tu m'offres le minimum ? D'accord. Je prends. Mes infos seront proportionnelles à ton offre.
Berreg : Dans ce cas il est temps d'y aller. Bon courage Démon. À bientôt Monsieur l'artificer.
Les trois ''Lanyshtas'' nagent vers la sortie du bassin. Mais l'homme obèse s'arrête devant Elyas. Il s'incline vers lui, lent, immense. Monstrueux. Sa voix est douce et nasillarde.
Touty : Vous faites rire les enfants, Monsieur.
Les deux autres jettent vers lui un regard amusé.
Son masque. Son ton plat. Impossible de deviner ses émotions.
L'eau du bassin monte d'un cran. Le trio récupère ses serviettes.
« Tu vas enfin avoir ta dose. »
Dassen et Elyas se toisent, à l'opposé l'un de l'autre.
Puis le jeune homme se redresse et tourne le dos à Elyas. Il passe une main derrière sa tête, détache une sangle de cuir. Il enlève délicatement son masque. Avec respect. Dassen le pose sur le rebord du bassin. Alors il se réinstalle dans l'eau, montrant pour la deuxième fois son visage au clown.
« Tu sais que ça gratte là-dessous ?
Bref.
Tu sais déjà qu'on a voyagé dans le temps à travers la faille. Ça a marché. On est revenus.
Là-bas, les cités sont en ruines. Les Thirdoks ont gagné. Tout le monde est mort. » |
alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Luang 26 Saptawarar 816 à 18h54 |
Les trois pantins disparurent bientôt dans la pénombre des cavités rocheuses. Nous étions enfin entre lanyshtas. Le jeune homme avait ôté son masque, conscient de l’inutilité d’un tel artifice. Il avait toujours ce même regard, peut-être un poil moins alerté et pétillant. Sa truffe était-elle humide ? Il faudrait vérifier.
Sans me débarrasser de ce sourire ô combien agaçant pour quiconque s’y retrouvait confronté, j’accordais toute l’attention requise face à la dernière déclaration de Dassen.
Des ruines, un gagnant et des morts.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que le gamin avait l’esprit de synthèse.
Conséquence de cette absence de détails, mon esprit sautillait désormais à toute vitesse d’hypothèses en hypothèses. Le jeu était peut-être plus simple qu’il n’y paraissait après tout. Un méchant, une grosse guerre et hop, l’avenir des krolanne était scellé. A ce compte-là, autant jouer ça au cours d’une bonne vieille partie de dés. Mes yeux roulèrent vers l’arche de pierre naturelle. Les deux hallucinations vertes se tenaient désormais aux places laissées vacantes par les vaillants camarades du jeune lanyshta.
Manipuler le Temps...
Les Choses gagnent… Ah oui? Vraiment? Peut-être dans cet avenir-là. Mais qu’en est-il des autres? Après tout, vous avez voyagé entre les époques, percés les dimensions. Le Temps n'est sûrement pas aussi linéaire que l'on voudrait nous le fait croire, non?
Ma voix plana quelques secondes dans l’air, résonna contre les murs de calcaire.
C’est un jeu bien complexe que celui-ci. Ni règles ni limites. Ajoutez à cela des acteurs encore mystérieux, certains peut-être encore non déclarés. Peut-être avez-vous vu des choses. Peut-être était-ce une défaite. Ou peut-être pas.
En fait, tout était une question de point de vue.
Les Cités étaient peut-être néfastes, au même titre que les krolannes. Prendre parti dans l’état actuel des choses paraissait quelque peu…précipité.
Ceci étant, dites-nous-en plus. Cette version a un certain charme.
Une information, qu’elle soit vérifiée ou non, avait vocation à fructifier. Il s’agissait d’un investissement. En la divisant énormément, vous pouviez augmenter vos chances d’augmenter votre mise. Néanmoins, vous perdiez en plus-value unitaire. Le tout était de trouver le bon équilibre.
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Dhiwara 2 Otalir 816 à 15h39 |
« Nous sommes arrivés au camp des Dath'ogueux. Attaqués par les Thirdoks. L'un des poilus était câblé et mutilé. La machine tirait une énergie de son corps.
Il était encore en état de parler. Certaines de ces informations viennent de son témoignage.
Les Thirdoks se sont adaptés à nos capacités. Devenus beaucoup plus dangereux. Ils ont trahis la Seconde vague. Et ont réussi à contrôler une arme extrêmement puissante.
Une par une les cités sont tombées. Les Krolannes et les Lanyshtas. Tout ce qui s'est opposé à eux a été tué ou transformé en un générateur d'énergie. »
Il tend son esprit vers Elyas. Brutal et radin, quelques images traversent. Le Dath'ogal torturé, la silhouette du Thirdok. Une simple silhouette aux formes volontairement brouillées. Puis… une jeune femme aux cheveux roux.
« Carmïnn.
Elle est morte dans la faille. Ou du moins. Elle y a disparue. Nous permettant de fuir l'armée de Thirdoks qui nous aurait massacrés. »
Dassen se tait un instant. Pensif, il dévisage patiemment l'Arlequin. Sa posture en léger retrait donne à penser qu'il ne dira pas grand-chose de plus sans une contre-partie renforcée.
Pourtant, il interroge.
« Nous avons peut-être une longueur d'avance. Car peut-être que nous avions aussi vu ce futur dans l'autre monde.
Qu'est-ce que tu as senti en nous cherchant dans la faille ? Sauras-tu reconnaître à nouveau cette sensation ? Trouver d'autres failles ? Si on pouvait y retourner, partir plus loin ou revenir avant. Nous pourrions trouver les bonnes gueules à casser !
Mais les bonnes gueules…
Qui est l'ennemi après tout ? Les Thirdoks et les Lanyshtas ont plus d'un point commun.
Notre plus grande faiblesse pour l'instant, c'est notre ignorance ! Alors que vas-tu faire de ces idées, de ces images ? Quel est ton plan pour survivre, le clown ? Jusqu'où peux-tu aller ? »
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alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Dhiwara 2 Otalir 816 à 17h05 |
Intéressant.
Ces Thirdoks, car c'est ainsi qu'on les appelait à présent, avaient choisi de trahir la Seconde vague. Pour qu'il y ait trahison, il y avait eut alliance. Information confirmée. Des taupes potentielles à débusquer. Une première piste.
Les Bio-mécaniques s'étaient finalement adaptés comme ils semblaient déjà le faire de manière autonome. Était-ce là une de leur faille? Avaient-ils l’intelligence de choisir leur degré d'adaptation?
L'absurde, encore et toujours, une réponse efficace dans les situations les plus nauséabondes.
Enfin, la Grognasse était morte.
J'aurais préféré voir son âme, ou quelque chose du genre, disparaître pour m'en assurer mais malheureusement, il me fallait me contenter du témoignage du jeune lanyshta. Elle s'était sacrifiée pour sauver le reste de l'expédition. Bizarrement, je ne parvenais pas à voir quoique ce soit d'héroïque là dedans. Non. ce n'était qu'une manipulation de plus. Un investissement destiné à prouver que le camp auquel elle appartenait était le bon.
Mon cul.
J'inspirai profondément.
Voilà qu'enfin, vous vous décidez à poser les bonnes questions. c'est souvent ça le problème. Vous pensez trouver de bonnes solutions sans vous rendre compte que les interrogations ayant menés à ces réponses étaient foireuses dés le départ.
Puis parfois, on n'arrivait pas à trouver la réponse tout court.
Vous retrouver dans la faille semblait impossible. Comme si une sorte de vortex éblouissant nous empêchait de voir plus loin dans une direction donnée. Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que nous y avons été confronté...d'une certaines manières. Nos tentatives pour localiser Klem s'étaient achevées de la même manière. Une vision bloquée.
De là à imaginer que nous pourrions trouver d'autres failles par ce biais, franchement, nous en doutons. Ce n'est pas comme voir un gros point rouge sur une carte signalant une anomalie.
Imaginez vous courir gaiement et nu dans la forêt. Le soleil brille, les oiseaux chantent. Vous suivez le chant mélodieux d'une pucelle dont vous aimeriez bien faire votre quatre heure. Vous le suivez et pensez vous en approcher quand soudain...Boom ! Vous vous encastrez droit dans un mur, sonné. Le chant est toujours là mais impossible de savoir où exactement. Il n'y a que ce mur.
Ces révélations me confirmaient dans mes projets.
Il fallait nous tourner vers d'autres acteurs, plus en retrait, presque oubliés. Des survivants.
L'ennemi n'est effectivement peut-être pas celui que nous pensons. Tout pousse la troisième vague à combattre ces Thirdoks. Pourtant... Mhhh... Nous n'aimons pas ça.
Et c'est pourquoi nous avons nos idées pour survivre. Un plan bien à nous. L'Extérieur, les Portes, l'inconnu. Nous ignorons beaucoup de ce qui se passe au delà des murs étouffants de la Cité. Nous en avons déjà eu un aperçu. Des Frobekhs, des Appelés et probablement bien d'autres choses encore.
C'est là que nous irons. Et peut-être plus loin encore.
L'image d'une Porte en ruine, Nid de Frobekhs en feu, s'offrait à l'esprit de Dassen. S'en suivit une nouvelle Porte, massive, entourée de palissades. Il y avait des gens. Une énergie. Un espoir?
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Luang 3 Otalir 816 à 23h12 |
Les souvenirs d'Elyas s'accrochent à son esprit. Les yeux de Dassen s'élargissent.
« Hors des murs.
Les portes. Les Krynnäns. C'est donc là que vous êtes allés. »
Des pensées contradictoires altèrent le regard du jeune homme.
« Syfaria est une terre à conquérir. Mais fuir les Cités c'est nous priver de ses secrets. Et de terrains qui dans une bataille, nous donneraient l'avantage. Tu connais autant que moi le potentiel des Dessous. Engager toutes nos ressources dans des expéditions. Ce serait grotesque ! Il faut y envoyer des Lanyshtas. Par exemple, de puissants guerriers comme moi. Et en laisser d'autres ici pour mener l'enquête et renforcer nos défenses.
À quoi bon se rassembler si c'est pour se limiter à un seul front ?
Ça fait longtemps que j'y pense sans arriver à me décider si les Lanyshtas le méritent : mais il n'y a qu'une stratégie d'ensemble qui nous permettra d'agir. Nous devons former un groupe en secret. Un comité.
''Nous''. Ça ne peut pas être n'importe qui. Je ne crois pas en notre ''communauté'' de Lanyshtas. Nous sommes aussi divisés que le sont les peuples auxquels ont appartient. Alors le seul moyen de se rassembler c'est justement de rester entre mutants de ces peuples.
Les Dessous du Kil'sin ont une culture et des valeurs à part entière. Je crois que nous devons former un groupe issu des Dessous. Pour contrôler les Dessous.
Chercher à les soumettre n'a aucun sens. On ne garde pas longtemps en main le chaos du Kil'sin. Le moyen le plus efficace de les contrôler c'est par la manipulation. La croyance pour ses habitants qu'ils décident par eux-mêmes ce que nous leur avons soufflé à l'oreille. Nous devons être les araignées qui tissent une toile subtile qui englobe nos souterrains. Étendre notre influence ou celle de nos groupes. Glisser des rumeurs. Trouver les bons points de pression. Et le moment venu il n'y aura qu'à tirer quelques fils pour déclencher une réaction organique. Un effet boule de neige qui deviendra l'avalanche que nous n'aurions pas pu produire par la force.
En nous rassemblant sous la forme d'un comité. Nous pourrons coordonner nos plans. Et en créer de plus ambitieux. Cette nouvelle entité aura plus de poids dans toutes les futures décisions des autres Lanyshtas. Nous pourrons faire pression sur les groupes et les individus. Éloigner les menaces. Ou nous en débarrasser. »
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alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Matal 4 Otalir 816 à 11h24 |
Son argumentaire, quoique peu travaillé, commençait à se mettre en place. A moins qu'il ne soit changeant.
Mouai.
Quoiqu'il en soit, l'idée de pousser deux pistes parallèles n'étant pas dénuée de bon sens. Evidemment, car c'était celle que je vantais depuis ce fichu passage au Fortin. Comme quoi les graines des années passés avaient belles et bien germées. J'approuvais ainsi silencieusement aux propos du jeune homme.
Pile et Face paraissaient tout aussi curieux que moi. Seulement, il y eut un grain de sable dans le discours proposé par le Petit Loup, un sacré gros grain.
Manipuler les Dessous? Ah ! Un noble objectif.
J'éclatai alors d'un rire franc avant de parvenir à reprendre mes moyens..
Vous êtes jeune. Ambitieux... C’est bien.
D’autres ont essayé avant vous. Peut-être n’étaient-ils pas Eveillés, certes. Ceci étant, ils étaient bien entourés. Nous ne parlons pas d'un grande armée équipé de lances magiques, mais de petits malins bien renseignés et dont le réseau était autrement plus important que le votre et le nôtre combinés.
Au final, après de rudes batailles, ils ont atteint l'un des sommets. Ils y ont laissé des plumes. Le prix à payer est énorme. Mais ils y sont arrivés. Une fois là-haut, ils ont alors pu se rendre compte que tout ceci était peut-être futile.
Pause. Le rôle des Chefs était bien trop ingrat.
Je décrochai un champignon ancré dans la roche. Curieux.
Ces choses-là ne durent jamais longtemps. Les Dessous sont changeants. Ils forment un équilibre délicat, sans cesse réajusté pour s’adapter à la situation qui les arrange.
Vous souhaitez les utiliser pour faire pression, pour peser sur la balance. Oui… Pourquoi pas. A supposer que ceux-là même qui se taillent la part du gâteau ne soient pas déjà parti prit dans le grand Spectacle.
C'était là l'une des raisons principales qui m'avait poussé à toujours tendre vers mon indépendance. Travailler pour soi même était autrement plus simple. Vous n'aviez qu'à endurer votre propre ambition ce qui, me concernant, était déjà un sacré fardeau.
Si vous désiriez, un jour, faire fi de toutes les conventions et faire sauter la cargaison du voisin, vous pouviez. Vous n'étiez pas poings et mains liés par de quelconques accords passés des mois auparavant.
Vous étiez la dose d'incertitude dans un monde en apparence chaotique mais qui était réglé, trop bien réglé.
Vous nous rappelez certaines personnes, dis-je d'un ton presque nostalgique. Sachez qu’ils n’ont jamais, à deux ou trois exceptions faites, bien terminés.
L'illusion du pouvoir monte à la tête de n'importe quel flan ou nabot, c'est bien connu.
Ma voix résonna alors comme le son du glas.
Ce Temps est désormais passé pour nous.
La Cité est un modèle désuet. Et quoique vous en pensiez, les Dessous font partie intégrante de ce système terriblement bien huilé.
Il y avait une forme de fatalisme dans mes propos. Mais sans cynisme. La Cité m’avait toujours amusé. Toutefois, je ne m’étais jamais senti intégré en son sein. J'étais trop atypique, trop à part, trop chaotique. Ça n’avait jamais été ma place.
J'approchai le champignon de mon nez et reniflai timidement son odeur. Immédiatement, je sentis mon corps s'alléger. Quel effet !
La descente fut aussi rapide que la montée. Dommage.
Vous vous prétendez puissant. Ah… Peut-être.
Mais qu’est-ce que la puissance? Est-ce le fait de pouvoir trancher un corps mortel en deux d’un coup de sabre? De disposer d’informations vous assurant l’assujettissement de la populace? Ou bien autre chose...?
Autre chose que nous ignorons encore…
Une main fut passée dans mes cheveux, la mienne. Whaou.
Je jetai le champignon au milieu du bassin dans un *ploc* discret.
Il y a quelques mois pour vous, bientôt des années pour nous, nous ignorions tout de ce qu’était être lanyshta. La simple idée de pouvoir manipuler le Réel et s’exporter dans une confluence d’Esprits nous paraissait invraisemblable. Inatteignable.
Puis, ce monde nouveau s'est ouvert à nous. Nous nous sommes Éveillés. Nos capacités d'apprentissage ce sont accrues, nos corps ce sont renforcés, nous avons développé des talents que certains qualifient de magiques, nous avons appris à maîtriser le partage sensoriel... Jusqu'où ira notre développement?
Ma main s'illumina d'une pâle lueur qui se réverbéra faiblement sur les parois calcaires. Le champignon qui flottait à la surface s'enfonça de quelques centimètres dans l'eau sous l'effet de ma pression avant de remonter.
Pensez-vous réellement que les Cités soient un terreau suffisamment fertile pour atteindre notre plein potentiel? Regardez la Grognasse et l’égaré Klem, que nous ont-ils véritablement appris sur nos pouvoirs que nous ne savions pas déjà? Des broutilles.
Ils ont dédaignés vouloir jouer franc jeu avec nous. Et c'est auprès d'eux que vous souhaitez mener vos investigations? Auprès de menteurs trop attachés à leurs petits secrets pour nous les dévoiler?
Je secouai la tête pour illustrer mon désaccord.
Ces deux là méritaient de se retrouver dans la situation qui était la leur. Sous couvert de vouloir s'assurer de notre docilité, ils avaient tenté de nous domestiquer en nous agitant la carotte du Savoir au bout du nez.
Cependant, quelque chose dans les paroles du jeune lanyshta m'interpellait. Pourquoi tout à coup, celui qui avant son départ auprès de Carmïnn était prêt à la capturer pour lui tirer les vers du nez se retrouvait maintenant à jouer son jeu? Où était passé celui qui évoquait dans les Entrelacs l'idée audacieuse de se ranger pour un temps auprès de la Faction Ombre? D'apprendre de ces lanyshtas de la seconde vague éloignés des Cités. Carmïnn était-elle allée jusqu'à manipuler l'esprit d'un autre Éveillé? Était-ce possible?
Ceci étant dit, vous semblez persister à nous cacher des choses, d’autres choses autrement plus intéressantes à nos yeux. Avons-nous tord?
Allons-allons, c’est de bonne guerre.
Guerre?
Encore une. Décidément, c'était peut-être dans notre nature.
Néanmoins, posez-vous encore la question puisque c’est vous qui nous avez fait venir ici : et si nous avions plus d’un intérêt en commun?
Vous désirez bénéficier de nos relations pour former un groupe de lanyshtas et de non-lanyshtas des Dessous suffisamment important pour…boaf…qu’importe la raison.
Nous désirons apprendre de l’Extérieur, des Portes, de leurs Appelés, des Ists, des Fuscuciens, des Dath’oghals et... Êtes-vous déjà passé par le Fortin d’Akurâ ? Un sacré souvenir…nous en gardons une rancune très personnelle.
La vengeance était un plat qui se mange froid.
Cette saloperie de piaf s'en rendrait compte tôt ou tard.
Sachant cela, pensez-vous que nos objectifs puissent se compléter?
Accepteriez-vous ainsi de partager votre Savoir passé, présent et futur contre une aide non-négligeable pour vous assurer la mise en contact avec des groupes potentiellement intéressés par vos projets?
Certains diraient que ce pacte ressemblait étrangement à un accord avec le Diable.
Oui, peut-être.
Cependant, si le Petit Loup était si motivé qu'il le prétendait, il allait devoir faire des sacrifices. Et ça ne faisait que commencer.
Ce n'était pas si je ne l'avais pas prévenu.
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Matal 11 Otalir 816 à 00h19 |
Dassen Dorn avale de travers. Une lueur de dédain passe dans ses yeux.
Il n'a effectivement jamais supporté le fatalisme.
« Tes deux ou trois cas de réussite sociale sont hors sujet. Nous sommes des Lanyshtas. Nous sommes les exceptions. Et nous sommes en plein essor de nos facultés. Chaque mutant a le potentiel pour manipuler la matière... autant que les esprits.
Tu le sais déjà, je parie ?
Alors oui. Je ne me sens libre qu'en dehors de cette fichue prison ! Je voudrais déchaîner mes pouvoirs et explorer ma nature, puis partir à la conquête de Syfaria ! Mais les Lanyshtas ont le cul entre deux chaises. L'infiltration des cités est l'une des voies possibles de notre évolution.
Pire que ça. C'est un atout stratégique :
On ne connaît pas grand-chose de nos propres cités : les savoirs oubliés de l'outre-science ; ce qui se cache derrière les conneries de Scylla ; les secrets des Dessous, encore inexplorés ; les planques des Thirdoks, et d'autres choses, encore. Mais pourquoi laisserais-je ces découvertes à nos ennemis ou à nos rivaux de la troisième vague ?
Ensuite, que les vieux mutants nous manipulent ! C'est pour eux une arme à double-tranchant. Ils ont besoin de nous. Ce qui les amène à nous révéler des choses comme l'existence de ces failles dans le temps. Tu voulais laisser ça seulement à Jade et à ses sous-fifres ? Puis il vaut mieux observer de près les premières vagues. Savoir ce qu'ils veulent. Ce qu'ils savent de nous. Ce seront autant de possibilités d'interférer dans leurs plans. »
Dassen attrape le champignon jeté par Elyas. Il le presse mécaniquement, y enfonce ses doigts et lézarde sa chair.
« Tu parles des Dessous au passé. Comme d'un système figé. Pour moi c'est au contraire, plus que le reste du Kil'sin et plus que n'importe quelle autre cité, un organisme forgé pour s'adapter et survivre. Je vois le futur des Dessous. Je vois la crise que provoquera la guerre. C'est dans ces moments que des opportunités étonnantes apparaissent. Les petites voix peuvent soudain faire beaucoup de bruit. Et sous-terre les esprits sont prêts. Sans confort ni attachements bornés, l'instinct de survie prime sur les valeurs ou sur l'ordre établi. »
Il attrape une petite pierre sur le rebord du bassin. Il la glisse entre les déchirures du champignon pour l'enfoncer jusqu’en son coeur.
« Une autre différence avec tes vieux copains de comptoir.
La force d'un seul qui n'a comme ambition que de s'enrichir est limitée. Mais un groupe formé autour d'un objectif précis qui le transcende peut répandre son idéal dans la population.
Il ne faut pas rentrer dans les luttes de pouvoir. Il faut propager des idées. Des croyances. Des peurs.
Puis nos solutions. »
À son tour une vague lueur traverse ses doigts. La chair blanche du champignon se boursoufle et se referme. Puis, indolent, Dassen balance son jouet dans le bassin où il se met lentement à couler.
« Je te l'ai dit tout à l'heure. Bien sûr que je te cache des choses. Par exemple. Je sais exactement quelle arme les Thirdoks ont utilisé pour détruire les cités. »
Clin d'oeil.
« Mais soyons clair.
Oui. Nos objectifs se complètent. Après cette rencontre j'espère rencontrer tes partenaires. Des Lanyshtas. Si j'arrive à les supporter on pourra commencer à fixer les règles de cette alliance.
Pourtant j'ai besoin d'un gage. Je ne bougerai pas avant que notre premier accord se concrétise. Qui est ton premier contact ? Pour le Comité de Dispute c'est un début acceptable mais peu satisfaisant. N'oublions pas : le temps est précieux. Je ne m'engagerai pas à vous donner les infos que j'ai déjà. Si tu veux en voir la couleur avance plus d'un contact. Je m'intéresse à la multiplicité, pas à la puissance. »
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alias Djet Tamère |
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Elyas
Passeurs de temps, Arlequin
Kil'sin
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Le Matal 11 Otalir 816 à 11h18 |
Un rire saccadé résonna dans la cavité rocheuse.
Ah...la jeunesse.
Votre optimisme est tout à votre honneur Petit Loup.
Mais faites attention. Oh oui-oui-oui... Vous ne semblez pas encore mesurer les nombreuses et dangereuses implications de vos mots.
Quand à nos vieux copains, comme vous dites...
Mon regard se perdit dans les vers luisants qui émergeaient des parois.
Il n'y avait pas de tristesse ni de nostalgie. Juste le souvenir d'un sacré divertissement. Sadique.
...N'imaginez pas qu'ils soient parvenus à trouver des soutiens avec le seul appât du gain. Outre votre Eveil, vous n'avez rien d'exceptionnel cher petit. Pour l'heure, vous ne disposez de rien de plus qu'eux mise à part quelques capacités pouvant accélérer le processus. Mais c'est tout.
Vous êtes au pied d'un escalier qu'il vous faut gravir et espérez, une fois la dernière marche franchie, pouvoir changer le Kil'sin depuis ses entrailles. Vous oubliez alors le plus dur : résister. Résister à l'attraction qu'exercera sur vous et vos pairs le pouvoir durant la longue et pénible ascension.
Ne sous-estimez pas votre nature.
Le petit était bavard. Bien plus que ce que je ne l'avais espéré.
Ainsi, il savait pour les armes des Thirdoks, ce qui impliquait que d'autres, moins secrets et obtus, savaient aussi. Problème à moitié résolu donc.
Quand la crémière exige de vous un prix trop élevé, vous vous en allez toquer chez le voisin. Par chance, les voisins étaient ici nombreux et bien identifiés. Il suffirait de recouper les différentes informations pour en tirer un pan de vérité.
Un large sourire se dessina sur mon visage.
Bien.
Vous connaissez notre offre et ne semblez pas en mesure d'y répondre favorablement... Pour le moment.
Je me relevai.
Les deux créatures hallucinées avaient disparues, consciente que rien de plus ne serait dévoilé durant cet échange.
Réfléchissez bien Petit Loup.
Mais réfléchissez vite.
A chaque heure qui passe, vos informations perdent en valeur. Sous peu, quelques jours tout au plus, nous n'aurons plus besoin de vous. Nous vous offrons un cadeau, une main tendue pour vous sortir du puis sans fond dans lequel vous aviez sauté. Malgré ce que vous semblez penser, il n'y a pas de négociation qui tienne.
Il n'y avait là aucun bluff.
Je n'avais aucun doute quand au fait que les expéditionnaires en viendraient à partager leurs ressources. Rhôz, le Doc', même la Verte... Ceux-là étaient convaincus que rien ne devait être caché.
J'avais peut-être surestimé ce Dassen Dorn.
Je sortis de l'eau sans un mot.
Après avoir récupéré mes possession et m'être rhabillé, je repris la direction de la surface, bercé par les spores des bassins. Une pensée fila vers le lanyshta laissé dans la cavité.
*A l'avenir, ne nous dérangez plus pour de pareilles broutilles.*
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- Thème d'Elyas - |
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Dassen Dorn
Comitaire actif
Kil'sin
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Le Sukra 15 Otalir 816 à 11h52 |
Dassen Dorn attache à nouveau son masque. Il sort aussitôt du bassin à la suite du clown et rejoins ses confrères du comité de Dispute.
Tandis qu'il s'habille, une pensée vaseuse fait écho à celle d'Elyas.
Pensée :Hi hi hi...
Très bien. Tu as gagné. Fais-moi voir tes monstres et je te donnerais ce que tu veux.
Derrière lui, l'homme muet s'éloigne et retourne la pancarte de l'entrée du bassin.
« Libre »
Un mot étrange dans ce lieu. Quelle ironie. |
alias Djet Tamère |
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