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Danse avec les loups
stage de survivalisme improvisé
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 25 Julantir 816 à 22h26
 
La question n'est pas de toucher ou de ne pas toucher. La question est de toucher là où ça fait mal. Je connais assez bien l'anatomie krolanne pour un profane des sciences médicales. La position des organes interne, du circuit sanguin, du circuit lympathique, les points de pression, les centres nerveux, tout ça, je sais le situer facilement sur un de mes semblables. Pour soigner ou pour tuer. Mais là, je n'ai jamais eu à affronter une telle créature, je ne peux pas me contenter de viser au petit bonheur la chance...

Je me souviens des incantations pour déformer légèrement la réalité à ma guise. Je sens les flux monter en moi, le mana se concentrer sur mes yeux, développer ma vision, voir au-delà des apparences. Je vois les organes, le cœur massif pomper le sang à toute vitesse, les muscles se tendre comme un ressort, prêts à jaillir, je vois les rangées de dents, j'ai l'impression de voir ce qu'il se passe dans sa tête. Quelle sensation grisante de voir sous la peau, sous les muscles, je vois l'animal dans toute sa puissance, sa bestialité. J'aimerai avoir plus de temps pour mieux l'analyser. Mieux voir comment il fonctionne pour ensuite apprendre comment le tuer d'un seul coup bien placé.

Mes pensées me font dériver un peu trop loin du combat actuel. Je reprends pied dans la réalité un peu tardivement, me maudis pour mon emportement amateur. Donc nous disions...au diable les tirs de précision chirurgicale, ça sera pour une autre fois. Le plus simple, la cage thoracique. Et avec un peu de chance, un poumon, une rate, le foie, un cœur, une vertèbre... Les cibles sont nombreuses pour faire des dégâts.

Je relâche une première flèche qui touche en plein sternum. Puis une deuxième. Et encore une autre.Si les dégâts ne suffisent pas, le poison fera son petit office. C'est fourbe, c'est lâche, c'est mesquin mais c'est efficace. Et c'est bien l'essentiel. Le résultat. Je constate à quel point la créature est puissante tandis que j'enchaine les tirs, impressionné. Il doit exister d'autres engeances bien plus puissantes. Il me faudra m'améliorer, travailler encore plus dur pour devenir plus fort. J'ai vaguement entendu parler de créatures biomécaniques mortelles qu'une puissance ennemie développait. Les récits des combats qui me parviennent m'intriguent. Serai-je à la hauteur si mon devoir l'imposait ? Il n'y a pas de majordome inefficace pour la simple et bonne raison qu'ils sont tous morts. Tel est notre Destin.

La créature s'écroule et je pousse un soupir de soulagement. Je range mon arc en bandoulière puis me masse un peu les bras. Je suis bon pour avoir quelques courbatures dans les prochains jours. Je m'approche de mon coéquipier improvisé. Blessé mais toujours vivant. Et lui, qui le soigne ? Il s'occupe des autres mais qui s'occupe de lui ? Une vie de servilité. Cela me fait revenir de vieux souvenirs à la surface de mes jeunes années d'apprentissage. Il n'était pas rare de trouver parmi les rangs des étudiants en hôtellerie quelques médecins ou infirmiers de tout poil. Généralement bien éduqués et intelligents, ils étaient en quête d'un double cursus d'exception ou d'une spécialisation dans certaines disciplines que le Locus Solus possédait en toute discrétion.

Je tends la main au praticien pour l'aider à se relever.

Au loin, un hurlement terrible me fait presque sursauter. Bien plus puissant que les quatre loups que nous venons d'affronter, je n'ai nul doute sur l'origine de son émetteur. Le voilà, l'alpha. Quelque part au lieu, qui s'approche. Je hausse un sourcil inquiet sous ma cagoule.


Même pas le temps de prendre un sablé à la cannelle je suppose ?


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Matal 26 Julantir 816 à 00h43
 
***
Le feu, c'est dangereux. Pour celui vers qui le lance-flamme crache son jet brûlant, mais aussi pour celui qui tient l'arme... c'est vrai, un accident est si vite arrivé pour peu que le matériel soit défectueux! Et puis ça pue! Le carburant dégage cette prégnante odeur mêlant naphte, souffre et résine qui vous retourne les tripes si vous en respirez trop... Quant à la discrétion, n'en parlons pas, la seule chose moins discrète serait un lance-obus auto-propulsés. Un peu comme le prototype dans l'atelier de l'Arlequin... le genre de joujou que le Doc' mettrait bien sur sa liste de courses un de ces quatre.

Par contre, le feu c'est pratique la nuit, rien de tel qu'une cible enflammée pour que l'archer ajuste sa visée.

Le sifflement des traits du kildéen fendent l'air à une cadence telle que le loup borgne a à peine le temps de commencer à glapir après le premier impact que le suivant coupe le cri dans sa gorge puis que le dernier s'assure qu'il se taise définitivement.
Le vieux ne rigole pas avec son arc...
***

- Merci, dit le kildarien en attrapant la main tendue avec un hochement de tête de gratitude.

***
Aidé par Harvain, le médecin parvient à se relever, sans pouvoir cacher une petite grimace de douleur, et tous deux sursautent ensemble quand le hurlement les surprend. Le chant de ce loup semble plus profond, plus puissant que ceux entendus plus tôt, il traverse les chairs et fait vibrer les os... Le genre de signal qui donne envie d'être soudain très très très loin de là.

Le Doc' ne sait pas quand la bête leur tombera dessus, mais il a l'intention de mettre ce délai à profit pour se préparer à cette nouvelle rencontre. Alors il accélère son flux d'énergie psychique, racle tout ce qu'il peut pour réunir de quoi tisser les sortilèges en prévision de l'affrontement à venir.
Sans lâcher la main de Harvain, Helhar'sen profite du contact pour booster le métabolisme de l'archer afin que son corps soit prêt à régénérer à grande vitesse les blessures qu'il pourrait recevoir. Le kildéen peut sentir une sensation de légèreté physique l'envahir alors que le sortilège se répand.
***

- J'en doute fort, mais vous pourrez toujours lui proposer quand il arrivera, répond le Doc', pince-sans-rire.

***
Avec ce qu'il reste de la réserve d'énergie qu'il a réuni, Helhar'sen active son sortilège de reconstitution rapide des tissus : sa cuisse béante grésille alors que les arcs énergétiques danse sur les plaies, reconstruisant simultanément muscles, vaisseaux et nerfs... Helhar'sen serre les dents et blêmit...
En effet, le souci avec ce pouvoir d'extrême urgence, c'est qu'il ne laisse que peu de latitude pour gérer différentiellement les fibres nociceptives, ce qui fait qu'une bonne partie d'entre elles s'activent immédiatement une fois reconstruites, chose qui n'arriverait pas si elles étaient traitées en dernier dans un environnement déjà parfaitement régénéré.
Traduction : pendant les quelques secondes que dure la reconstitution, le Doc' a l'impression que quelqu'un est en train de faire de la viande hachée avec sa jambe... Il aurait dû s'en douter, mais après tout c'est la première fois qu'il doit reconstituer un morceau aussi important!

A l'issue du processus, la cuisse est grosso-modo reconstituée. Il manque les finitions bien sûr, les poils mettront du temps pour pousser et l'épiderme à cette couleur rose-blanc diaphane de la peau récemment cicatrisée, mais l'essentiel de la mobilité de sa jambe est revenu.
Helhar'sen lâche enfin la main de Harvain, pouvant à présent parfaitement assurer son équilibre...
***

- Ah heu... désolé si j'ai serré un peu fort, je ne pensais pas que ça piquerait autant... dit-il avec un sourire un peu piteux.

***
Le sourire disparait rapidement quand des craquements de branches attirent leur attention dans la direction du fourré d'où les précédents loups alphas avaient jailli. Seulement cette fois la masse imposante qui en sort ne se presse en rien... si les précédents loups géants étaient des loups alphas, celui-ci doit être l'apha des alphas : plus haut, plus large, un pelage sombre et un regard brillant d'une intelligence bestiale... Les poils autour de ses babines sont collés du sang de sa précédente proie, rendant un air vraiment cruel à sa gueule pleine de crocs énormes.
Il hume l'air, renifle l'odeur du sang encore chaud de ses congénères, puis fixe son attention sur les deux lanyshtas. S'il avait pu parler, le Doc' l'imagine aisément dire un truc du genre "les mecs, j'vais vous défoncer la face".

Les paroles prendraient un temps dont ils ne disposent pas alors que les pensées peuvent être instantanées... Helhar'sen tente donc d'établir un canal télépathique avec Harvain pour se donner le temps d'établir une stratégie.
***

Pensée :
"Par les vromballes, je n'aurais jamais cru qu'il puisse exister des loups de cette taille!
J'allais vous proposer de servir de leurre pour détourner son attention pendant que vous lui cloueriez son bec, vu que ça avait plutôt bien marché pour le précédent, mais vu sous cet angle ça me tente un peu moins tout d'un coup...
Ceci dit je suis un peu à court d'inspiration face à ce machin... Une idée de génie avant qu'on se lance?"





(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 31 Julantir 816 à 23h35
 
Je hausse un sourcil dubitatif en voyant les soins opérer sur mon comparse. C'est plutôt impressionnant de reconstituer des chairs vivantes en l'espace de quelques secondes. Au prix d'un certain inconfort si j'en juge par le visage crispé de mon interlocuteur et la pression qu'il exerce sur ma main. J'aurai pu dire "ouïe" mais il eut été inconvenant de me plaindre à côté de quelqu'un qui subissait bien pire.

Cette sensation qui court en moi, je sais qu'il m'a lancé un sort de soutien même si je ne sais quel type précisément. Il me faudra en apprendre davantage à terme. La sensation n'est pas désagréable d'ailleurs, un peu comme lorsque je déguste un bon thé même si je suppose raisonnablement que ce n'est pas exactement le but recherché. Toutefois, mon côté individualiste et méfiant me fait remarquer, en arrière plan de mon esprit, que mon infortuné compagnon de voyage a pu me lancer un sort sans la moindre difficulté, comme si mon travail de résistance aux formes de magie n'avait servi à rien. Un sort offensif serait probablement passé avec la même facilité, me laissant aucune chance de riposter. Ce constat, bien plus inquiétant que la menace lupine arrivant à grands pas, me faisait réfléchir aux inflexions nombreuses que devait prendre mon entrainement. Plus rapide, plus discret, plus puissant, plus résistant, sur le champ des opérations, un bon majordome se doit de répondre efficacement à toute situation. Et pour l'instant, j'en suis loin du compte, j'en ai bien peur. Si ce Geoffroy Malighan avait été aussi bon noxamancien que lutteur, je n'aurai pas eu la moindre chance.

L'arrivée de l'alpha me fait revenir à la réalité. Mes interrogations existentielles devront attendre quelque peu, c'est gênant. Je déteste être interrompu. Presque autant d'être tué. Tué, c'est fâcheux, les morts ne boivent pas le thé. Ou alors, sur un autre plan d'existence ? A creuser. Mais bref, restons concentrés quelques minutes.

"Il ne va plus en exister pour bien longtemps Docteur Helhar'sen" aurait pu être une pensée qu'une personne avec de la répartie aurait pu dire ou une remarque humoristique du genre "et moi j'allais proposer que vous restiez ici pendant que je courais au loin chercher des renforts".


Aucune idée docteur, je n'avais pas de très bonnes notes en cours de stratégie.

Je bande mon arc sans trop réfléchir davantage. Tant pis pour l'effet de surprise. Le loup me regarde et gronde. Il dévoile une impressionnante rangée de crocs. J'aime ce genre de situations. Claire, nette et franche, on sait pourquoi on est là. Nous sommes entre personnes intelligentes j'aime à penser et ce loup m'apparaît comme un partenaire de combat honnête. S'il m'arrache le cœur avec les dents, j'aurai la consolation de savoir que cela aurait été dans les règles.

Mais vu que dans votre état actuel, je me déplace plus rapidement que vous, je vais l'emmener avec moi.

Allez mon gros, concentre toi sur la menace principale. Ce n'est pas l'estropié à ma gauche qui va te faire du mal hein ? Allez c'est ça, vient ici saloperie, vient voir tonton Harvain. T'es un chasseur, tu aimes courir après tes proies c'est ça ? Le prédateur qui suit son futur repas sur des kilomètres avant de porter l'estocade ? Eh bien essaye donc pour voir.

Je relâche la flèche qui part se planter dans l'épaule du loup, voilà de quoi attirer son attention. Je cours à toute vitesse vers lui pour qu'il ne pense plus qu'à moi. Puis me vient une réflexion étrange. Je cours plus vite que le docteur certes mais probablement moins vite qu'un loup... Ah mince. Je fait volte-face et m'échappe un peu plus loin, je sens le loup sur mes talons, je ne tiendrai pas longtemps à ce rythme. Je glisse sur le sol et me cache dans une anfractuosité de la roche et répand un flacon de parfum autour de moi. Je regrette de devoir sacrifier une eau de cologne de cette qualité mais cela devrait bloquer son flair quelques temps. Je l'entends passer à côté de moi tandis que je bloque mon souffle.



 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Luang 1 Agur 816 à 21h56
 
***
Si Harvain se pose des questions quant à sa capacité à résister à la magie, Helhar'sen n'a guère conscience de son inquéitude. Oh bien sûr, il a bien senti une petite résistance... mais bon, il y a toujours une petite résistance et ça n'a jamais empêché ses pouvoirs de rentrer comme dans du beurre.

Le Doc' reste un instant hésitant, mais il faut bien avouer que le kildéen a parfaitement attiré l'attention de l'alpha en faisant demi-tour juste avant le moment où le loup (et Helhar'sen) pensait qu'il allait attaquer. En revanche, il y aurait quelques commentaires à faire sur la distance de sécurité à respecter face à un tel monstre : celui-ci bondit à la suite de Harvain, et les mâchoires du loup manquent plusieurs fois de peu ses jambes avant qu'il ne se glisse in extremis dans une fissure.

L'alpha cherche à insérer son museau et gratte la roche de ses pattes, furieux de ne pouvoir attraper cette proie qui était pourtant si proche et de se retrouver avec cette odeur violente dans les narines. Il en a presque oublié l'autre proie qui - en l'occurrence - a pu se mettre en position derrière lui et prendre le temps d'ajuster son tir.

Helhar'sen ajoute un quart de tour à la vis de réglage du débit de carburant pour provoquer une surpression de la chambre d'éjection, aligne la mire avec l'arrière-train du loup qui lui fait face, et appuie sur la détente.

L'alpha pousse un glapissement aigu en bondissant en l'air par réflexe, comme s'il était monté sur ressort, et les flammes dessinent un arc lumineux en l'air suivant sa trajectoire. Néanmoins la douleur cuisante que le médecin vient de lui coller au derrière n'est pas suffisante : le bond du loup lui a permis de se débarrasser d'une partie du feu liquide qui retombe à présent comme une pluie incandescente, et il ne perd pas de temps pour se ruer vers son nouvel agresseur.

Helhar'sen roule de côté, esquivant de peu la charge. Même sans regarder, il sait d'expérience qu'il ne dispose au mieux que de deux ou trois secondes avant que la bestiole fasse demi-tour et lui saute à nouveau dessus. Pas le temps de prendre de la distance...
Le Doc' fait donc face au monstre et fait cracher son arme. L'inconvénient des lance-flammes portatifs, c'est qu'ils ne disposent pas de compresseurs motorisés qui permettraient de faire jaillir le feu en continu, et il faut se contenter de tirs espacés au moins d'une seconde, le temps que le ressort réarme le piston servant à générer la pression nécessaire à chaque tir. Ce court délai laisse le temps au loup de bondir de gauche et de droite, esquivant avec une vélocité inimaginable pour son énorme gabarit chacun des trois jets de feu que le médecin a le temps de tirer avant que les mâchoires de l'alpha se referment sur son avant-bras droit.

Pour Helhar'sen, le temps semble suspendre son vol alors qu'il concentre tout son esprit pour durcir son bras.
Les premiers millimètres d'épaisseur, l'épiderme, cèdent dès que les dents commencent à serrer. En dessous, le derme et la fine couche graisseuse n'opposent guère plus de résistance et les crocs commencent à les traverser alors que le pouvoir du lanyshta entre en jeu pour renforcer les muscles et les os. Les premières fibres musculaires craquent sous la pression, mais le gros des faisceaux se déforme, ils s'écartent sans se déchirer. La puissance de la morsure est telle que le Doc' sent les os de son bras fléchir, sur le point de rompre.

La scène ne dure qu'une fraction de seconde, le temps que les crocs se referment. En temps normal l'alpha n'aurait eu qu'à écarter brusquement la tête pour arracher le membre déjà quasiment sectionné. Mais cette fois la chair n'a pas rompu, et c'est toute la proie qui vient quand le loup tente d'arracher le morceau qu'il tient dans la gueule.
Inutile de penser résister à la puissance physique du monstre, de toute façon Helhar'sen n'a pas vraiment le temps de comprendre ce qui se passe quand le sol et le ciel s'inversent plusieurs fois d'affilée avant qu'il aperçoive le tronc d'un chêne en très gros plan et que tout vire au noir.

Un observateur extérieur aurait pu penser qu'il s'agissait d'une tentative de triple salto vrillé. Bonne note artistique, mais beaucoup de progrès à faire, notamment au niveau de l'atterrissage...
***





(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Vayang 5 Agur 816 à 08h26
 
Sous la cagoule, j'ai presque l'impression de sentir mes sourcils roussir lorsque les flammes déferlent près de moi. Lorsque la voie est libre, je ressors à l'air libre. Il me faudra vraiment prendre des cours de stratégie... Je me redresse et grimpe sur un petit promontoire non loin du feu de camp. J'encoche une nouvelle flèche et cherche du regard ma cible. Au loin j'avise la forme reconnaissable du loup qui...vient d'envoyer le docteur dans les airs. Je reconnais le talent d'une belle pirouette acrobatique, du même style que nous faisions plus jeunes en cours de gymnastique rythmique et sportive, sauf que nous portions des tenues plus adaptées. Je restais souvent au fond à cause de mes chevilles fragiles et je m'étais contenté de la moyenne à l'examen. Je fais feu et mon coup fait mouche mais je me fais repérer, il fonce sur moi, j'ai le temps de préparer un autre tir, je vise et touche, ralentissant à peine l'animal fonçant à pleine vitesse sur moi. Il bondit et je n'arrive pas à esquiver la charge. Je roule sur le sol. Pour la première fois depuis des années, je perds mon sang froid, tout est flou et rapide. Ses pattes labourent ma tenue et mon torse en dessous. Je repousse difficilement sa mâchoire avec mes mains, essayant de ne pas les perdre à l'intérieur de l'immense gueule. Mon arc a glissé à quelques pas, je ne peux pas sortir ma dague sans risquer de me faire mordre jusqu'à la moelle, je n'arrive pas à contacter le docteur.

J'ai bien l'impression que je suis foutu.

Un sursaut d'adrénaline me fait puiser assez de force pour rouler sur le côté, saisir une pierre qui trainait et cogner le loup au visage. Il hurle de douleur et recule de quelques pas tandis que je récupère mon arc, chancelant. Ma vue est brouillée, j'ai la tête qui tourne et les mains poisseuses. C'est à ce moment que je comprends quelque chose de tragique.
Si j'attaque et que je le touche, il meurt.
Si j'attaque et que je le rate, je meurs.

Est-ce que je suis assez joueur pour tenter ? Est-ce que je vais faillir à ma tâche ce soir ? Les paris sont ouverts. Ma main commence à trembler, je vois le loup en face de moi. Il a comprit la même chose, il attend, le premier qui craque perd. Je le maintient en joue et lui ouvre la gueule, l'équilibre de la peur va se rompre d'un moment à l'autre.

Pour la première fois depuis des années, j'ai peur.



 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Vayang 5 Agur 816 à 15h52
 
***
Un goût de fer dans la bouche, tout le côté droit du visage qui irradie la douleur... d'ailleurs son oeil droit fait la grève, refusant de s'ouvrir. Le gauche en revanche semble intact et l'informe qu'il se situe à une petite dizaine de mètres du sol, il pend mollement accroché sur la bifurcation de deux grosses branches.

Rien ne semble bouger au premier abord, et le Doc' craint d'être resté dans les vapes pendant longtemps et que l'alpha ait boulotté le vieux coincé entre temps, mais un léger bruit attire finalement son attention et il repère le loup hérissé de deux nouveaux traits d'acier. Harvain a presque entièrement disparu sous lui, seule une jambe dépasse... Helhar'sen croit d'abord avoir vraiment perdu son compagnon de mésaventure, mais l'immobilité du loup lui met la puce à l'oreille et il focalise son attention pour repasser en vision vitale.
Harvain est là, coincé sous la masse du monstre, retenant ses mâchoires dans une situation qui semble bien être une impasse...
***

- Bordel. lâche-t-il dans un murmure las.

***
Certains auraient peut-être profité de la situation pour filer se mettre en sécurité, considérant le kildéen comme perdu. Mais le Doc' n'est pas fait de ce bois, lui-même ne serait probablement plus en vie sans l'intervention providentielle de Harvain, le kildarien ne pourrait plus se regarder en face s'il l'abandonnait à présent.

Helhar'sen se redresse en équilibre, debout sur les branches, et tout son corps semble se rebeller contre cet effort. Quel fainéant ce corps alors! Le kildarien enclenche une bonbonne neuve de feu liquide dans son frouzeur et constate que ses mains tremblent...
***

Pensée :
"Je vais compter jusqu'à trois, tenez bon et préparez vous à fermer les yeux."

***
Le lanyshta occulte la douleur qui irradie dans ses membres alors qu'il s'élance le long de la branche... Il a au maximum trois foulées avant d'arriver au bout du segment le plus épais, apte à soutenir son poids et son appui.
***

Pensée :
"Un."

***
Ca va être juste, surtout avec un seul oeil pour estimer les distances, mais il est trop tard pour faire machine arrière.
***

Pensée :
"Deux."

***
Le vent siffle à ses oreilles tandis que le Doc' quitte la branche en sautant le plus loin possible. La trajectoire semble correcte, il devrait atterrir sur le dos de l'alpha.
***

Pensée :
"Trois."

***
La manoeuvre est risquée... s'il tire trop tôt, la résistance à l'air risque de lui renvoyer le feu au visage pendant la chute. Helhar'sen appuie sur la détente et la goutte de feu liquide douche la tête et les épaules du monstre au moment où lui-même atterrit durement - talons en avant - sur les reins de sa cible.
Avec de la chance, Harvain - couvert par le loup - serait épargné par le tir.

La réaction de l'énorme créature lupine est immédiate, elle rue en arrière, relâchant instantanément la pression sur sa première proie pour se rouler à terre et éteindre ces flammes qui courent sur son crâne. Le médecin, jeté à terre par la ruade, se redresse tant bien que mal et entreprend de vider méthodiquement son arme sur la bête agonisante.
Les tirs finissent par l'ensevelir sous les flammes, faisant brûler jusqu'au sol autour d'elle avant qu'elle ne cesse de bouger définitivement.
***

- Coriace celui-là... commente finalement le Doc' en boitant vers Harvain pour voir comment il s'en est tiré.

***
Le côté droit du visage du Doc' lui fait toujours un mal de chien. Pas étonnant, son arcade et sa pommette ont tout simplement explosé à l'impact contre l'arbre, et au jeu de qui est le plus résistant, la peau de sa joue a subi une défaite instantanée en rencontrant l'écorce... L'avant-bras mordu par le loup est également dans un triste état, et vu la douleur dans sa poitrine il s'est certainement encore fêlé quelques côtes. C'est donc un Helhar'sen avec le visage boursouflé et ensanglanté qui s'affale avec une grimace à côté du kildéen.

Celui-ci a de profondes blessures au buste, très profondes... la vision vitale montre au médecin que le vieux n'est pas passé loin de la mort, mais sa régénération accélérée de lanyshta est déjà en train de réparer les tissus déchirés.
***

- Ne bougez pas trop mon vieux, vous êtes salement amoché. dit-il comme si lui même ne venait pas de se prendre une grosse branlée. Comment... *Le Doc' s'interrompt pour tousser un peu de sang.* ... comment vous sentez vous?




(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 8 Agur 816 à 21h01
 
*** Ambiance ***


Je n'arrive plus à réfléchir, je reste de longues secondes toujours avec l'air bandé. Je n'arrive plus à réfléchir, mon esprit se retranche loin d'ici et maintenant, à une époque où beaucoup de choses étaient plus simples. Je m'y perds, au milieu d'une galerie de visages perdus et oubliés, amis, famille, employeurs, employés, clients, victimes, inconnus. Je plonge au milieu de cette mosaïque silencieuse, les yeux fermés. Je sais pourquoi. La plupart du temps, j'étais présent, parfois acteur, parfois spectateur.

Mon esprit dérive encore, je progresse plus loin, je quitte la galerie de visages pour arriver à la galerie d'armes. Celles que j'ai connu, celles que j'ai appris à maîtriser, celles que j'ai choisi, celles que j'utilise encore aujourd'hui. D'autres armes sont présentes que je reconnais ou non. Une lumière blafarde m'éclaire comme un puits de lumière au milieu des ténèbres.

Les armes disparaissent pour ne laisser qu'un noir devant moi. Dans une police cursive, délicate, un texte apparaît en suspension dans le vide, comme si on l'écrivait. Dès les premiers mots, je reconnais mon augure, celui qui a guidé ma vie. Le long poème, tout en alexandrin avec césure à l'hémistiche, continue. Je vois les vers s'écrire devant moi. J'ai cette impression de froid qui m'emplit. Oui, je suis cet homme là, je l'ai été et je le serai, comme prévu. Tout s'accomplira selon la Volonté du Destin.

Je me sens si las quand ma conscience décide de réintégrer l'ici et maintenant.

Je reste quelques secondes sans pouvoir comprendre ce qu'il se passe. Je reprends pieds dans la réalité et me redresse en entendant la voix du docteur à travers les brumes de mes divagations.

Je relâche la pression de mon arc et range la flèche dans le carquois. Je me redresse en grimaçant, adoptant une démarche plus majordomale. Je retire ma cagoule sanguinolente et cligne des yeux.


*** Ambiance ***


Mon vieux ? Mon vieux ?! Mon vieux !! Docteur Helhar'sen, surveillez vos propos, je ne suis pas "votre vieux" ! Et de toute façon, je ne suis pas vieux.

Trait d'humour décennal en approche.

Je suis jeune depuis un peu plus longtemps que la moyenne.

Rendez-vous dans dix ans.

Je vais parfaitement bien !

Vexé mais pas fou, je m'éloigne en boitant, aidé par l'arc comme d'une canne.


Sachez docteur que ce loup alpha ne valait pas un pet de lapin par rapport à l'animal de compagnie de mon ancien maître, le maître juriste Nitram. Cette créature, que des voisins médisants qualifiaient de "monstre" répondait au nom de Lar'sen. Je devais le promener deux fois par jour, lui couper les griffes tous les mois et lui faire des tresses dans la crinière. Et c'était autrement plus violent que cette créature de seconde zone. Non mais oh !

J'évite de marcher trop vite, cela fera mauvais effet si mes entrailles décidaient d'aller faire un tour ailleurs.

Il me faut une tasse de thé, je suis trop vieux pour ces conneries


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Matal 9 Agur 816 à 13h41
 
***
"Jeune depuis plus longtemps que la moyenne"? C'est la première fois qu'on la lui sort, celle-la! Note pour plus tard : le vieux est susceptible quand on parle de thé et aussi quand on l'appelle "vieux", éviter de trop le titiller sur l'un ou l'autre de ces points...

Quoi qu'il en soit, Helhar'sen aurait bien haussé un sourcil dubitatif quand Harvain clame aller parfaitement bien, mais son visage boursouflé et douloureux l'en dissuade instantanément. Soit, que le kildéen garde sa fierté s'il le souhaite, le Doc' a déjà beaucoup à faire pour se remettre lui même sur pied.
L’accélération de ses flux de mana est un processus douloureux, mais clairement nécessaire vu que ça réserve d'énergie est à plat : le Doc' serre les dents, le temps d'avoir de quoi amorcer la guérison accélérée de ses blessures... Après quelques instants, le lanyshta parvient enfin à libérer ses pouvoirs régénérateurs, avec son visage pour cible prioritaire. Il lui faudra encore attendre de longues minutes avant que la moitié droite de sa face désenfle suffisamment pour que son oeil poché puisse à nouveau s'ouvrir.

Une fois la magie activée, Helhar'sen se relève pour rejoindre Harvain, déjà retourné auprès de leur feu de camp pour préparer une nouvelle tournée de thé.
Pendant que le Majordome s'active de son côté, le Doc' sort sa trousse de secours de son sac pour s'atteler de façon plus traditionnelle au soin de ses blessures.
***

- Prenez ce dont vous avez besoin, n'hésitez pas, dit-il en indiquant le matériel médical tout en prenant lui même le nécessaire pour désinfecter et suturer son bras. Dans le petit pot beige marqué AB-14, il y a un onguent désinfectant-cicatrisant qui protègera les zones où votre peau est complètement arrachée, le temps que les tissus se reforment.

***
Le kildarien commence par s'occuper de son avant-bras portant la profonde marque de la morsure du dernier alpha, il débouche le flacon d'éthanol et en verse une généreuse rasade sur les plaies pour que le liquide désinfecte et emporte les impuretés. La douleur est violente, mais le Doc' réalise qu'il ne ressent le feu de l'alcool qu'à l'extérieur de son avant-bras, et conclut donc qu'il y a de bonnes chances pour que son nerf cutané-médial du bras ait été sérieusement lésé. Ca repoussera avec le reste, quand il aurait récupéré assez d'énergie pour s'en occuper!

En attendant, Helhar'sen entreprend de suturer la peau, c'est toujours ça de gagné sur la cicatrisation...
***

- En tout cas, je crois que je ne vous remercierai jamais assez pour votre aide providentielle, sans vous j'aurais sûrement eu la désagréable opportunité d'expérimenter la capacité de rematérialisation dont nous sommes a priori dotés à présent...
Alors merci Harvain,
dit-il en relevant la tête de son ouvrage pour fixer le kildéen, je vous dois une fière chandelle...

***
Un peu gêné, le Doc' replonge vite à ses petits points serrés et change de sujet.
***

- Pardonnez-moi, je n'ai pas l'occasion de croiser beaucoup de kildéens au quotidien dans ma petite Cellule Médicale, mais je me demandais... ce genre d'évènement, votre vie mise en danger alors que vous portez secours à un inconnu, est-ce relaté dans vos Prédictions? Même si votre vie a visiblement déjà été bien remplie d'épreuves - et que ça n'est pas près de s'arrêter maintenant que vous êtes un Eveillé - je me posais la question...




(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Merakih 10 Agur 816 à 22h15
 
*** Ambiance ***


Ce n'est pas parce qu'on est sur les bords pentus de l'existence avec une vue de premier plan sur le gouffre de la mort qu'on doit négliger de correctement exister. Il serait inconvenant de se soigner à la va-vite sans avoir pris une bonne tasse de thé. Et oui, car dans l'hypothèse où je viendrai à trépasser, au moins, ça sera avec une tasse à la main et ce ne ne sont pas quelques soins qui changeront quelque chose. Si je survis, eh bien, ça ne change pas grand chose. De toute façon, j'ai besoin d'un remontant. Comme disaient nos anciens professeurs au Locus Solus, on n'est jamais assez blessé pour ne pas prendre une bonne tasse de thé. Ces années difficiles auront fait évoluer ma capacité à survivre aux pires situations à un niveau confortable, me permettant de puiser dans des ressources cachées dans les situations...inconfortables.

De toute façon, je n'ai presque plus de sang à perdre, tout a déjà foutu le camp donc bon. Pour l'occasion, un petit thé aux épices rehaussé d'une pointe de bergamote. J'écoute d'une oreille mon interlocuteur mais je garde les yeux sur la théière qui chauffe.


Je vous en prie docteur, je ne doute pas qu'un individu intelligent comme vous aurait choisi une solution de repli plutôt qu'un affrontement direct perdu d'avance.

Je me sers le thé. Je n'ai pas eu le temps de laver ma tasse, quel drame, voilà à quoi en suis-je réduit. Cochonneries !

Je prends une gorgée de thé, ça revigore un peu. Je pose la tasse sur un rocher plat et déballe ma propre trousse de soin. Je saisis un manuel intitulé "Les soins d'urgence pour les nuls : volume 3" avec une illustration censée être amusante. J'ouvre au niveau d'un marque page ouvragé. Je lis pendant quelques minutes avec concentration. Puis je repose le livre et sort une grosse bobine de compresse, l'air perplexe, que je pose dans un coin. Je sors des petites lunettes en demi-lunes que je pose sur le bout du nez tandis que je marmonne en lisant l'étiquette. Je débouche la bouteille, imbibe une éponge, lis le livre et l'applique sur mes blessures.


Oh. Ca pique. Diantre.

Je continue mes soins avec la même application qu'un écolier qui apprend à écrire de belles lettres. Le docteur pourra se rendre compte que si dans mon livre il y avait un "5) imitez une poule et sautez par-dessus la falaise", je serai déjà en train de faire le gallinacé avec zêle.

Hum ?

Ah cette curiosité des Sans-Destins de notre mode de vie si déterministe.


Vous parlez des Augures docteur Helhar'sen ?

Je commence le bandage, voyons, chapitre 4...

Les Augures sont...

Barbare ignorant.

...un mélange entre de fortes recommandations et des indications pour parler en des termes compréhensibles. Et parce que chaque kil'déen est unique, aucun Augure ne sera identique. Dans son fond bien sûr mais également dans sa forme. Certains rédacteurs sont très précis dans leur rédaction, d'autres beaucoup plus évasifs. Certains font des poèmes, d'autres des chansons, parfois une liste d'indication comme une prescription si vous voulez. Les Prédicateurs, ces rédacteurs si vous préférez, déterminent les Augures des kil'déens, mais également de nos institutions, des entreprises, des projets, du quartier dans son ensemble, voire de l'ensemble de Syfaria comme ce fut le cas pour notre fondatrice Scylla.

Bien serré le bandage dit le manuel. Hum, normal, je ne veux certes pas que mes intestins partent en randonnée... Nouvelle tasse de thé.

Ces Augures nous disent comme vivre, dans quel but, avec qui et pourquoi. Il ne nous vient pas à l'esprit d'aller à l'encontre de nos Augures. Pourquoi faire puisque c'est écrit et prédit ? Toutefois, des...

Moue désapprobatrice.

...réécritures sont possibles. Des adaptations nécessaires, des études de destin...complémentaires, des analyses contradictoires. Mais même ces révisions sont prévues.

Un instant.

Mon Augure ?

Bah voyons. Je vous tue après et je m'assure que vous ne reviendrez pas d'entre les morts alors ?

Rien de bien intéressant j'en ai peur. En synthèse, que j'accomplirai mon rôle au service des autres.

Bon, maintenant, les épingles à nourrice pour bien faire tenir le bandage.


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Julung 11 Agur 816 à 17h01
 
***
Helhar'sen finit de suturer son bras en écoutant les explications du kildéen. Il prend ensuite un rouleau de gaze et va pour enrouler quelques mesures de tissus par dessus les plaies recousues quand ses yeux tombent sur le spectacle du Majordome en train de refermer ses plaies. Comme un sagouin, certes, mais en buvant tranquillement son thé, sans stress.

Le médecin pince ses lèvres pour s'empêcher de commenter la méthode employée par son compère, qui ne s'est même pas donné la peine d'utiliser le baume proposé par le docteur.

Harvain récite bien une leçon qui n'apprends pas grand chose au Kildarien, si ce n'est que son interlocuteur n'est guère flexible sur ce sujet. Un de plus...
***

- Voilà un synthèse que je ne pourrais pas contredire après votre aide de ce soir en tout cas... commente platement Helhar'sen en finissant de nouer la gaze autour de son avant-bras.

***
Le kildarien tâte son visage, et constate non sans plaisir que celui-ci a déjà bien diminué de volume. A ce rythme, il pourrait bientôt ouvrir à nouveau son oeil droit.
***

- Je vous propose qu'on monte le camp ici-même... On n'irait pas bien loin, de nuit, dans cet état. Et demain matin notre métabolisme aura déjà résorbé l'essentiel de nos blessures.
Pour ma part, j'ai eu ma dose d'émotions fortes : je ferai route vers le Dara. Si vous souhaitez m'accompagner, vous êtes le bienvenu d'ailleurs.


***
Le Doc' se range sa trousse de premiers secours dans son sac, et vient s'assoir devant le foyer allumé par Harvain, face à celui-ci.
***

- Je prends le premier tour de garde si vous voulez. propose-t-il en regardant distraitement les bandages d'Harvain rougir en absorbant le sang qui s'écoule encore de son abdomen à vif.




(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Sukra 13 Agur 816 à 21h34
 
*** Ambiance ***


Je me masse l'épaule tranquillement. J'aurai des courbatures sûrement. C'est fâcheux. Et sans compter que mes vêtements sont fichus. Heureusement, j'ai une chemise de rechange mais pour l'instant, il me faudra attendre un peu. Et flûte, je n'ai plus ce flacon de parfum, dommage, je n'aurai pas dit non à un peu d'agrément olfactif... Je crains qu'il ne me faille prendre un autre congé maladie en plus de celui que j'ai actuellement. Voilà qui est problématique. J'enverrai un courrier à madame d'Ascara pour lui demander de prolonger mon remplacement.

C'est une bonne idée docteur Helhar'sen. Peut-être trouverai-je un précepteur qui pourra m'enseigner à parler ce patois...

...sauvage...

...exotique. Un bon serviteur doit savoir parler toutes les langues, ne serait-ce qu'un vocable de survie.

Thé, tasse, théière, pince à sucres, assiette, biscuits à la cannelle, dague, assassinat, innocent...

Je continue ma tasse de thé. Un observateur extérieur pourrait trouver la situation ubuesque, quelque peu. Un mourant et un éclopé autour d'un feu. L'un grignote un piaseau sans condiments, l'autre sirote un thé dans une tasse en fer blanc. Mais, dans le décor, cela semble tout à fait normal, presque classique. Si on met de côté les cinq cadavres lupins carbonisés ou criblés de flèches bien sûr... Mais comme je le dis souvent, on a beau frapper devant l'entrée du domaine de la Mort et d'être perdu en rase campagne, ou montagne en l'espèce, il n'empêche que la civilisation s'accommode de tout. Un petit feu, une tasse de thé et un sablé à la cannelle. Ou à la fleur d'oranger éventuellement.


Très bien, ça me va.

C'est probablement sans surprise que le praticien me verra sortir une petite brosse à dents et tout le nécessaire pour une toilette sommaire, notamment un peigne à rouflaquettes. Dommage, j'ai perdu les chaussons il y a quelques jours sinon l'attirail aurait été complet. Plus tard, je m'installe dans un duvet et dégaine un livre.

*** Quelques minutes plus tard, le livre sur le visage, le majordome ronfle. ***



 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Dhiwara 14 Agur 816 à 20h24
 
***
Helhar'sen écoute avec soulagement la respiration régulière de Harvain. Le kildéen a beau avoir été salement amoché, il ne perd pas le nord, pragmatique jusqu'au bout. Ca reflète d'ailleurs assez fidèlement l'empreinte mentale que le lanyshta laisse sur les Entrelacs de Pensées.

Une fois seul, Helhar'sen n'a pas longtemps à chercher pour savoir comment occuper les prochaines heures : il a paré au plus pressé avec ses blessures, mais il reste beaucoup à faire. Les os de son avant-bras gauche mordu par le loup n'ont pas été broyés grâce à la magie, mais ils se sont fêlés à de nombreux endroits, tout comme ses côtes, en particulier du côté droit sur la zone d'impact avec l'arbre lors de son vol plané... La cuisse dont il manquait encore un morceau il y a peu s'est refermée, tout comme sa joue déchirée, mais la peau diaphane nouvellement formée est tendue fragilement sur des muscles reformés à la hâte, atrophiés. Le médecin s'attelle donc à établir une mince équilibre entre l'accélération de ses propres flux de magie - dont la pression tend à détériorer son état - et les effets des sortilèges curateurs qu'il forme grâce à ceux-là. Et de répéter le processus en un cycle jusqu'à ce qu'il ne reste plus que quelques traces superficielles.

Pris par son travail de régénération, le Doc' ne voit pas le temps passer si bien que l'aube commence à poindre quand il est finalement à peu près satisfait, c'est à dire quand il ne reste plus que les poils à faire repousser. Pas grave sur la cuisse, mais ça fait bizarre au niveau de sa barbe... il n'aurait qu'à dire qu'une flamme a léché son visage! Faire repousser les poils se fait un par un, car chacun est un organe à part entière : trop fastidieux alors que quelques jours suffiraient pour qu'ils repoussent naturellement.
Helhar'sen finit sa cure par un sortilège de report de fatigue, un pouvoir dont il use et abuse peut-être un peu trop fréquemment ces derniers temps. Bah, il serait temps de faire une nuit complète quand il serait de retour chez lui. Le médecin va poser une main sur l'épaule de Harvain pour le secouer doucement.
***

- Harvain?
Le jour est en train de se lever. Désolé de ne pas vous avoir réveillé avant, mais je n'ai pas vraiment besoin de sommeil, et vous aviez l'air de si bien dormir...
Vous vous sentez d'attaque pour faire la route jusqu'au Kil?





(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Luang 15 Agur 816 à 22h30
 
J'ouvre les yeux et machinalement, ma main glisse vers la dague empoisonnée dans mon veston. Je n'ai pas l'habitude qu'on me réveille et les personnes qui m'ont vu me réveiller se comptent sur les doigts d'une main. Les personnes vivantes, encore moins... C'est fâcheux. Je cligne des yeux pour reprendre mes esprits et lâche mon arme.

Ce n'est pas raisonnable docteur, et ce n'est pas très juste non plus.

Je me redresse mécaniquement. Aie mon dos. Fichues lombaires. Ah oui, aie partout ailleurs également. Les folies d'hier soir présentent la facture à mon organisme au petit matin. Je me sens affaibli par mes blessures sur le torse et à l'abdomen, mais moins que si je n'avais pas bénéficié des vénéfices du médecin.

Mais merci quand même docteur.


Je me redresse en grimaçant. Oh oui, je serai bon pour me reposer encore quelques jours. Je vais terriblement m'ennuyer mais il parait que ce quartier de sauvage bénéficie tout de même d'une bibliothèque. Peut-être y trouverai-je quelques livres pour m'occuper. Je me redresse et adopte une posture toute majordomienne malgré l'état quelque peu débraillé et les blessures. La vie continue, la routine reprend.

Je vais préparer le petit déjeuner monsieur.

Je fais le tour de mes provisions. Hum, les biscottes n'ont pas fière allure, il m'est impossible de servir des biscottes qui ressemblent davantage à un puzzle qu'à une biscotte. Ca c'est du soucis... Voyons, avec la marmelade d'oranges, je pourrai improviser un petit crumble de survie. Ca manquera de beurre, mais nous devrons faire sans je le crains. Et avec ça, une double tasse de thé noir pour un effet tonique. Je sors les gamelles de mon paquetage et prépare le crumble pendant que l'eau du thé chauffe. Les gestes sont sûrs, calculés et précis. Je suis dans mon élément même si j'aurai préféré une bonne cuisine avec tout le confort de la civilisation.

N'empêche, un crumble sans beurre...où va le monde ?

Je verse le thé dans les tasses en fer blanc avec d'infimes précautions. Je cherche du regard une pierre plate qui aurait pu faire office de table mais rien dans la nature ne semble fait pour me faciliter la tâche. Tant pis. Même dans une tempête je servirai le thé.

Je tends d'abord la gamelle.


Pour ce matin, un crumble à la marmelade d'oranges amères.

Puis la tasse.

Et une tasse de thé noir.


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Matal 16 Agur 816 à 15h55
 
***
Même si le Majordome a bien récupérer pendant la nuit, l'état de ses blessures reste préoccupant, mais - malgré quelques difficultés à s'extraire de sa position allongée - Harvain parait faire fi de la douleur pour préparer un petit déjeuner comme si de rien n'était. Coriace le vieux...
Le Doc' se doute bien que le kildéen ne va pas manquer de faire du thé, mais il n'imaginait pas qu'il se trimballe aussi avec de la confiture et des biscottes. Si ça se trouve, ce mec trimballe même un fer à repasser pour que ses fringues restent impeccables ou - pire dans la catégorie des choses dont Helhar'sen ne s'encombrerait pas en expédition - une soupière.

Pendant que Harvain prépare le petit déjeuner, Helhar'sen en profite pour se changer. Sa combinaison d'évitement est complètement éventrée au niveau de la jambe, il vaut mieux revêtir des vêtements classiques avant de rentrer en ville : il enfile un pantalon de treillis gris et une chemise noire qu'il gardait précieusement plié au fond de son sac en prévision du retour à la civilisation.

Le kildarien accepte la gamelle et la tasse avec un hochement de tête de gratitude. Il sait se contenter d'un repas par jour, mais avoir le luxe d'un petit déjeuner dans ces conditions ça ne se refuse pas. Le Doc' extirpe un sachet de graines de tournesol de son sac, et le pose entre eux deux en faisant signe à Harvain de se servir. Lui-même en jette une pincée dans la gamelle, sort sa cuillère et pioche dans le crumble.
***

- Hmmmm... Excellente cette confiture!
Vous êtes décidément un krolanne plein de ressources...

Oh et puis cessez donc de me donner du "monsieur", vous voulez bien? Helhar'sen suffit amplement maintenant que nous avons fait connaissance, ou Doc'. Docteur à la rigueur si vraiment vous insistez...


***
Le médecin trempe ses lèvres dans le breuvage. Encore un peu chaud, mais agréablement corsé.
***

- ... Je ne suis qu'un krolanne au service des autres, tout comme vous si j'ai bien compris.
Bien sûr, l'Eveil a quelque peu changé certaines priorités, mais j'aime à croire que nous - les lanyshtas de la troisième vague - saurons conserver le lien avec notre krolannité...





(Agur 816)
 
Harvain
Gens de foyer
Kil'dé  
Le Dhiwara 25 Saptawarar 816 à 19h47
 
Monsieur, je "donne du monsieur" même à Cal Keran qui est pour l'instant une des personnes qui le mérite le moins selon mes critères. Mais en tant qu'invité au manoir d'Ascara, les usages devaient être respectés à lettre. Je garderai alors le Docteur pour vous, eu égard à votre titre récipiendaire du savoir d'Esculape. Toute autre forme de familiarité serait terriblement déplacée Docteur.

J'écoute le docteur mais je suis concentré sur mon crumble. Quel dommage n'empêche...

A ce sujet Docteur, pourriez-vous m'en dire un peu plus sur nos prédécesseurs des précédentes vagues. Il s'agit de domaines où mes connaissances sont terriblement lacunaires. Je sais qu'il y a eu de nombreuses discussions sur les consensus télépathiques mais les profusions de commentaires, souvent d'inepties, refroidissent ma volonté à m'immiscer dans les conversations.

Un instant.

Je repense notamment à ce fameux Klem, kil'déen de son état d'ailleurs et cette autre personne dont j'ai complètement oublié le nom, également une voisine je crois. Sont-ils de la seconde ou de la première vague ?


 
Helhar'sen
Gestionnaire du Kil,
Le Doc

Kil'dara  
Le Merakih 5 Otalir 816 à 22h15
 
***
Helhar'sen hoche la tête en écoutant les préoccupations de Harvain. Le Majordone a beau avoir vécu dans un relatif isolement des Entrelacs de Pensées jusque là, il semble avoir tout de même bien saisi l'importance de se renseigner sur ces Lanyshtas plus anciens qu'eux, et donc plus puissants...
***

- Je pense que vous faites référence à Carmïnn. Elle et Klem sont de la première vague. Je ne l'ai jamais rencontrée, elle, mais j'ai croisé Klem au tout début de cette histoire...
Il ne m'a pas fait l'effet d'un mauvais bougre, juste d'un type qui était prêt à faire ce qu'il fallait pour arranger les choses même s'il aurait sûrement préféré être ailleurs si la situation lui en avait laissé le choix. Tous deux sont un peu des éléments marginaux de la première vague.

Quant à la seconde vague...


***
La Doc' fait une grimace.
***

-... son seul membre dont j'ai entendu parlé à comme passe-temps favori d'enlever des dath'ogal pour leur faire subir les pires atrocité. Un certain Jykoss si ma mémoire est bonne. Carmïnn est justement parti avec certains lanyshtas de la troisième vague pour trouver les dath'ogal en espérant remonter la piste de Jykoss pour retrouver Klem.
Un jeu de piste dont je n'ai guère de nouvelle à l'heure actuelle...

Un jeu qui pourrait avoir de terribles conséquences. A priori, la première vague est maîtresse en ville, elle règne dans l'ombre je dirais, c'est elle qui maîtrise les caches où sont vendus les cubes de pouvoir...
La seconde vague a été chassée de la cité après avoir été en conflit avec la première je crois, et les quelques survivants se terrent quelque part, agissant dans l'ombre pour avoir leur revanche. C'est ça le plus gros souci : ils seraient bien capables de faire cause commune avec une autre faction qui a prévu de s'en prendre aux Sharss, nos amis biomécaniques, les thyrdoks.

D'après ce que j'ai entendu de la bouche de ceux qui s'y sont frottés, il est loin d'être exclu que ces monstruosités soient les créations d'un lanyshta.


***
Un sourire un peu amer.
***

- Voilà en quelques mots le bourbier dans lequel nous sommes actuellement fourrés. Un vrai nid de guêpes si vous voulez mon avis...

***
Et encore, on ne va pas commencer à spéculer sur les Ists dont on ne sait rien mais qui pourraient avoir leur mot à dire également...
***





(Agur 816)

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