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Amours, delices et orgues
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Le Sukra 9 Jangur 816 à 12h25 |
Dans une brume, qui rappellera aux habitants les plus profonds des Kil, leur résidence usuelle, une silhouette féminine chemine. Malgré la difficulté a s'orienter elle semble avancer sans hésiter. On entend parfois de longues notes: corne de brume ? Chant puissant ? Fanfare du brouillard ? Elles permettent en tous cas de se diriger vers elle.
Il faut bien sur prendre garde aux tuyaux, parfois bouillants, aux escaliers impromptus qui s'ouvrent parfois vers des destinations aussi sombres qu'incertaines ou aux murs qui se dressent sans crier gare.
*** Ailleurs dans un autre monde, un corps endormi bouge parfois de manière étrange. ***
La voyageuse continue et les sons se font plus perceptibles. On distingue maintenant une musique.
Je dois trouver la source !
Elle sert contre elle une longue dague effilée...
Trouver la source ! |
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Le Dhiwara 10 Jangur 816 à 14h45 |
La musique se fait maintenant plus puissante, voire carrément très puissante. Les graves font même vibrer le corps de ceux qui s'approchent. Émergeant du brouillard une constellation de tuyaux, un chaos de métal devant lequel une silhouette féminine s'agite. Il n'y a pas de siège comme devant un orgue normal c'est visiblement tout le corps qui doit bouger. Non seulement les mains mais aussi les jambes qui enfoncent des touches gigantesques, même la tête est mise a contribution puisque de temps a autre elle accroche par la mâchoire des poignées qui pendent dans le vide.
La voyageuse tire sa dague et s'approche silencieusement de l’énigmatique organiste.
*** Ailleurs dans un autre monde, un corps endormi se raidit sur sa couche ***
Plus que quelques mètres avant qu'elle ne soit derrière la musicienne, prête a la frapper ! A cette distance cependant tout se reflète dans les innombrables tuyaux. On voit tout a coup des milliers d'assassins de toutes tailles !
La musique s’arrête. |
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Le Matal 16 Fambir 816 à 22h36 |
Le silence est pesant tandis que les deux femmes se font face. L'organiste parait désarmée mais sure d'elle, tandis que sa future assaillante porte haut son poignard, comme prête a frapper mais elle parait hésitante. Sans doute veut-elle plus que seulement tuer... ...savoir par exemple:
Mon orgue! C'est mon orgue que tu joues! Comment as-tu obtenu ses plans?
L'organiste se fait plus narquoise allant jusqu’à écarter les bras pour l'inviter a frapper. Ailleurs sur un lit, un visage endormi s'enlaidit d'une vilaine grimace, comme un spasme.
C'est simple! Je suis toi!
La voyageuse tombe a genoux, laissant choir son arme. Tandis que l'organiste reprend d'une voix douce mais toxique:
Je vis dans ta tête depuis si longtemps, je te défends te protège mais aussi t'espionne.
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Le Luang 7 Marigar 816 à 23h05 |
Quelque part dans son lit, la dormeuse bouge un peu de manière spasmodique.
Devant l'orgue, la place est a nouveau a l'affrontement. La voyageuse a ramasse son couteau et se jette sur l'organiste qui esquive a la dernière seconde.
Tu es folle ! Si tu me tues tu meurs aussi.
Une fois de plus la voyageuse, l’œil injecte de colère se rue sur son adversaire. Celle-ci évite de nouveau le coup mais ne réalise pas que son assaillante tiens maintenant une deuxième lame dans sa main gauche qu'elle lui enfonce dans le bras.
Peu m'importe! Quelle que soit l'issue je serai délivrée de toi!
L'organiste se fait moins narquoise et s’éloigne en reculant.
Attends! On peut discuter! Que dirais-tu si je te donne l'orgue?
Cette proposition a au moins le mérite de lui gagner du temps.
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Le Vayang 11 Marigar 816 à 22h42 |
On sent la dormeuse sur son lit davantage tranquille. Sur son visage se lit cependant un certain souci, une foule de pensées doivent se bousculer dans sa pauvre tête.
Ailleurs la musicienne finit par acquiescer a la proposition de son double.
D'accord l'orgue est a moi... Du moins s'il a été fait selon mes plans...
Elle s'installe devant l'instrument et commence par quelques notes, comme pour l'essayer. Satisfaite, elle continue en ajoutant davantage de tons avant d'enfin commencer a jouer vraiment. La musique est d'abord plaisante quoique plutôt tonitruante. Bientôt cependant les sons se mêlant produisent des vibrations de plus en plus puissantes qui font trembler les parties les moins solides des bâtiments alentours.
Sans s'en préoccuper davantage, elle continue de jouer, de plus en plus vite, de plus en plus fort. Certains des tuyaux n’émettent même pas de sons audibles. Trop graves, on ne fait que sentir leurs vibrations, parcourant le corps et le secouant comme un vulgaire moineau pris dans une tempête. Trop aigus ils vrillent toutes les matières, les plus fines se desagregent et tombent grain par grain sur le sol.
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