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De retour au Sin pour une courte escale, les lanyshtas ne disposent que peu de temps pour faire une toilette bien méritée ainsi que le plein d'eau, de vivres et de munitions avant de repartir.
Outre les nécessité pratiques, il y a deux autres points à gérer : l'huile et l'œuf.

Rien à voir avec les omelettes, ni avec la mayonnaise, inutile de chercher.

Tandis que l'huile de Ruche est confiée aux bons soins de l'Arlequin à des fins pyrotechniques, l'œuf de frobekh trimballé par le Doc' - et surtout son contenu examiné par vision vitale - est à présent trop sur le déclin pour espérer le voir éclore et disposer d'un petit monstre viable... Dommage, à présent, la meilleure option semble être de pratiquer une vivisection tant que l'embryon vit, il faut du frais pour faire des observations pertinentes!
Après une rapide mise au point télépathique avec le reste du groupe, il faut encore quelques minutes pour convaincre Ywlyä de lui accorder l'usage d'un plan de travail de sa cuisine et Aztör de le laisser utiliser certains de ses outils, le médecin n'ayant pas pris tout son matériel avec lui. Les tenanciers de la Rieuse Escarbille, probablement habitués aux bizarreries de Rhôz ou de son exploratrice de mère, se laisse fort heureusement convaincre... la seule condition énoncée par la tante de l'Erudite étant que ça se fasse après le service, et que tout soit nettoyé ensuite.
Une fois ces détails réglés, il ne reste plus qu'à proposer aux curieux de venir assister, et pourquoi pas participer.
Le médecin ouvre ses pensées à ses comparses expéditionnaires.
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Le silence revient dans les cuisines de la Rieuse Escarbille quand la tante de Rhôz referme et verrouille la porte derrière elle. Il reste bien quelques derniers clients dans la salle commune à cette heure-ci, mais le bar contient largement de quoi les contenter a priori.

Devant le médecin, l'œuf tient debout dans un saladier posé sur un large plan de travail en pierre. Son aspect, initialement humide et visqueux, est maintenant bien plus minéral, comme un croûte d'argile cuite, gris sombre. Pour l'attaquer, Helhars'en commence par se munir d'un marteau et d'un clou à bois relativement fin, il pose ce dernier verticalement au sommet de l'œuf, et l'enfonce d'un coup sec et précis. Une petite fissure s'est formée, mais le clou a néanmoins traversé la coquille sans trop de casse... Le Doc' dégage délicatement le clou et examine le petit trou qui permet d'équilibrer les pressions entre l'extérieur et l'intérieur, afin d'éviter tout éclatement brutal lors du découpage.
Bien sûr, pas moyen de mettre la main sur une vapo-scie avec des délais aussi courts mais Aztör lui a déniché une scie qui devrait faire l'affaire avec un peu d'huile de coude... Helhar'sen entreprend donc de découper horizontalement le haut de l'œuf afin de dégager le "hublot" qui lui permettra d'accéder au frobekh immature.
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Appliquant une pression légère et régulière, la scie commence à entailler la coquille lentement, puis le Doc', sentant que la lame mord sans problème dans la coque mi-organique mi-minérale, se met à scier un peu plus vigoureusement jusqu'à finir de faire le "scalp" de l'oeuf.
A l'aide d'une spatule de cuisine, Helhar'sen soulève le sommet de l'oeuf et un peu de liquide visqueux et trouble s'écoule.
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La chose a les yeux encore clos, paupières "soudées", et aucun poil, les pores semblant d'ailleurs "béants" par rapport à une créature standard, ses griffes étant encore molles. Mais à part ça, il s'agit bien d'un embusqueur viable en position foetale.
Le foetus tressaute légèrement, provoquant instinctivement un mouvement de recul du Doc', mais il ne s'agit que d'une vaine tentative de vivre... En effet, la vision vitale lui permet de distinguer clairement les faibles spasmes qui tentent d'agiter les poumons pour respirer, mais ils sont immatures et la mort par étouffement interviendra dans les minutes qui suivent, quoi qu'on fasse.
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Un sourire enfantin aux lèvres, le regard brillant de curiosité, le kildarien retrousse ses manches méthodiquement avant de rapprocher un grand seau qu'il avait préalablement disposé non loin.
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Et de plonger ses avant bras dans cette soupe infâme pour attraper le foetus.
La chose est sacrément glissante, et le liquide visqueux exerce une succion, un peu comme quand on essaye de retirer son pied enfoncé dans la boue en essayant de ne pas y laisser sa chaussure...
Le médecin trouve finalement une prise convenable sous les aisselles de la créature et parvient à la tirer de l'oeuf, dégoulinant de "marmelade" avec un SCHFLORCHH sonore.

Fasciné, le Doc' maintient la créature en l'air à bout de bras en une sorte de pantomime de fierté paternelle, surtout pour observer le foetus et laisser le gros du liquide s'égoutter dans la coquille.
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S'emparant d'un torchon, le médecin joint le geste à la parole, essuyant l'avorton délicatement avant de le poser sur une balance à plateau disposée non loin. Il lui faut quelques secondes de plus pour équilibrer les poids...
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L'avorton tressaille faiblement, aussi le Doc' sort de sa trousse de secours une bobine de fil à suture, en coupe deux mesures et lie en quelques mouvements dextres les poignets puis les chevilles de la créature, avant de les accrocher aux poignées situées aux extrémités du plat. Il n'y a guère de tension, juste suffisamment pour l'empêcher de bouger, mais la pose fait sans équivoque penser à une table à écartèlement.
Visiblement satisfait de son installation, le médecin essuie ses mains souillées puis s'empare enfin d'un scalpel. Sans plus attendre, il enfonce la pointe de la lame en haut du sternum, puis descend d'un geste constant jusqu'au pubis. Il continue l'ouverture par deux incisions partant du haut de la précédente et allant jusqu'aux épaules, et complète la fameuse "ouverture en boutonnière" par une coupure horizontale au niveau des hanches. Le Doc' a bien coupé la peau uniquement, sans entamer la couche musculaire ni le péritoine, et très peu de sang coule lorsqu'il écarte les pans de peau pour révéler les muscles en dessous. La peau se détache assez facilement, et on peut aisément observer le réseau vasculaire qui coure sous sa surface, ainsi que les deux ganglions sous-cutanés au niveau de la taille...

Le Doc' fronce les sourcils. Visiblement quelque chose le surprend.

Attrapant le bas du sternum avec deux doigts, il le soulève légèrement, puis glisse son outil en dessous pour couper le diaphragme et les muscles abdominaux le long des côtes afin de libérer le péritoine. Une fois le sac abdominal libéré des ses accroches, le Doc' l'ouvre verticalement révélant les viscères du frobekh à la vue - et à l'odorat - des spectateurs.

Nouveau froncement de sourcils.
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Semblant même avoir oublié la présence d'Elyas et d'Aztör, Helhar'sen se met à farfouiller dans les organes, sortant ici les lobes du foie, déroulant là l'intestin, et palpant tel ou tel organe en marmonnant des "hmmm" pensifs ou des "merde alors" bien plus expressifs...
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*** Car oui, même le Prospecteur avait rejoint l'audience. Passé ses déboires en ville et autres "formalités administratives" il avait réussi à se dégager un créneau horaire, l'occasion pour lui de s'instruire un peu plus.
Ayant prévenu les maîtres de Conférence de son retard, ceux-ci prirent la peine d'attendre sa venue avant de débuter le cours. Et bien que les préparatifs furent déjà installés à son arrivée, il lui fallu néanmoins un petit temps d’accommodation avant de pouvoir émettre le moindre son.
Car même si son estomac était plus accroché que celui d'Elyas, une telle vue ne laissait pas indifférent.
Et l'idée de disséquer un embryon rendait la chose encore plus impressionnante.

Et s'il n'avait pas montré la moindre once d'intérêt lors des brèves explications du Doc, c'était loin d'être le cas. Surtout aux yeux du curieux qu'il était. Car le spectacle qui prenaient place revêtait un intérêt scientifique incontestable

Aussi se permit-il d'interrompre la séance de dissection -qui à l'instant présent revêtait la forme d'un étrange accouchement. ***

*** Tâchant de respirer par la bouche, sorte de recette miracle face à des situations où l'odeur est plus traumatisante que le contenu visuel, c'est pensivement que le Prospecteur caressa sa douce moustache.
Tout en faisant soin de s'éloigner des projections envoyés par l'Arlequin. Sans parler des odeurs encore plus écœurantes qui suivirent ***

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Le Doc' garde un instant de silence, puis lève un regard intense vers ses compagnons.
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Et le médecin de repartir à trifouiller dans les organes.
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Le kildarien attrape une grosse paire de pinces coupantes et découpe avec une série de craquement sonores les articulations sterno-costales. Après quelques coups de scalpel supplémentaires pour détacher les muscles intercostaux, Helhar'sen soulève le sternum comme on soulèverait un couvercle.
Cette fois, la bête est bien morte, le coeur ne bat plus et il y a beaucoup plus de sang qui s'écoule et la cavité thoracique se remplit peu à peu, mais le Doc' à tout de même le temps le temps de commenter.
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Le Doc' tire sur la peau accrochée au cou du frobekh, la retroussant sans ménagement sur sa tête pour révéler l'intérieur de la gorge.
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*** A la longue énumération des similitudes entre le spécimen ici analysé avec les Lanyshtas qu'ils sont, le tout accompagné de la mise à vue organe par organe entre les mains maculés du Doc', la scène ne se ferait pas oublier de sitôt.
Captivé par son travail de recherche et la mine d'information présente derrière la paroi cutané, Helhar'sen ne peut s'empêcher d'aller trifouiller dans le moindre recoin de la carcasse, constatant à chaque fois des points communs forts déroutant.
C'était lui l'expert sur ce sujet, et quand bien même aurait-il dit des balivernes que les spectateurs n'auraient pu le contester. ***

*** Ceci dit, il se permit le temps qu'Aztor cherchai le matériel réclamé, de s'approcher davantage du cobaye. Le Doc ayant reposé ses outils, il ne risquait plus de se prendre de nauséabondes projections.
Aussi se permit-il de trifouiller succinctement dans les corps exposé. ***

*** L'odeur d'acide acétique qui se répand dans l'air n'a pas l'air de déranger le kildarien plus que ça. D'un autre côté, la puanteur des entrailles d'un foetus de frobekh non plus... ***

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Le Doc' commence par compléter la demi-bouteille de vinaigre utilisée par Elyas avec de l'alcool à brûler. Après l'avoir refermée et agitée consciencieusement, il aligne sur la table les petites fioles que le Moustachu à sorti de son sac avant de les remplir chacune environ à moitié. Finalement, il complète le volume des fioles avec de l'eau pour finir sa solution de fixation histologique artisanale, et écrit les noms des organes sur les bouchons avec un porte-mine.
Une fois les récipients prêts, Helhar'sen prélève des petits cubes de tissus des différents organes, d'environ un centimètre d'arête, et les plonge dans le liquide, rangeant chacun dans la fiole qui lui est destinée.
Bien que légèrement fastidieuse, cette étape permet de conserver les tissus pour des analyses ultérieures.
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Helhar'sen prend un long couteau de cuisine et glisse son autre main délicatement sous la nuque avant d'enfoncer la lame dans la gorge. Il tripatouille quelques instants puis sourit, l'air satisfait. Après avoir reposé la tête, il finit d'enfoncer la lame d'un coup sec, passant avec un claquement entre les vertèbres.
Une fois les tendons de la colonne vertébrale sectionnés, quelques coups de scalpel bien appliqués détachent les attaches musculaires du cou, la trachée et l’œsophage, finissant presque de détacher la tête.
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Le sang contenu dans le crâne s'écoule par les gros vaisseaux béants, mais l'essentiel finit dans le plat à rôti et seules quelques gouttelettes s'échappent en dehors.
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Après avoir posé la tête dans un bol, le Doc' reprend la scie qui lui a permis d'ouvrir la coquille, et pratique une ouverture similaire en sciant le haut de la calotte crânienne. A la différence de la coquille, les os encore fragiles et légèrement cartilagineux du foetus de frobekh n'opposent guère de résistance : la lame mord sans difficulté et il ne faut qu'une petite minute pour enfin avoir accès au cerveau.
Sorti un cerveau d'un crâne, c'est un peu comme d'essayer de démouler un flan sans retourner le moule... Helhar'sen glisse ses doigts entre les os et l'encéphale jusqu'à passer en dessous pour le pousser vers le haut tout en maintenant la tête de l'autre main.
Les tissus mous retenant le cerveau aux méninges ses laissent déchirer, les nerfs optiques cassent, et le kildarien extrait à bout de bras le cerveau au bout duquel pend une partie du tronc cérébral avec le cervelet et le début de la moelle épinière.
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Le Doc' pose le cerveau sur la table, et se baisse dessus pour l'observer de près, tentant d'écarter les lobes pour examiner les structures internes.
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