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Au Bal !
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Matal 10 Marigar 815 à 23h24
 
Au croisement des rues du Cidre et des Huit Frères. A la minuit.

Une ombre attend, patiemment, et tend l'oreille. Elle attend un grelot.

Cette ombre, c'est le Compteur. On ne peut le reconnaitre, tant il s'est habilement déguisé : il a passé un foulard au cou et un masque noir sur le nez. Il n'a pas jugé utile de se séparer de la redingote en patchwork, ou même du chapeau blanc, celui-là même qui pourtant fait qu'on sait de très loin que c'est de lui qu'il s'agit.

Non, il s'invite au Bal des Masques, mais de là à tomber le Chapeau... Il faudrait plus que des masques...


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 00h20
 
*** Avant veille de la réunion au Bureau, suite de l'Expédition. ***


M'était-il vraiment utile d'ajouter un nouveau masque à ma panoplie déjà bien complètement? Certainement ! Il fallait jouer le jeu, du moins celui que m'avais proposé le Compteur en cette douce nuit.

Minuit.
J'arrivais pile à l'heure au rendez-vous. Sans mal, je repérais la silhouette de Salimân, paré pour cette soirée d'un petit masque noir, sobre, sans fioritures. Chapeau sur la tête, torse bombé, il tenait à sa main deux tickets d'entrée pour le Bal des Masques. Je m'approchais d'un pas dansant vers lui.
A travers son bandeau, je sentis ses yeux se poser sur moi. Mon apparence était semblable à celle qu'il avait connu jusqu'ici. L'ensemble trois pièces, chose inédite et spécifique compte tenu de l'occasion, était teintés de losanges immaculés et beiges, soutenus par endroits par des pointes de noir. Mon masque était à mon image...


...clochettes sur le dessus, simulant un chapeau aujourd'hui absent.

Je gratifiais mon camarade d'un soir d'une révérence théâtrale puis lui présentais mon bras.


Allons, ne faites pas votre ingénue avec nous. Un tel rendez-vous n'a pour but que de vous rapprocher de nous, alors jouez franc-jeu ah ah !

J'avançais vers la bâtisse de laquelle se faisait entendre le son d'un orchestre. Nous gravîmes les marches en silence, avec pour seul guide une lumière rougeâtre, douce et chaleureuse. Arrivé face aux lourdes portes de bois, un réceptionniste nous salua. Son masque, d'une simplicité affolante, consistait à un sorte de nez protubérant ne masquant que la partie supérieure de son visage. Il tendit la main pour récupérer les billets puis, après nous avoir ausculté quelques secondes, fit ouvrir les portes dans un mouvement lent, mystique.
Une bouffée d'air chaud vint emplir mes poumons. J'avançais fièrement, le pas droit, presque noble. A ma grande surprise, nous n'arrivâmes pas directement dans la pièce du Bal, à supposer que danser soit le véritable but de cet établissement. A défaut, il s'agissait d'une petite pièce, un genre de vestiaire, de laquelle descendait deux escaliers monumentaux sur les côtés.
La musique gagnait en intensité.

L'homme derrière le comptoir, masqué lui aussi, écarta les bras en nous voyant arriver.


Personnel vestiaire : Messieurs ! La bienvenue à vous ! Puis-je vous débarrasser de quelques affaires? Ou bien souhaitez vous au contraire louer quelques accessoires pour pimenter votre folle soirée au sein du Bal Masqué?

Je m'avançais vers lui, venant frôler de mon faux-visage le sien. Grelots. Ma voix fusa doucement dans ses oreilles, mielleuse, presque inquiétante.

Brave petit animal...Douce créature... Nul besoin d'accessoires puisque nous vous aurons vous... Ne tardez pas à nous rejoindre...A moins de voir votre place ravir par un jouvenceau à l'audace intacte...mhhhh... Prenez également une douche.

Je sentis l'homme rougir.
A priori, celui-ci ne nous embêterait pas, ou du moins pas dans le sens qui m'inquiétais le plus.
Sans me faire prier, avec un naturel qui pouvait laisser supposer que j'avais déjà mit les pieds dans cet endroit, je pris les escaliers.

A chaque marche, les effluves de parfums s'amplifiaient. La musique gagnait en force. Les percussions résonnaient dans le bois de la main courante.
Puis nous arrivâmes au sous-sol, le premier, une immense salle où se mêlaient toute sorte d'individus masqués, car telle était la règle ici : l'anonymat. Aucun nom, aucun visage.
Au fond de la pièce, l'orchestre œuvrait. Formant un cercle en son milieu, les gens dansaient où échangeaient baisers et autres joyeusetés. Une sorte d'orgie sur fond de musique entraînante. Pour le reste, un immense bar faisait face à l'orchestre et plusieurs tables étaient éparpillés ici et là.

D'un geste du doigt, j'indiquais à Salimân un table avec banquette encore inoccupée.
Une fois sur place, je fis commander deux bouteilles d'un vin rouge fruité, gorgé de soleil et aux arômes complexes. Pas l'une de ces daubes synthétique qu'on pouvait trouver à bas prix au détours de la plupart des ruelles des Estaminets.
Je fixais le Compteur.


Eh bien, détendez-vous, après tout, la soirée ne fait commencer. Admirez les mise en bouches et laissez-vous tenter lorsque l'envie se fera sentir.

En effet, d'ici peu, jeunes garçons et jeunes filles viendraient nous divertir et pimenter nos discussions. En fonction de leur patron, les styles différaient. Mes préférés restaient ceux et celles que l'on avait rendu aphone. Un procédé complexe mais qui permettait toutes les folies. La Catin en savait sûrement un rayon à ce sujet.

Vous savez où vous avez mit les pieds n'est-ce pas? Plus bas. Il ne s'agit pas d'un simple lieux de plaisir, mais bel et bien d'une des plaques tournantes des Dessous. Un endroit idéal pour toutes les conversations qui n'ont pas lieu d'être entendues de tous. Ne soyez toutefois pas trop naïf, les oreilles traînent. Qu'ils s'agisse des Vigilants ou des petits oiseaux de tel ou tel meneur de comité, cet endroit est pour eux une source infinie d'informations en tout genres.

Je lui souriais derrière mon masque.
Le vin arriva et deux verres avec lui.


Ceci étant dit, que nous vaut cette subite invitation?


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 01h42
 
Il desserra enfin les lèvres, et cligna ses yeux qui étaient grands ouverts.

Ne te méprends pas, Clown. C'est pas l’exubérance du lieu qui m'crispe.

Il plissa les yeux, qui se fendirent derrière le masque.

J'ai grandi dans un bordel, tu sais.

Il soupira. Il regretta le sérieux dans sa phrase avant même qu'elle sorte de sa bouche. Il ne fallait pas user trop de sérieux pour trainer avec l'Arlequin. Ça fatiguait plus qu'autre chose. Il servit donc le vin, dont le fumet aurait été des plus agréables, s'il avait pu proprement le sentir.

Mais la musique masquait tous ses sens. Elle coulait de l'alcôve du fond de la grande salle comme une pluie torrentielle, en léchant le bois du parquet, le bois des poutres, le bois des escaliers, le bois des tables et le bois des chaises. Et tout ce bois vibrant faisait résonner la grand salle, et les corps et les âmes des danseurs.

Il se frotta les tempes.


D'ailleurs, c'est par une de mes tatas à moi que j'ai eu ces entrées. J'me suis dit que c'était l'genre d'endroit qui te f'rait plaisir.

Petit sourire narquois.

T'en fais pas, Clown, j'parlerai pas à tort et à n'importe qui.

Le Compteur parlait fort, de fait, plus fort que les circonstances le demandaient, sans doute. Un couple enlacé, en passant, fit trembler la table et manqua de renverser les verres.

Ça t'ennuie pas que j't'appelle Clown, hein, mon Clown ? J'remarque que j'suis le seul à l'faire, et ça m'déplait pas...

Il gouta au vin. Certainement très bon dans l'absolu, mais à ce moment donné, il le trouva bizarrement assez insipide.

Si j'tai appelé, Clown, c'est que j'voulais te poser des questions. Sur la mutation. Ce qu'elle fait chez toi.

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 02h22
 
Un bordel?
A croire que ça devenait monnaie courante chez les Lanyshtas. Je fis valser le verre puis le portait à mon nez. Différencier l'odeur des lieux des saveurs du liquide n'était pas chose aisée. Il faudrait s'en contenter. L’inconvénient d'un masque complet, c'est que boire tient véritablement de l'exploit.


Plaisir?
Vous ignorez encore tout de nos plaisirs jeune collègue. Mais c'est bien essayé.


Je soulevais légèrement le masque et prit une gorgée du vin.
Cela faisait près d'une année que je n'avais pas remis les pieds ici, ou plus précisément dans les pièces dérobées qui pullulaient dans les autres sous-sol et se connectaient au réseau des Dessous. Fort heureusement, très rares étaient ceux qui me connaissaient alors comme l'Arlequin. Avais-je un jour utilisé cette façade dans les Dessous? Pas à mon souvenir. Passer inaperçu, c'était appréciable parfois, et paradoxale vu mon accoutrement.


Nous ne nous en faisons pas. Du moins pas pour nous. Nouveau sourire camouflé. Soit, si vous souhaitez nous poser des questions, allez y. Nous ne promettons toutefois pas d'en avoir les réponses.


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 20h55
 
Le Compteur prit une grande inspiration. Puis se ravisa, et pensa vers l'Arlequin :

Eh bien, j'tends pas trop la caboche vers c'qu'y se pense entre lanyshtas, comme t'as du t'en douter. Mais à c'que j'entends, la mutation, ça fait que'qu'chose. Ça fait d'la lumière, ça fait des miracles. Ça fait des trucs qu'on peut pas bien expliquer autrement que par ça.

J'me demandais c'que ça te faisait, à toi, vu qu't'en parles pas trop là-bas. Moi, ça m'fait rien en tous cas, à part un truc un peu étrange qui m'est arrivé l'aut' jour...


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Merakih 11 Marigar 815 à 23h05
 
Salimân était comme un adolescent en recherche de repères. Cependant, ce n'est pas auprès de moi qu'il en trouverait. J'avais déjà Mi-mains, pas besoin de me charger de responsabilités supplémentaires.

Miracles? Le mot est fort. Nous avons entendu parler de ces phénomènes. Pour autant, nous ne saurions pas vous en dire plus. D'où le fait que nous n'en parlions pas vous savez où.

Je pris une nouvelle lampée de vin.
Le mensonge n'était pas si évident que ça. Ma Farce se distinguait des autres subterfuges, d'une certaine manière. Garder un atout, même au sein du Consensus, l'ultime rempart.


Autre chose?


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Luang 16 Marigar 815 à 22h10
 
Le Compteur haussa un sourcil, ce qui se vit à peine derrière le bandeau.

Rien du tout ? Pas même une p'tite étincelle ?

Tu m'laisses dubitatif, mon ami.


Il aspira une gorgée de vin. La musique changea de tonalité, et les instruments à vents se lancèrent dans une composition que Salimân reprit, au temps près, en tapotant des doigts sur la table.

Pas même un p'tit peu plus de souplesse ou d'endurance ?

Il lança son esprit.

Comment ça s'fait, alors, que de notre expédition t'es été un des seuls à pas rentrer en tenant tes tripes dans les mains ?


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Luang 16 Marigar 815 à 22h48
 
Ah !
L'étincelle, parlons en. C'est pour le Spectacle, un procédé basique, notre Farce ni plus ni moins. De là à penser qu'elle pourrait développer nos capacités... Vous partez loin cher monsieur cher monsieur Compteur.


Enfin, là où il allait loin, c'était surtout dans sa naïveté de penser que j'allais lui dévoiler en trois gorgée de pinard et sous prétexte d'une invitation l'un de mes plus fabuleux secrets. Sans mentir, je déguisais la vérité sur la réelle nature de ma Farce.

Quant au fait que nous soyons rentrer en meilleur état que la plupart d'entre vous, il ne s'agit que d'une question d'expérience...mais aussi de préservation des apparences. C'est important, l'apparence. Le reflet de notre personne au sein de la réalité éprouvée.

Les mots étaient soigneusement choisis. Doubles-sens qui m'éviterais toute suspicion.


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Matal 17 Marigar 815 à 11h28
 
Froncement de sourcils.

Pourtant, d'aucuns nous en parlent, des chang'ments qu'ils subissent.

Courte pause dans la pensée.

Tu s'rais comme moi alors, un mutant qui ne mute pas...

Il hésita.

Enfin, à part les Voix, y s'pourrait bien que que'q'chose ait ... subtil'ment ... très subtil'ment ... changé en moi.


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Matal 17 Marigar 815 à 23h51
 
Je regardais Salimân silencieusement. Où souhaitait-il en venir? Pourquoi ce soudain intérêt pour mes capacités?

*Qui ne mute pas, c'est vite dit.*

C'est à ce moment que l'une des serveuses dont l'uniforme se réduisait à quelques pièces de tissu savamment reliées vint à notre table. Elle apportait de quoi grignoter, offert par la maison avait-elle dit. Une coutume au Bal Masqué. D'ici peu, la chair nous serait proposée.


De quel type de subtils changements parlez-vous monsieur le Compteur?

Je devinais désormais la raison de cette invitation. Le bougre découvrait ses nouveaux talents et ne savait pas quoi en faire. C'était un boulot pour la Catin le chaperonnage, pas pour moi. Quelle poisse.



- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Merakih 18 Marigar 815 à 18h13
 
Salimân balaya l'air de la main. Difficile de croire que rien n'avait changé chez l'Arlequin. Mais, pour autant, il ne le connaissait pas d'avant.

C'est sans doute rien. C'est pas important, et ça va sans doute pas servir à grand'chose la communauté qu'on est en train de former, nous tous. Ça aidera pas dehors, en tous cas...

C'est juste que ... tu sais j'aime bien siffloter, en allant aux Heures Vives, et ben hier ça m'a fait un truc. Y a une note qu'est sortie de ma bouche, un truc pas net. Genre très fort et très ... limpide, à faire aboyer les chiens.

Et...


Il haussa les épaules. Puis se remit à dialoguer de vive voix ; car à gesticuler ainsi sans parler, on le prendrait vite pour un fou.


La musique, elle vient à mes oreilles, comme jamais avant. J'ai jamais pu piffrer ces musicos avec leur langage tout particulier à eux, mais là c'qu'on entend ce soir, j'peux presque l'écouter et...

Le Compteur s'engluait. Il n'arrivait pas même à mettre des mots sur ses impressions. Comment expliquer qu'il entendait moins les notes et qu'il les 'voyait' plus ? Ça n'avait aucun sens.

Laisse tomber.

Parle-moi plutôt des gens qu'on va voir demain. Celle que t'appelles la Rose, tu l'as rencontrée comment ?


 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Merakih 18 Marigar 815 à 22h42
 
Salimân semblait troublé. Non. Il l'était véritablement. Le changement avait parfois ce genre d'effets sur les gens. Je me souvenais, quelques semaines plus tôt, des premiers signes de ma Farce. Je n'avais pas été effrayé. L'excitation avait fusé en moi, cette sensation de se savoir à la pointe de l'évolution, différent, supérieur. Au fil des exercices, j'avais su canaliser ce talent, altérant la réalité de manière plus ou moins subtile, plus ou oins importante.

Sous mon masque, je souriais.
J'approchais ma main gantée du visage du Compteur, lui adressant alors une petite tape sur la joue.


N'en soyez pas effrayés. La nouveauté peut paraître effrayante. Exercez-vous, affûtez vos sens, exploitez vos sensations. Vous atteindrez alors un nouveau stade, une maîtrise qui vous distinguera de la masse. C'est une chose que vous seul pouvez apprendre, cela vous appartient.

Les exemples me concernant étaient nombreux : développement de la Farce évidemment mais aussi amélioration de mes réflexes, perfectionnement de mes inventions artisanales, connaissances médicinales...

La Rose...Oh-oh-oh, nous l'avons rencontré pour la première fois lors de l'épisode Fortin. Fort heureusement pour elle, elle a choisi de ne pas s'éloigner des portes du Kil, sentant dés le départ que la Verte tenterait de nous la mettre à l'envers. Par la suite, nous avons gardé contact et nous sommes rencontrés dans notre appart-telier pour faire le point sur l'expédition. Elle était accompagnée à cette époque, un genre d'Estropié bègue. Les deux sont alors partis au Kil'dara où ils ont rencontrés le Doc', entre autres. C'est à ce moment là que l'idée d'une...université spécialisée est apparue.

Je secouais la tête.
Les clochettes au sommet du masque produisirent un léger son.


La suite, vous la connaissez.


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Julung 19 Marigar 815 à 01h22
 
Un sourire plein de dents lui fendit la bouche. Enfin.

Elle est belle ?

La musique choisit cet instant pour se taire. De leur table, ils purent voir les musiciens faire un cercle autour de l’alcôve, pour trois chanteurs qui commencèrent à entamer une ronde, suivis par quelques instruments.




Les parades de corps changèrent de rythme. Les masques se mirent à danser en cercles concentriques, levant les bras. On eut dit un champ de roseaux un soir de grand vent. Derrière, la viole tournait autour du biniou, qui lui-même taquinait le tambourin.

Les yeux du Compteur pétillèrent derrière le bandeau noir.


Tu sais c'que cette ronde annonce, Clown ? La Grande Mêlée. Tu veux y participer ?

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Julung 19 Marigar 815 à 01h48
 
Belle? Ce n'est pas le mot que nous choisirions au premier abord. Comme chaque femme, elle a son charme, encore faut-il parvenir à mettre la main dessus.

Une manière délicate de dire qu'elle n'en avait pas ou peu, de charme. Quoiqu'un professeur à la vue défaillante eut vu en elle l'objet d'un fantasme encore inassouvi.
Lorsque la musique changea, j'émis un claquement de langue. Ces soudain changements signifiaient bien souvent que quelque chose se tramait, en coulisses, loin des regards indiscrets. Portés par le rythme, les clients du soir en oubliaient ce qui les entouraient. Sans s'en rendre compte, ils perdraient ainsi quelques pierres ou, pour les tables les plus avinés, se verraient remplacé leur succulente bouteille par du vulgaire jus de raisin vinaigré. C'est ainsi que fonctionnait le Bal Masqué, sa face sombre.


Sans façon.
Si l'envie vous prend de tortiller votre corps, ne vous gênez pas. Nous serons spectateur, comme toujours lorsque nous abandonnons nos scènes de rue.



- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Dhiwara 22 Marigar 815 à 21h07
 
Un large sourire accueillit cette réponse, et le Compteur Masqué se leva, et déposa son chapeau sur son siège. Il n'en aura pas besoin.



Dans la salle, un silence se fait. Quelques chuchotements seulement, qui rappellent la petite brise qui court les ruelles avant la tempête.

Les chanteurs et les musiciens se lèvent pour aller en coulisse, à l'exception de deux guitaristes. Toutes les lumières de la salle de danse sont soufflées, à l'exception de deux bougies : une devant chaque instrument, qui éclaire dans la pénombre les cordes et les mains, qui se déplaceront par la suite trop vite pour qu'on puisse les discerner. Les veilleuses accrochées au mur diffusent une lumière douce et grasse, qui enveloppe la grande pièce d'une atmosphère suave et intime.

Les premières notes sont lancées.




Lorsqu'il entend courir lesdites notes, un sourire prédateur étire les lèvres du Compteur. Ça allait être une belle Grande Mêlée.

Aussitôt, les corps se mélangent : tous les bustes des danseurs se collent au point de leur vider l'air des poumons, et les mains saisissent épaules, aisselles ou bras dans une étreinte qui tient plus de la caresse. Les bouches pincées se décrispent, et les lèvres se gonflent et s'ouvrent. Le flot humain se met à tourbillonner, osciller, et vaciller comme une mer déchainée. Les individus, hommes, femmes, petits ou grands, tricheurs ou bourgeois, deviennent un seul et même élément.

Et Salimân plonge en plein milieu. Il nage jusqu'au centre, et saisit le flux de la musique et des corps. Les notes s'enchainent à une vitesse effrénée, ponctuées par les clappements de mains que les musiciens battent sur leur instrument.

C'est alors que quelque chose se produit. Il est frappé par la nette perception qu'il devient, de fait, le centre de la houle. Ses membres se déplacent au rythme près de la musique, et il comprend que les gens ondulent autour de lui. Par-delà les masques, les yeux se tournent vers lui. Là où on présentait à sa poigne des bras et des mains, on présente peu à peu des joues, des nuques, des seins. Les danseurs pivotent, tournoient dans une transe collective, pour avoir une chance de le frôler. La moiteur ambiante semble diminuer la distance sinon entre les âmes, du moins entre les peaux.

Et, lorsque le dernier accord résonne dans la grand salle, les applaudissement tardent à se faire entendre, mais ils ébranlent tout l'établissement et se réverbèrent dans la rue. Ceux qui dansaient se regardent, éberlués, avant de retourner s'asseoir ou d'attendre sur place le prochain morceau. Le Compteur, trempé de sueur et de joie, retourne s'attabler en face de l'Arlequin, convaincu d'avoir rêvé cette danse. Il tente de tromper son ahurissement avec un sourire forcé, mais ses yeux ouverts et fixes trahissent ce qu'il vient de vivre.


Eh bien, Clown, t'as raté quequ'chose...

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Dhiwara 22 Marigar 815 à 23h00
 
Tout ce que j'avais raté, c'était une occasion d'attirer une attention superflus dans un lieu bien trop connu. Lorsque le Chapeauté revint s’asseoir, il suintait de sueur. Je pu retenir un hoquet de dégoût.

Votre pulsion est satisfaite?

Je continuais de siroter mon vin, les yeux fixés sur Salimân.

D'où venez vous cher Compteur? Racontez-nous votre histoire.

Sans préliminaires, je faisais bifurquer le sujet. C'est qu'il pouvait se montrer bavard le Salimân.


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Luang 23 Marigar 815 à 18h52
 
Le Compteur fixait le mur. Une pulsion ? Mais quelle pulsion ?

Ignorant le regard du Bouffon, Salimân répondit :


J'commence à te connaitre, Clown. Tes questions partent dans tous les sens, et ça t'permet d'avoir jamais à répondre.

J'sais que t'en sais plus de moi que j'en sais de toi ; c'est simple, je sais rien de toi.

Réponds à ta question en premier, et alors j'y répondrai à mon tour.


Ce disant, il accrocha le regard de l'Arlequin.

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Luang 23 Marigar 815 à 22h37
 
Oh-oh-oh ! C'est qu'il est pressé le coquin ! Plus qu'un puceau face à l'entrejambe de sa première douce.

Je soutenais le regard du Compteur, amusé par la situation.

Vous nous reprochez de ne jamais répondre...certainement. Ou non. Nous pensons plutôt que nos réponses ne sont pas celles que vous attendez, d'où cette sensation de ne rien savoir. Adoptez un angle différent et vous vous apercevrez que vous en savez bien plus sur nous et nos multiples que nous sur vous.

Claquement de langue.

A présent, si vous ne souhaitez pas nous conter une histoire, qu'elle soit véritablement la votre ou celle du voisin, peu importe. Il s'agissait seulement d'un moyen en somme tout à fait distrayant d’égayer cette soirée. Ne vous y sentez pas obligé. N'allez pas non plus imaginer que nous nous intéressons de près à votre cas. Vos mots glissent à nos oreilles puis s'estompent aussi vite qu'ils furent prononcés. Les actes seuls restent, d'où notre méfiance envers certains cendrés.


- Thème d'Elyas -
 
Salimân
Comitaire actif,
Compteur de Voix

Kil'sin  
Le Matal 24 Marigar 815 à 00h05
 
La langue du Compteur claqua dans son palais.

Justement, Clown. Justement. Y a un temps pour badiner, et y a un temps pour muter.

Si j'dois t'savoir un jour, ton dos collé au mien, j'voudrais au moins savoir ton nom.


Il leva la main, coupant net la pantalonnade à laquelle il s'attendait à assister.

T'en fais pas, je sais que tu vas pas m'le dire maint'nant.

Et ajouta, dans un sourire :

Mais promets-moi qu'si ça arrive un beau jour, tu m'le diras à ce moment-là !

 
Elyas
Passeurs de temps,
Arlequin

Kil'sin  
Le Matal 24 Marigar 815 à 00h33
 
Tout vient à point à qui sait attendre.

Ma véritable identité, ah, le grand débat.
Ceux qui me viendraient dans les Dessous en auraient un aperçu. Ils en apprendraient plus sur mon passé. Forcément, s'était un passage obligé. Mais avant ça, je n'avais aucune raison de me dévoiler. C'eut été une prise de risque inutile, un moyen pour ceux qui gravitaient autour de nous de farfouiller ici et là, de disposer d'un véritable moyen de pression.
Non définitivement, la Comédie était en tout point préférable. D'ailleurs, cela ne m'avais pas empêcher de réunir une équipe, certes pas bien fine, mais qui paraissait suffisamment convaincue pour me suivre dans mes entreprises.


D'un trait, je vidais mon verre.

A présent, si vous daignez toujours nous faire voyager avec l'uns de vos fantastiques récits, nous allons nous retirer. Vous comprendrez que la réunion à venir accapare une bonne partie de nos pensées, bien que nous ne soyons jamais contre un peu de divertissement, forcément.

Je me levais puis agitais la tête vers Salimân.


- Thème d'Elyas -

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