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Incontinence
Eloge de la fuite
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Dhiwara 28 Dasawar 814 à 03h20
 
Alors voilà : j'ai envie de pisser.

L'érudite m'a envoyé écumer le quartier des bibliothèques, lui-même inséré dans une zone dédiée aux recherches et aux expériences - deux mots synonymes, en ce kil d'apprentis sorciers - mais de cubes en cubes, je me suis perdu et me retrouve désormais à errer dans les faubourgs, à proximité des portes menant vers le kil'Sin. Et, le temps passant, j'ai développé une furieuse et pressante envie de me soulager la vessie.

Le long de mon trajet incertain, j'ai bien trouvé quelques troquets mais je n'ai osé en franchir le seuil : sans madame Rose, je me sens démuni, paumé et qui plus est, j'ai laissé l'essentiel de mon pécule à l'hôtel. Aller m'installer à une table d'auberge dans le but exclusif d'aller discrètement m'épancher dans la porcelaine maison, c'est bien trop audacieux pour moi. En fait, l'idée ne m'effleure même pas. Quant à pisser dans la rue, c'est encore le meilleur moyen de se faire agresser.

Alors, puisque je suis près des portes, je décide d'aller tenter la chance dans un bosquet, à l'extérieur. Il y a de la neige, épaisse dès lors que l'on sort des rues et des sentes, mais ce n'est pas pour m'inquiéter : d'abord, je trouve ça joli - même si je suis bien conscient d'écrabouiller un nombre astronomique d’œuvres d'art - et ensuite, ça m'amuse d'écrire mon nom en lettres jaunes fumantes sur la page blanche de dame Hiver. C'est mon coté poète maudit (surtout maudit).

Je m'avance sous le porche, me dandinant d'une jambe à l'autre, emmitouflé dans mon lourd parka fourré, la tête phagocytée par un énorme passe-montagne et une écharpe XXL, les pieds bien au chaud dans leurs bottes en peau de Frobekh. Cette fois, je n'ai pas fait l'erreur de sortir en pyjama. Les gardes me regardent passer sans réagir : ce ne sont pas les allers qui les excitent, ce sont les venues.

Mais n'anticipons pas.

Sur les premiers hectomètres, la route est relativement dégagée de la neige. Cette dernière forme de gros congères sur les bas-cotés, le reste du paysage étant couvert d'un bon demi-mètre de belle poudreuse. Même si des bâtiments dispersés me rappellent que le kil n'est pas loin, il règne un silence ouaté propice à la méditation. Du coup, plongé dans mes pensées, j'en oublie momentanément le pourquoi de ma sortie et m'éloigne un peu trop des murailles, sans savoir qu'un autochtone désœuvré et bien planqué a déjà décidé de devenir mon meilleur ami...




 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 02h45
 
L'endroit est parfait.

Je n'ai pas vu de latrines publiques au kil'Dara... ou sans doute les ai-je confondu avec quelque autre bâtiment, ou bien me suis-je mépris sur l'usage de ces derniers ? Titus ne serait pas d'accord : pour lui, tout ce qui dépasse du sol et demeure immobile plus de trois secondes – moi, par exemple - est une vespasienne en puissance. Je me dis parfois que les chats et autres quadrupèdes domestiques communiquent via leurs odeurs, tant ils prennent soin à les déposer partout ; ça semble complètement crétin mais je vous rassure (ou pas), j'en ai d'autres autrement plus tordues à vous servir.

Donc, pour les incontinents du kil timides ou simplement pudiques, le salut est hors les murs.

Me décalant de la sente, j'ai attaqué la pente pour rejoindre une futaie plantée dans de vieilles cultures en terrasse abandonnées. Et me voici donc, dans la pénombre de sapins recouverts de neige, sur mes deux jambes arquées, enfoncé à mi-cuissardes dans la poudreuse, peinant à me sortir l'escargot de la coquille (le froid le rétracte) de mes deux mains mouflées...

Pute-borgne, quel suspens ! Vais-je réussir ma vidange avant qu'on ne me cogne ?
Comme s'il y avait le moindre doute...

J'ai presque fini d'écrire « Kil'Sin vaincra » lorsque mon public, trop impatient, trop enthousiaste, envahit soudain le terrain de jeu !




Le temps d'un pet de moustique (c'est bref), je remarque que le frobekh fixe mes bottes.
Quoi, qu'est-ce qu'elles ont mes pompes ?
Il veut les mêmes, le gros con ??

Puis je me souviens de leur marchand, à l'argumentaire de vente très élaboré : « C'est foutrement chaud, c'te cuir ! La femelle frobekh, quand elle vêle, elle a la peau grasse et le poil épais : c'est l'meilleur moment pour l'écorcher et la tanner ! »

Ok, j'ai peur de comprendre... et de fait, dans les petits yeux éperdus de haine et de chagrin du monstre orphelin, je lis déjà ce qu'il pense :


- Môman... c'est toi, môman..?

Qui pourrait croire qu'une touchante réunion de famille puisse tourner au slalom géant ?
A peu près n'importe qui, me connaissant.


 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 14h09
 
Vous, je ne sais pas mais moi, quand on me fixe intensément, c'est
MICTION : IMPOSSIBLE

J'interromps donc mon pissou en pleine création artistique, l'arme du crime au grand air, au mépris de l'orthodoxie politique la plus élémentaire : en lieu et place d'un « kil'Sin vaincra » triomphant, c'est un piteux « kil'Sin vain » qui s'étale désormais en jaune crasse sur le blanc manteau de la neige maculée ! Si les copains prolos du comité crypto-libertaire voyaient ça, j'aurais bonne mine...

Tel le calmar crachant son nuage d'encre avant de s'enfuir, j'excrète trois dernières gouttes en remballant fébrilement mon zigouigoui et commence à dévaler la pente comme un dératé. Au même moment, sous l'effet du stress, le Dé roule et...

Vibration

… c'est un déprimé profond à tendances suicidaires qui prend brutalement ma place ! Par chance, je chute avant même d'y penser et désormais, je roule plus que je ne cours, agrégeant la poudreuse à mesure que je valdingue dans la montagne. Perdu dans mon spleen et ma culbute infernale, je perds toute notion d'espace – suis-je à l'endroit, suis-je à l'envers ? - et de temps tandis qu'autour de moi, mais je l'ignore encore, quelques trois mille tonnes de neige se détachent de l'ubac !

Très vite, je chois au beau milieu d'une avalanche dantesque, démentielle, qui m'emporte et me malaxe dans sa furie. Avant de tourner de l'oeil, j'ai le temps d'envoyer un message mental un rien fataliste à l'érudite :


Pensée :
Je me meurs, roulé dans la farine, minable jusque dans la mort...
Madame Rose, ce fut un honneur.


En arrière, toujours bien décidé à venger sa pauvre mère, le frobekh lohanicide s'est lancé à ma poursuite...

Si je m'en sors, j'arrête de pisser. C'est nul, c'est sale et c'est dangereux.
Ouais, demain j'arrête.

C'est juste une question de volonté.


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Luang 29 Dasawar 814 à 17h00
 
Puisqu'il faut bien justifier sa fonction d'assistant, Rhôz a envoyé Lohan prendre une ou deux rendez-vous pour elle et lui réserver des places en bibliothèque pour les prochains jours. Comme Cal n'a pas pointé son nez de la matinée – bien qu'il ait semble-t-il pris une chambre dans le même hôtel –, l'étudiante est seule et peut profiter d'un peu de tranquillité pour se plonger dans l'un des livres qu'elle a emportés pour sa visite à Kil'dara.

Mais le calme est toujours de courte durée... Elle s'apprête à entamer le deuxième chapitre de L'Histoire architecturale et générale de Kil'dara quand elle reçoit un appel de détresse de Lohan. Ou plutôt ce qui semble un message d'adieu résigné – et très probablement exagéré. Aurait-il des problèmes avec des malfrats ? Elle trouve tout de même à la tonalité de sa pensée quelque chose d'inquiétant. Pourvu qu'il ne se laisse pas aller à faire des bêtises...

Pensée :
Lohan ? Tu as un problème ?
Que se passe-t-il donc ?

Elle referme sa lecture et commence à se faire à l'idée qu'il va probablement lui falloir aller ramasser son assistant en petit morceaux (métaphoriquement, imagine-t-elle), quelque part, perdu dans un grand kil inconnu.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Matal 30 Dasawar 814 à 08h46
 
Alors que je descends pépère, à mon rythme, bercé par le doux ronronnement de la belle poudreuse qui m'accompagne...



...les ultimes questions de l'érudite pénètrent dans mon cerveau reptilien - le cortex et le néocortex étant aux abonnés absents - qui, bien incapable d'y répondre en mots, se contente de renvoyer une simple idée : l'idée du dehors, de l'extériorité, de l'abandon matriciel et des dangers associés. C'est tout ce que je puis faire, en l'état : laisser mon subconscient en pilotage automatique.

Si avec ça, madame Rose ne comprend pas que je suis sorti et donc, que je baguenaude dans les pâturages, quelque part à l'extérieur du quartier... c'est à désespérer !

Quelques minutes plus tard, l'essorage prend fin : par un de ces miracles cruels dont la providence a le noir secret, je ne suis pas enterré sous dix mètres de neige et de glace, mais simplement disloqué en surface, froissé comme une boulette de papier kraft qu'un géant aurait bien mâchonné, puis craché. Je reprends connaissance, trop choqué pour ressentir les nombreuses douleurs que mon corps martyr collectionne...

Assis sur mon séant dans un paysage de blanc chaos, toujours dépressif et quelque peu contrarié d'être encore en vie, je regarde venir à moi le bourreau frobekh avec un vague sourire : il va m'achever et enfin, enfin ! Je vais quitter cette vallée de larmes.

Je suis sauvé !


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Matal 30 Dasawar 814 à 10h34
 
Pour toute réponse viennent des impressions évoquant l'Extérieur et les grands espaces extra-citadins. L'assistant de Rhôz se serait-il aventuré – ou laissé entraîner – jusqu'en périphérie du kil ? Ce n'est pas vraiment la zone où il était censé se rendre mais, prenant l'hypothèse que quelque chose ne s'était pas passé comme prévu, tout est possible. L'absence de pensées vraiment articulées suggère également un endormissement ou une perte de conscience. Et confirme la survenue d'un problème.

Pensée :
Lohan ? Tu m'entends ?

S'il se trouve quelque part en périphérie, sans plus de précision, cela laisse quelques 360 degrés en direction desquels orienter les recherches, étant donné que l'Extérieur se trouve tout autour du kil – même la bordure de mer est envisageable à ce stade de la recherche. Une fois enfilés son manteau d'hiver, son chapeau à oreillettes, sa grosse écharpe et ses gants à doublure armée, l'étudiante se rend d'un pas décidé du côté des bibliothèques, un point de départ qui réduit déjà un peu l'arc à explorer. Mais dans une ville de plusieurs millions d'habitants, cela fait encore un vaste espace.

Pensée :
Lohan ? Tu dors ?

Réveille-toi !

Une fois dans le quartier, à défaut d'une meilleure méthode, Rhôz décide de suivre les grandes artères, tous sens en alerte, dans l'espoir de noter quoi que ce soit qui puisse l'aider à retrouver la piste de Lohan. Elle se laisse plus ou moins porter par les mouvement de la foule nonchalante qui va et vient dans ces rues, l'heure de la pause de midi approchant.

Ses pas la mènent dans une partie du quartier en bordure de l'Agrozone, située en contrebas et apparemment peu étendue à cet endroit. De la voie surélevée où elle se trouve elle note une certaine agitation près du sol. Elle se dirige vers un élévateur pour descendre voir de plus près. Elle n'a pour le moment pas de meilleure méthode que de suivre ce qui se passe là où ses pieds la mènent.

Pensée :
Lohan, si tu as besoin de secours, il faut que tu m'aides à te trouver !

Beaucoup de travailleurs sont sortis des serres qui parsèment la zone. Tous ne parlent que d'une chose, une grosse avalanche qui vient de se produire au Dehors, juste derrière la deuxième enceinte.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Matal 30 Dasawar 814 à 20h07
 
Les seules vagues réponses venant du côté de Lohan sont toujours les mêmes impressions d'espaces extérieurs. Qui se précisent indéfinissablement, comme si en s'approchant Rhôz captait des sensations plus intenses et plus vraies. L'atmosphère d'agitation en lisière de chaos est aussi comme une confirmation. L'étudiante réalise que les événements improbables semblent gagner en fréquence dans la proximité de son assistant.

Se renseignant auprès des travailleurs agro-industriels grimpés en hauteur, sur des escaliers ou des toitures, pour voir de l'autre côté du mur d'enceinte, ou échangeant leurs impressions dans la rue – profitant, surtout, d'un excellent prétexte pour une pause impromptue, en attendant qu'on vienne les rappeler à l'ordre –, Rhôz finit par obtenir un premier témoignage confirmant le passage de Lohan.

- Ouaip, un grand bonhomme un peu de traviole... Je l'ai vu passer, dans c'te direction-là... Vers la porte du kil, en fait. L'aurait-y un rapport avec l'avalanche ?

Sans répondre, laissant au témoin l'honneur de pouvoir lancer un petit bout de rumeur sur l'événement, Rhôz descend la rue, qui la mène jusqu'à un grande porte métallique, entièrement fermée en dehors d'un volet dans le bas de l'un des gigantesques battants – une ouverture assez grande tout de même pour laisser passer une petite carriole. Plusieurs gardes sont regroupés, côté extérieur, avec leurs tenues renforcées et leurs fusils, scrutant intensément les alentours. Elle se renseigne de nouveau.

- Effectivement, on a vu passer un bonhomme un peu comme vous dites. Pas longtemps avant le déclenchement de l'avalanche d'ailleurs. C'était peut-être pas prudent de sortir par ce temps. C'était un ami à vous ?

Quand elle fait remarquer qu'on aurait peut-être pu le dissuader de sortir, on lui rétorque qu'une pancarte à côté de la porte indique clairement (en patois kildarien) qu'ici on sort « à ses risques et périls ». Les gardes n'ont pas l'air décidés à quitter la porte pour tenter de trouver un éventuel rescapé. Des cris de Frobekh ont été entendus : ils préfèrent surveiller la porte – au cas où tout ceci serait un stratagème pour tenter de forcer le passage et faire une razzia sur la production des serres.

Dans la neiges, une paire de pieds a laissé derrière elle une piste qui part droit dans la direction de la zone fraîchement ensevelie. Rhôz s'apprête à la suivre quand un surveillant la met en garde :

- C'est pas prudent de partir comme ça. Il y a les Frobekhs. Et c'est pas sûr qu'il reste pas un peu de neige à tomber en deuxième couche...

Rhôz ignore l'avertissement. Tout lui indique qu'elle est sur la bonne voie – les indices matériels autant que des sensations plus mystiques.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Merakih 31 Dasawar 814 à 09h01
 
Les sports d'hiver me font profondément skier.

Comme tous les sports, en fait : moins costaud qu'une ablette anorexique, je n'ai jamais développé la moindre appétence pour l'effort inutile. Alors, ma version suicidaire, c'est peu dire qu'elle abhorre le concept ! C'est donc avec joie - si l'expression convient à mon état de délabrement moral - que j'accueille le frobekh, persuadé qu'il va m'envoyer ad patres d'un seul coup de sa grosse patte griffue...

Mais voici que de nouveaux messages perturbent mon fatalisme serein de suicidé : l'érudite ? Mais qu'est-ce qu'elle me veut ? Bon sang, ne saurait-elle me laisser mourir en paix ? N'a-t-elle donc aucun respect pour les dernières volontés d'un condamné ? Quel manque de tact... je suis si moribond qu'on frôle la profanation de sépulture !

Je réponds, vaguement agacé :


Pensée :
Chut ! Au terme du voyage, le silence est d'or. Dame nature, honorant mon désir de mort, m'a déjà roulé dans son grand linceul blanc. Et voici qu'armé de ses grandes dents s'avance le frobekh, l'être psychopompe...

Adieu ! Le monde ne manque pas d'assistants compétents !


Puis je me redresse, fixant d'un œil bovin mon bourreau qui s'avance...

Le frobekh est énorme, de mon point de vue : deux mètres vingt au garot, trois bon quintaux de viande musculeuse, des bras comme mes cuisses, des cuisses comme mon torse, des crocs saillants et des serpes au bout des doigts.
Je ne vais pas faire long feu !

D'un coup de rein, le monstre se propulse dans les airs et avant même de retomber, amorce un superbe mouvement de rotation destiné à m'envoyer sa patte droite - on dirait une pelle d'engin de chantier - en pleine gueule. Il va pour conclure l'attaque lorsque...

... lorsque je recule le haut du corps, tout bêtement, sans quitter mes appuis. Rien de réfléchi, un bête réflexe. L'énorme paluche m'ébouriffe en passant, mais me laisse indemne.

Reprenant contact avec la neige dans une explosion de poudreuse, la chose pivote et propulse son bras - on dirait le monorail - droit devant lui, bien décidé à m'embrocher sur la fourche qui lui sert de paluche. Là, je ne peux pas m'en sortir. Sauf que...

... sauf que j'arque le ventre en arrière et pivote également, à contrario de l'attaque, et frobhy n'embroche que mon fantôme. Pareil, j'ai agi sans réfléchir, sans le vouloir. Par réflexe.

Ben merde alors, qu'est-ce qui m'arrive encore ?
Il a besoin d'aide pour me suicider, le bestiaud ??


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Merakih 31 Dasawar 814 à 10h52
 
Au bout d'un moment les traces de pas disparaissent sous la neige venue balayer toute une vaste portion de terrain pentu. Les pieds des sapins et autres arbres sont bien ensevelis. Ici Rhôz ne peut plus compter que sur son sixième sens et une éventuelle réponse à ses appels télépathiques.

Quand Lohan finit enfin par lui répondre, elle est déjà engagée dans la poudreuse, loin des yeux des gardes et de la porte du Kil'dara. Son assistant proclame son désir de mourir en paix, mais il n'a pas son élocution normale. Il doit être en pleine crise de théâtralité. Un simple phase, un moment passager.

Des cris retentissent soudain derrière une petite crête boisée. Plus besoin de jouer au radar psychique. L'étudiante escalade la petite déclivité et retrouve Lohan de l'autre côté, en contrebas, aux prises avec un très gros Frobekh au pelage blanchi par l'hiver. Au vu des efforts qu'il fait pour éviter les coups du monstre, l'envie de mourir semble lui avoir passé.

Elle l'a donc retrouvé. Mais l'opération de sauvetage va s'avérer plus périlleuse que simplement sortir quelqu'un de sous la neige. Le moment est venu de sortir son lance-pierre de la poche intérieure de son manteau.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Vayang 2 Jangur 815 à 02h51
 
Telle une mécanique bien huilée, le frobekh m'envoie ses coups les plus mortels : uppercut-de-la-mort, jab-de-l'enfer, balayage-qui-tue... mais rien n'y fait : il me manque systématiquement.

On se croirait devant l'un de ces matchs de boxe ou de catch aussi spectaculaire que truqué dont les protagonistes - en collants - sautent dans tous les sens en prenant grand soin de s'éviter gracieusement : c'est impressionnant, très chorégraphique et... carrément grotesque. C'est long, aussi !

Oh, je charge le pauvre monstre, mais ce n'est pas vraiment de sa faute : il s'applique ! Même si la haine et la rage croissantes - me louper l'agace - n'aident pas, je devrais être trois fois mort. Quatre, maintenant. Non, le problème...

... le problème est que j'évite ses coups sans effort. Sans maitrise.
Sans volonté, même !

C'est plus fort que moi : il attaque à droite ? Je me tortille, gauchement... il me rate. Il enchaine à gauche ? Je louvoie, adroitement... il échoue. En la circonstance, ce n'est pas tant la peur ou le désir de vivre qui m'animent ; je veux mourir, vraiment ! Et si l'idée de simplement m'allonger pour attendre qu'enfin, la boule de poils puisse me broyer le crâne d'un ultime coup de talon, c'est bêtement parce que je n'y pense pas...

Pourquoi ?

Mais parce que penser, ça demande un minimum de tranquillité ! Présentement, à bondir dans tous les sens, je n'ai pas une seconde à moi ! Que Frobby fasse une pause et alors, alors, j'initierai la bonne stratégie.

Pour l'heure : j'esquive. A gauche. A droite. En bas. Pffff...
Ah, il prend son élan ? Allez mon gros, vas-y !!
Rhaaââ...

Encore raté.


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Vayang 2 Jangur 815 à 13h34
 
La situation lui fait penser à une histoire que sa mère lui contait quand elle était enfant, où il était question d'un petit berger kildéen terrassant le champion d'une tribu krynänn en lui logeant, à la fronde, une pierre juste entre les deux yeux... Mais elle doutait d'avoir une telle efficacité.

D'autant plus que sa cible, autant que son assistant, ne cessent de gigoter. Il y a même un risque de blesser Lohan. Mais il paraît impensable de ne rien tenter, et téméraire de chercher à régler la question à la savate kilsinienne. Rhôz vise la tête du Frobekh – assez haut pour réduire les chances de toucher involontairement son assistant. Elle tire et rate.

La bille a seulement sifflé aux oreilles du monstre velu, qui détourne un instant son attention de Lohan pour localiser la nouvelle venue. Puisse-t-il profiter de ce minuscule répit pour s'échapper. Puisse le Frobekh refuser un combat à deux contre un et fuir.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Sukra 3 Jangur 815 à 15h50
 
Purée, je le crois pas...

Le frobekh vient enfin de me blesser – j'ai l'épaule gauche en charpie, cette andouille a raté la carotide – lorsque madame Rose commence à le caillasser dans le dos ! Maintenant, il est tout déconcentré et en sus, il me laisse à moitié tomber pour s'en prendre à elle !

J'envoie un message bien senti à la perturbatrice :


Pensée :
Dites-donc, ce ne sont pas les orphelins revanchards qui manquent ; si vous voulez vous suicider, allez vous trouver le vôtre !


Puis je soupire...
Quelque chose coince.

J'ai beau dire, je ne peux laisser l'irascible quadrumane blesser l'érudite, encore moins la tuer. Si je veux qu'il me trucide en paix, nous allons devoir aller jouer ailleurs... mais comment déplacer un frobekh ? Plus précisément, un frobekh vivant ?

Je sais ! Je vais lui faire le coup de « l'assurance tous risques » ! C'est ainsi que je nomme ma capacité à bramer d'épouvantables rengaines d'une voix si distordue, si malsaine, si atrocement gauchie qu'en comparaison, l'abominable grincement d'une armée d'ongles labourant un tableau noir passerait pour un solo de rossignol énamouré...

Me campant sur mes deux pieds, je gonfle mes poumons et...


C'est la danse des frobekhs
Qui en sortant le matin
Se vidangent le bas des reins
D'un colombin

Faites comme les petits frobekhs
Et pour larguer le bouzin
Remuez le popotin
Ca colle un brin

Pour avoir le cul bien sec
Il faut vous torcher malin
Avec le premier lapin
Venu du coin

Allez mettez-en un coup
Maintenant pliez les g'noux
Redressez-vous


Refrain :

Chiez dru, c'est la fêêêêêê-teuh
Gare à vos dessouuuuuus
Même sans une cuveeeeeet-teuh
Ca super foueeeeeet-teuh
C'est extra-mouuuuuuuu


On reprend :

C'est la danse des frobekhs
Résidus de trous de cul
Honte de l'univers connu
Qui puent velu

Regardez-moi ces gros lard
Frétiller comme des connards
En s'en foutant plein les mains
Tsoin-tsoin, tsoin-tsoin

C'est pas compliqué punaise
Pas besoin d'avoir une thèse
Abaissez-vous comme un chien
Et poussez bien

Dans sa dernière prophétie
Même Scylla l'aurait prédit
Syfaria sera repeint
En jaune et brun


(refrain)

C'est la danse des frobekhs
Qui en sortant le matin
Se vidangent le bas des reins
D'un gros boudin

Faites comme les petits frobekhs
Et pour larguer le machin
Remuez le popotin
Ca colle un brin

Visez-moi ces sales bâtards
Dégueux du matin au soir
Et qui puent de tous les trous
C'est dingue, c'est fou

Moquez-vous et marrez-vous
Aux dépends de ces relous
Qui s'en mettent un peu partout
Quand ils chient mou


(refrain)

C'est la danse des frobekhs
Qui en sortant le matin
Se vidangent le bas des reins
D'un gros parpaing

Faites comme les petits frobekhs
Et pour larguer le bouzin
Remuez le popotin
Ca colle un brin

Taillés comme des malabars
Mais pétris de toutes les tares
Qui sont ces puants crétins ?
Des frobekhs, tiens !

De kil'Sin ou de Kil'dar
Rions de ces salopards
Trahis par leurs instestins
Tsoin-tsoin tsoin-tsoin


(Et c'est la fin)

Ca marche : le bestiaud, incrédule, me lance un regard horrifié, s'enfonce des paquets de neige dans les esgourdes et tourne les talons sans demander son reste ! Moi-même, j'avoue, j'ai manqué tourner de l’œil avant la fin... franchement, quel genre de créature peut écouter ça sans défaillir ??

Bon, Frobby s'enfuit à toutes pattes... madame Rose va-t-elle le laisser partir ?

Pour ma part, je me lance à sa poursuite, bien décidé à en finir...


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Dhiwara 4 Jangur 815 à 14h42
 
Par quelle facette suicidaire son assistant se trouve-t-il donc présentement possédé ? Bien qu'il mette beaucoup d'énergie à éviter les coups de la bête furieuse, il semble cependant bien décidé à courtiser la mort – et à la vouloir pour lui tout seul

Le monstre se dirigeant vers elle, Rhôz s'apprête quoi qu'il en soit à tirer un nouvelle bille quand un Lohan survolté se met à brailler une chanson de guinguette ridicule tout en dansant un gigue bouffonne qui saisit ses deux spectateurs de stupéfaction. Son ardeur à chanter faux est apparemment suffisante pour provoquer la fuite du Frobekh. S'il s'agissait de le faire déguerpir, c'est pleinement réussi... mais voilà que Lohan lui emboîte le pas en courant !

Rhôz reste comme deux ronds de flan, sa bille de lance-pierre à la main, tandis que les deux autres s'éloignent à toute vitesse. Mais elle se ressaisit rapidement : Lohan est sous l'emprise d'une personnalité ou d'une humeur passagère – il ne tardera pas à retrouver ses esprits, et se trouvera alors en situation très délicate. L'occasion semble donnée à l'étudiante de tester en « conditions réelles » l'une des deux incantations intériorisées avant son départ pour Kil'dara.

Dans sa tête, elle se récite très rapidement la « Ballade du Bon Pied », et par là même retrouve la formule qu'il contenait. Elle sent aussitôt ses pieds chauffer et fourmiller d'énergie. Et elle s'élance à la poursuite de Lohan et de son Frobekh, laissant derrière elle un creux de neige fondue près d'un sapin.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Matal 6 Jangur 815 à 07h27
 
Il court vite, le bougre. Mais moi aussi !

Je finis par le rattraper en bas de pente mais, emporté dans mon élan, je ne peux éviter ses attaques : il me blesse bien, cette fois... avant de mourir, subitement embroché par-derrière. Je regarde une lance chitineuse au tripou lui sortir du bide sans comprendre, avant d'imprimer : pour parfaire le tableau, un genre de mante vient de se joindre à nos ébats...

Le genre à peser deux tonnes, m'voyez.

D'entrée, le nouveau venu - un racleur d'os, me souffle une petite voix - manque de m'arracher un bras ! le choc est si violent qu'il me rend mon cerveau : exit le désir de mort, et vive la course ! C'est ballot, je venais enfin de rencontrer mon leviathan...


L'érudite me revoit donc passer, dans l'autre sens cette fois, tandis que je beugle à son intention :

- N'al-al-allez p-pas p-par là..! C'est le rep-pè-père de l-la-a m-mère de t-tou-tou-toutes les man-an-tes ! Elle v-vient de b-bouffer le fr-frob-bekh et a enc-c-co-core la d-dalle !



 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Matal 6 Jangur 815 à 13h59
 
Au moment où Rhôz s'élance, ses deux compères ont déjà disparu derrière un bouquet d'arbres au bas de la pente. Elle file a vive allure, remontant aisément la piste laissée par leurs course dans la neige.

Au moment où elle va atteindre le coin du bosquet, des cris se font entendre de l'autre côté, et la voilà qui se trouve nez à nez avec un Lohan paniqué, parti pour remonter la pente du plus vite qu'il le peut, tout en l'avertissant de quelque chose qu'elle a du mal à entendre puisque leurs courses vont en en directions inverses. Elle ne tarde pas, cependant, à voir de quoi il s'agit : une gigantesque créature insectoïde penchée sur la dépouille du gros Frobekh, si menaçant il y a peu.

Portée par l'énergie surnaturelle dont elle s'est dopée, elle incurve sa course en une grande boucle et fait le tour d'un sapin solitaire planté non loin de là avant de repartir vers le haut de la pente. C'est à peine si le racleur a levé la tête de son repas encore chaud. Elle ne traîne pas pour vérifier s'il souhaiterait éventuellement changer d'objet d'attention, et rattrape rapidement son assistant qui s'essouffle rapidement à remonter la côte, couvert de son propre sang.


Prends ma main, vite !

Sans vraiment lui laisser le temps de réagir, Rhôz glisse son bras sous celui de Lohan. Son corps est encore plein d'une chaleur qui est plus que celle d'un simple échauffement athlétique, et qui s'avère communicative. Rapidement gonflés d'énergie magique, l'un comme l'autre, la pente est vitre remontée, divers accidents de terrain contournés, et tout éventuel poursuivant chitineux laissé loin derrière.

Appuyés contre un mur rocheux – non pas l'enceinte artificielle du kil mais une paroi naturelle encore en contrebas –, ils peuvent reprendre leur souffle un instant. Et laisser retomber leur élévation calorique surnaturelle. Rhôz reprend la parole, encore haletante :


Ne traînons pas trop ici. Histoire d'éviter de faire de nouvelles rencontres. Et de retrouver la porte de Kil'dara bouclée.

Ça ira ?



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Julung 8 Jangur 815 à 07h41
 
Ca n'ira pas, non...

Mais madame Rose ne s'en doute guère. Elle me pense calmé, revigoré par sa présence et l'afflux paranormal d'énergie qu'elle m'a insufflé. Si de fait, je ne peux qu'apprécier son intervention, jamais je n'ai été ciblé par quelque magie que ce soit ! Ma nature de lanystha est-elle en cause ? Est-ce plutôt le Dé... qui réagit ?Toujours est-il que je subis le contrecoup du sortilège reçu : il commence à malmener mon corps, à torturer mon esprit... et je sens que sous peu, je serai submergé :

Physiquement, ça se traduit par des picotements, des fourmillements désagréables et ce que ma mère appelle « des impatiences » : une folle envie de gigoter, de remuer et par-dessus tout, de courir m'envahit. Je veux sprinter, sprinter, sprinter ! Foncer jusqu'à m'exploser la rate !

Psychologiquement, l'angoisse monte ; je suis de plus en plus stressé, comme tenaillé par une terrible et mystérieuse urgence qui me hurle de fuir, sans raison apparente mais... n'importe où, n'importe où du moment que c'est loin, là, tout de suite !

Je dois me faire violence pour ne pas bondir dans la pente, comme si l'érudite et le frobekh n'étaient que deux versions dissemblables d'un même danger...

Absurde ?
Absurde, et pourtant...
Ce qui devait arriver arrive :

Vibration

Je suis moi. Le Dé ne m'a pas zappé !
Je suis moi mais...

J'ai huit ans.

Tout marmot, vous aurez peine à le croire, j'étais encore plus pétochard qu'aujourd'hui. Une autre façon de l'écrire suggère qu'à cet âge, j'ai cessé de grandir... mais cette fois, la nuance est sévère, ma vie « de grand » s'en est allée : j'ai vraiment huit ans, avec tout ce que cela implique... particulièrement en matière de mémoire !

Qui est cette sympathique dame, plantée à coté de moi ? Je l'ignore. Elle m'est agréable, sans que je ne sache pourquoi, mais peu importe : j'ai « les chocottes » comme jamais je n'aurais cru cela possible ; c'est comme si Bartrand, la brute qui me tabasse régulièrement dans le square aux tonnelles, venait d'apparaitre devant moi. Alors, je fais ce que je fais toujours, dans cette situation : sans un mot, sans un cri, avec pour seules armes mes grands yeux paniqués et mes deux jambes fluettes...

Je fuis.

M'élançant d'un coup, je laisse l'érudite sur place et bondis vers les crêts. J'entends qu'elle m'appelle, des voix résonnent sous mon crâne ? Cela ne fait qu'amplifier ma peur : si je n'étais pas si jeune, j'en ferais un arrêt cardiaque !

Dans le chaos de l'avalanche, mes traces se perdent.
On ne me reverra pas de sitôt.
Je cours, je vole !

...

Je fuis.


 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Julung 15 Jangur 815 à 17h18
 
Bien qu'il ne dise mot, l'expression de Lohan trahit un profond malaise. Rhôz n'est presque pas surprise de le voir subitement reprendre la fuite vers l'horizon escarpé. Peut-être un peu agacée tout de même...

Pensée :
Lohan ! Qu'est-ce que tu fabriques ?

Bien évidemment, elle ne reçoit aucune réponse. Et l'assistant est déjà sorti du décor. Une envie de l'abandonner monte en elle – s'il tient tant
à rester dehors, dans cette nature hostile, qu'il y reste ! Mais elle se ressaisit. Ce serait de la non assistance à Krolanne – ou Lanyshta – en danger.


Pensée :
Tu veux vraiment passer la nuit dans la neige et le vent, au milieu des monstres affamés ?

Elle soupire un grand coup puis repart sur ses traces. Mais, cette fois-ci, il n'en a laissé que peu dans la neige poudreuse et presque volatile. Elle n'a d'autre indication certaine que la direction initiale de sa fuite, un cap qui peut fort bien avoir rapidement dévié.

Elle continue de lui envoyer des messages sans réponse. Cependant, elle a l'impression que cela l'aide à remonter sa piste, comme si cela lui renvoyait un écho lui indiquant s'il faut plutôt aller de tel ou tel côté, obliquer à droite ou à gauche, suivre la pente vers le haut ou vers le bas. De temps en temps, une trace matérielle lui indique que par cette curieuse méthode elle suit plus ou moins le bon chemin : une trace dans un tas de neige plus compact, un morceau de laine fraîchement accroché par une branche.

Très bientôt, elle se retrouve face à une petite crevasse. Des traces dans la neige indiquent que quelque chose de lourd a récemment atterri dans la neige de l'autre coté. Dans sa fuite, Lohan a dû sauter par-dessus la fondrière. Elle prend son élan et bondit, se réceptionne comme elle peut dans la neige et reprend sa piste.

Un peu de neige se met à tomber.

Pensée :
Lohan, on va finir congelés, juste à deux pas de Kil'dara...



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Lohan Chesmyr
Comitaire actif,
Assistant

Kil'sin  
Le Vayang 16 Jangur 815 à 08h41
 
C'est marrant, j'imagine que la curieuse dame me parle et m'appelle par mon nom complet...

En voilà un drôle de fantasme ! En même temps, elle serait sans doute une meilleure maman que l'espèce de truie brutale qui me tient lieu de daronne : quand cette dernière ne me colle pas des baffes, elle me serre contre elle à m'étouffer... un comportement "on/off" qui me chagrinait et me perturbait sérieusement, quand j'étais tout-petit. Aujourd'hui, j'en ai pris mon partie ; depuis l'âge de six ou sept ans, donc depuis l'année dernière, ma mère - maquerelle - ne m'inspire plus guère d'émotion... si ce n'est la crainte, bien entendu.

La grande aux cheveux courts ne lui ressemble pas : déjà, elle m'appelle sans me hurler dessus. Pourtant, mon absence semble l'agacer... mais elle n'a pas l'air plus énervée que ça. Juste contrariée. C'est d'autant plus intriguant que - croix de bois, croix de fer, juré craché - je ne l'ai jamais, jamais vue !

D'où me connait-elle ? Ce n'est certainement pas une pensionnaire du bordel maternel : elle n'en a ni le physique opulent, ni le maquillage outrancier, ni les manières vulgaires ou le vocabulaire borné. Elle ne fait pas davantage partie du personnel de ménage. Donc, qui peut-elle bien être ??

Trop intrigué, trop intéressé pour rester planqué plus longtemps (qu'est-ce que j'ai pu prendre comme dérouillées, au nom de la curiosité), je sors la tête de ma cachette - un trou de renard dans l'épaisse couche de neige - et je dis d'une voix farouche et anormalement grave, pour mon âge :


- C'est pas Lohan. Personne m'appelle comme ça. C'est Lolo, ou Han. Je préfère Han. Han, ça frime !

A huit ans, je ne bégaie pas encore : on ne m'a pas assez cogné.
A huit ans, je suis pétochard mais j'ai une audace naturelle - source de tous mes malheurs à venir - encore vive.
A huit ans, je tutoie tout le monde. Tout s'inversera dans deux ans mais ça, c'était... avant. Dans deux ans.


- Et toi, madame, c'est comment ?

 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Luang 19 Jangur 815 à 22h12
 
Lolo... ou Han, de préférence. Pas de bégaiement ni de vouvoiement compulsif... Sur quelle facette de personnalité est-il tombé, cette fois-ci ? Peut-être une facette infantile. Ça collerait bien.

Moi ? Tu ne te souviens pas ?

Le fait qu'il sorte d'une espèce de terrier ou anfractuosité dans le sol neigeux est moins surprenant que les destinations des sautes de caractère de Lohan – enfin, Lolo, Han...

Je suis Rhôz... Tu travailles pour moi.

Cette dernière affirmation risque de de soulever de nouvelles questions. Or la situation demande sûrement de ne pas trop prolonger les palabres.

Tu me sers de porteur... L'avalanche t'a donc fait peur au point de l'oublier ?

À vrai dire, il a l'air un peu stupéfait.

Il faudrait qu'on se dépêche de rentrer avant que les portes du kil nous soient fermées au nez.


Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)
 
Rhôz
Comitaire actif,
Etudiante-Enseignante

Kil'sin  
Le Julung 5 Fambir 815 à 22h07
 
Fermées au nez ?

Le Lohan infantile est de nouveau agité d'une sorte de soubresaut et prend tout à coup une pause d'une théâtralité exagérée, les yeux exorbités. Et il s'écrie d'une voix nasillarde :

Je vais être en retard ! Je SUIS en retard !

Et le voilà qui repart en bondissant, passant devant Rhôz avant de s'élancer par-dessus la crevasse.

En retard, en retard, je suis en retard !

L'étudiante a à peine le temps de soupirer – encore une saute d'humeur – qu'il a déjà presque disparu de sa vue, remontant leur piste en braillant. Il va encore falloir courir pour le rattraper...

Mais au moins, cette fois-ci, il semble prendre la direction de la porte de Kil'dara.



Rhôz, étudiante et enseignante, chercheuse et fouineuse.
(Son empreinte psychique évoque un contour de rosier dans la brume matinale.)

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