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Quand le chat n'est pas là Les rats rêvassent |
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Le Dhiwara 25 Jangur 815 à 21h24 |
Les gens disent souvent « Une vie de chien », pour signifier quelque chose de déplaisant, désagréable. C’est qu’ils ignorent à quel point les chiens ont la vie belle : ces dogues se la coulent douce, croyez-nous.
Quand on est un rat, la vie, c’est pas la même chose. Qui aime vraiment les rats ? Soyez sincères : si vous voyiez, là, voilà, devant vous, un de ces rongeurs aux dents longues, quelle serait votre première réaction ? Lui léguer un petit bout de fromage, comme le demande cette innocente bête ? Tsss-tsss, tsss. Soyez honnêtes. Vous comme moi savons que ce n’est pas le cas. Non, il y aurait des hurlements, des appels à l’aide, des coups de balai, puis la mort-au-rat, les pièges, et l’obtention prompte et musclée d’un chat sauvage qui vous retapera la tapisserie plutôt que de se fatiguer à nous courir après. Et vous aurez bien l’air malin, avec votre aberration féline à trois carats qui vous referat la décoration à sa façon !
Non, vraiment, une vie de chien, c’est facile. Je vous la fais les pattes dans le museau. Le plus difficile, c’est d’être un rat.
Voilà, en quelques mots, exactement ce à quoi pense Oromonde au moment où le rêve débute. Les considérations sur l’onctuosité de l’emmental sont ici temporairement exclues du propos.
Elle se trouve dans la peau d’une petite ratte maigrelette au pelage noir. Etrangement, ça ne lui paraît pas du tout surnaturel, pas plus que la conviction profonde qui l’anime en cet instant. Elle a profondément conscience de toujours avoir été comme ça. La bipédie, bien sûr, ça a ses avantages. Mais les bipèdes, tout bon rat le sait, c’est pas très malin. C’est probablement à cause de tout ce baratin sur les pouces opposables, ça leur monte tellement à la tête qu’ils en ont perdu le sens commun. Et les jambes. Ah, les jambes ! Quel système anatomique mal fichu ! Qui a pensé à ça, qui ? Et les bras ! Toujours en travers de l’oreiller quand on veut dormir. Non, non , pas pratique du tout. Quatre pattes, un museau, une paire de moustaches : voilà ce qu’il faut pour réussir dans la chaîne alimentaire. On se passerat des détails : ça ratiboise pas très haut.
Elle se trouve…dans un souterrain stratifié, bien sûr. De multiples comparses rongeurs sont à ses côtés, et ils se rendent avec scélératesse au même endroit : le Ziggourat, où un incroyable rat blanc albinos et cornu doit, supposément, faire un discours renversant et très gratifiant.
Oromonde ne se demande pas du tout ce qui se passe ou ce qu’elle fait là. Les rêves sont ainsi faits. Elle est très impatiente d’enfin rencontrer le rat cornu dont tout le monde parle.
Ses moustaches en frétillent déjà, bien que, curieusement, elle ne se rappelle plus du tout de quoi est supposé parler le grand rat blanc. De gruyère, peut-être...?
Etrange qu'elle ne parvienne pas à s'en souvenir, ça avait pourtant l'air important. |
Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Vayang 30 Jangur 815 à 18h10 |
Il a fini par s'endormir...
Une petite boule blanche émerge donc à l'orée de la conscience et de l'inconscience.
Une petite boule blanche qui symbolise à elle seule tout le déni d'un homme.
Une petite boule blanche qui symbolise à elle seule la part lanysha de cet homme.
Cet homme qui n'ose pas, ou plus, penser aux lanyshas avec de l'affection, qui se fait une piètre image de leur condition, une image frelatée, une image...
...de rat.
Il fait sombre et le rat albinos cornu semble briller faiblement lorsque, ça et là, sa maigre fourrure blanche capture un rayon de lune ou une moisissure bio-lumineuse.
Il traverse un tunnel qui s’ouvre sur de la lumière.
Le rat accélère, impatient de sortir de ce conduit étroit.
C’est la preuve qu’il n’est pas un rat comme les autres.
D’ordinaire les rongeurs se sentent en sécurité avec de la pierre bien dure au dessus de leur tête et une paroi à longer comme un garde-corps salvateur, mais ce rat là aspire à de grands espaces. Il n’est pas soumis à l’atavisme qui pousse à redouter les espaces ouverts, territoires des rapaces et autres prédateurs.
Il sort enfin. Ses yeux s’habituent et calme l’éblouissement.
Il voit enfin net.
Que voit il ?
Une assemblée de centaines de rats...
Il est au sommet d’une ziggourat, composée de plusieurs étages de strates entièrement sculptées à coup de dents et de griffes.
Une assemblée de centaines de rats…
Son cerveau ne semble pas imprimer l’information.
Tout ce petit monde semble attendre de lui quelque chose.
Certains même le regarde avec ferveur.
Il doit leur expliquer qu'ils se trompent.
Il y a méprise.
Il n'est pas un rat.
Il ouvre alors la bouche et…
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Le Matal 3 Fambir 815 à 11h38 |
D’un seul museau, une diversité de pelages, griffes, dents, queues, oreilles, pattes, se tournent vers l’orateur. Ses abjurations tombent de la ziggourat comme des conjurations ensorcelantes, et la foule sans visage et anonyme d’un seul rat contemple ce maître au poil blanc et cornu. Quelle diatribe ! Quelle élégance ! Que de talents, d’ouvrage dans ce discours si court, et si poignant pour autant ! Quel…
« - Qu’est-ce qu’il a dit ?
- Chut ! »
Tous les rats sont saisis d’un vertige contemplatif, adorateur, extrême. Tous ? Non : car voici qu’une petite congénère, maigrichonne et décidément bien noiraude, agite son irréductible museau d’un air perplexe…
« - Non mais vraiment j’ai pas bien compris et ça avait l’air important et tout et tout alors je me demandais…
- Tais-toi ! Le grand Rat a parlé !
- Quel Grand Rat ? Il est déjà arrivé ? Il est où ?
- Là ! Là !
- Mais ce n’est pas… »
Ses petits yeux sombres se fixent sur l’image de l’orateur. Certes, il apparaît sous la forme d’un rat blanc, mais…mais derrière le rat blanc, comme en surimpression, il lui semble distinguer un petit krolanne, vraiment très petit, un peu vieux et usé, dont l’image lui rappelle vaguement un visage croisé dans la rue…
« - Ce n’est pas un rat : c’est un krolanne ! Un jour de flûtiau ! » couine la jeune ratte.
Malheureusement, son couinement d’incompréhension tombe dans le silence avec la discrétion d’un ivrogne dans un caniveau. Il va même jusqu’à se répercuter le long des parois du sous-sol, et l’écho en revient tout spectral et porteur de mauvaises nouvelles. Autour d’elle, on commence à la dévisager comme si elle était dérangée – ce qu’elle est peut-être. Ça ne prend pas quelques secondes pour apercevoir l’éclat de dents mauvaises dans l’obscurité. Oromonde se rapetisse sur elle-même, terrifiée par la situation onirique qui lui échappe totalement.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Julung 5 Fambir 815 à 18h51 |
C’est sa voix ça ?
Il faut se rendre à l’évidence, ici il est un rat.
Il n’est pas la part lanyshta d’un krolanne dans le déni, non, il est un rat.
Il bouge comme un rat, sent comme un rat et parle comme un rat.
Foutre queue ! Il se sent même l’envie de marquer sa nourriture à l’urine avant de l’ingérer.
Il lui semble d’ailleurs qu’il n’est pas n’importe quel rat.
Tous ces regards tournés vers lui semblent lui donner un statut important.
C’est à la fois grisant et effrayant. Tous lui renvoient un sentiment de confiance.
Tous ont l’air de l’attendre depuis des lustres.
Tous ?
Non, une petite ratte noire ne partage pas l’avis de tous.
Une petite ratte qui s’attire la haine des autres rats.
Une petite ratte qui… une petite ratte qui ne ressemble pas aux autres.
Une petite ratte qui, comme lui, est le reflet d’un krolanne !
Ici, ils sont deux échos d’habitants de la surface et des centaines de résidents des abysses citadines. Un roi et une paria, mais voilà, lui est en sécurité la haut et elle, plongée au milieu d’une troupe de rongeurs hargneux. Dans quelques secondes cela va être la curée.
Vite il faut faire quelques chose.
Il se lancerait bien dans un discours plein de ferveur, de bienveillance et d’entente cordiale mais voilà, ici quelque soit cet “ici”, il ne comprend pas ce qu’il dit…
Il entend bien les petits couinements sortir de sa gorge mais ils ne veulent rien dire à ses propres oreilles.
Pour autant qu’il le sache son discours précédent à pu être un monologue inspiré, une platitude politique ou un chanson grivoise, impossible de le savoir.
Ouvrir à nouveau la bouche peut signer l’arrêt de mort de la petite ratte.
Ici tout est si différent. Les règles de la logique jouent en leur défaveur.
Est ce vraiment inéluctable ?
Si la logique peut se jouer d'eux peut être qu'il peut se jouer de la logique.
Il attrape sa queue dans ses petites pattes griffues, la porte à sa bouche en prenant soin de la garder bien droite à l'horizontal et surtout de croire à ce qu'il va entreprendre.
Croire, tout est là.
Il est un rat cornu albinos et il va guider les rats loin de cette petite ratte noire.
Il se concentre et souffle:
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Le Sukra 21 Fambir 815 à 16h03 |
Petit à petit, dans un soubresaut organique, les bêtes chacune détournent le crâne. La musique les attire. La musique les fascine. Oromonde bat en retrait, lentement. Pour elle, il ne s’agit que d’un morceau de flûte. Pas de quoi s’émouvoir. Pourtant, qui l’aurait cru ?, ces notes jouées à même le rat blanc lui sauvent la vie.
Enfin, pas la vie. On se trouve dans un rêve, après tout. Mais cela lui sauve quelque chose comme un espoir, une aspiration, toutes ces excroissances bigarrées et mouvantes que développent le cœur comme on développe des tumeurs. Cela est sauf, au moins, et elle en est soulagée. Qui sait ce qui se joue vraiment dans ces mondes hermétiques et oniriques, qui sait ce que s’y perd, ce qui s’y gagne, en quoi cela vous change, en quoi cela vous mure ?
La foule hagarde et enchantée titube désormais, se rapproche de leur idole.
Scylla sait combien les êtres sont prompts à adorer, et pourtant, à déchirer ce qu’ils adorent.
Au moment de fuir, la petite ratte hésite. Elle est redevable à ce rat-krolanne, même si elle ne comprend pas ce qu’il dit, même s’ils n’ont ni les mêmes langages, ni les mêmes visages, ni les mêmes origines ; même si elle ne le connaît en rien. Elle doit au moins assister à la fin du cortège, s’assurer que la cohorte aille à bon port. Se faisant discrète, la queue basse, elle suit la silencieuse procession de loin, se croyant insensible aux sons changeants de la musique…quand bien même ses pattes commencent à danser en rythme, maladroitement.
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Vayang 27 Fambir 815 à 14h16 |
Il est la figure de proue d'un vaisseau de rats.
Un vaisseau vide, qui traîne dans son sillage des centaines de rongeurs.
Les rats sont avides de figure, qu'elle soit de proue, paternelle ou de chef.
Un rongeur, avec peu ou prou de vassaux, pour qui diriger n'est pas figure de style.
Or voilà: il n’est pas un rat.
Dans la vie il est un krolanne, lanyshta de surcroît.
Un lanyshta qui se refuse à en être et qui préfère officialiser cette part de lui sous les traits d’un rat.
Sur le cahier de doléances de sa conscience, il l’a signé, paraphé, ratifié.
Or voilà: ce n’est pas la vraie vie.
Tout ceci semble n’être qu’un rêve.
Ce n’est qu’un rêve où l’on prend le thé pour en faire une trêve.
Un refus des croyances, une pause athée, un coup de main rapide de l’imaginaire, un service hâtée.
Ravis, les rats dansent derrière lui comme un charivari sans chat.
Il lance une trille, un trémolo, ses sujets opèrent une vrille, un imbroglio.
Les queues se mêlent et s'entremêlent, pêle-mêle, la majorité bêlante
hèle leur roi sur le canevas de queues de rats et, de guingois, il les mène toujours plus loin là-bas.
Il est le rat corné, le roi cornu.
Un regard en arrière lui confirme que la ratte est saine et sauve.
Timidement elle marque le rythme du bout de la patte.
Il l’invite à la farandole, l’incite au fandango et lance un boléro.
Mais que va t il se passer lorsqu’il s’arrêtera de jouer ?
Si les choses tournent mal il aura besoin d’elle.
Il est rincé, éreinté, fatigué, à bout de souffle.
*** La musique disparaît. ***
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Le Dhiwara 1 Marigar 815 à 11h00 |
*** La musique disparaît. ***
A nouveau, un malaise anxiogène commence à transpirer du rêve.
Quelque chose de sombre, de malsain, une promesse chtonienne obscurément énoncée.
La ratte regarde le Roi Cornu, mais ce dernier s’est affaibli.
Le rythme dansant qu’il vient d’imposer l’a épuisé, et elle discerne de moins en moins son reflet de krolanne.
Il a l’air de l’appeler, d’attendre quelque chose d’elle. Quoi ? Qu’elle reprenne la musique ?
Mais elle ne sait ni chanter, ni jouer, ni danser !
Car voilà : elle n’est vraiment qu’un rat des villes.
C’est une métaphore, mais les métaphores sont importantes.
Les auteurs disent qu’on tombe amoureux à cause d’elles.
Ne peut-on pas alors être métamorphosé par ces mêmes vilaines ?
Car voilà : à l’image d’un rat, elle est discrète, nuisible, sombre.
Sans éclats. Rusée, mais sans plus. Elle survit, surtout. Et encore.
S’amuser ? Se divertir ? Pire : divertir tout court ? Ah ! Quelle farce !
Elle n’est rien. Elle est Personne. Qui s’intéresserait à cette méticuleuse autiste ?
Qui attendrait d’elle un bon mot, un sourire, un pas de deux ?
Car voilà : Oromonde est raisonnable, désespérément raisonnable.
Elle se trouve les pattes ballantes tandis que la foule se retourne vers le rat blanc.
Elle ne peut pas l’aider.
Elle ne le peut.
L’envie de fuir la tenaille. Un instant, d’ailleurs, elle recule, prête à abandonner sur place le joueur de flûtiau.
Vous savez bien ce que dit la fourmi à la cigale.
Mais voilà, en plus d’être raisonnable, Oromonde est diablement honnête…
Elle revient, désemparée. Que faire ? Il suffirait de relancer le roi cornu, de lui donner un air, de l’inspiration.
Comment fait-on cela ? C’est déjà assez difficile dans la vraie vie, alors pensez, dans un rêve !
Bon. Il faut se lancer. Elle ne peut décemment ne rien faire. Elle doit…y croire ? Avoir la foi ? Fermer les yeux et bondir ? C’est cela qu’on dit dans les livres, non ? Y croire. Quelle idiotie. Bon. Y croire, quand même.
La ratte se redresse timidement sur ses pattes arrières, passe une patte sur son oreille velue, et se racle la gorge de façon très krolanne.
Personne ne l’entend.
Elle se racle la gorge plus fort, mais rien ne se produit.
Elle commence donc à chanter, ce qui devrait être physiquement impossible, mais personne ici n’est intéressé par cela. A sa grande surprise, sa voix n’est pas du tout sa voix ! Elle se découvre une tonalité très entraînante, qu’elle a du mal à comprendre. En tout cas…ça….swingue ? groove ? Quelle bizarrerie…
*La musique reprend.*
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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Le Luang 9 Marigar 815 à 18h31 |
Au milieu de son maillage de queues, le roi s'essouffle.
Sa queue est bouchée et ses doigts engourdis.
Il s’attend au retour de flammes, l’orchestre va s’en prendre au soliste.
On retrouve, au milieu de ce fatras, tout ce que les hommes ne veulent plus.
Il y a des trombones, des bombardes, des tubas, des triangles, des caisses, grosses ou claires, des cloches et des conques.
On y viole et on luth sans jamais lyre mais les archets ne tirent pas de flèches.
Ici les cors sont innombrables mais ils sont plus corpus que choristes.
Dans cette représentation il n’y a pas de partition et pourtant chacun joue sa partie.
Les cordes étranglent mais ne vibrent pas.
Les cuivres se revendent au poids sans sonner, si ce n’est pour l’espèce trébuchante.
Les vents ne sont guère que ceux de la révolte.
Il y a les choeurs mais ils sont cacophoniques
D’ailleurs ce n’est pas tant de choeur, fendu à coup de H, dont il a besoin mais de coeur.
Un coeur entier:
Un coeur qui donne du choeur.
S’il n’y a qu’une voie à suivre c’est sa voix à elle.
C’est tout autant celle du sang ou de la raison, vive ou pleine, royale et diplomatique.
Elle redonne voix aux rats tristes mais donne aussi voix aux chats pitres.
Tout comme “On ne voit bien qu'avec le coeur” “On a de voix qu’avec le choeur”
Pour tous ces rats au bord de l'abîme, ce filet de voix leurs évite la chute.
Chacun lâche ce qu’il a dans les pattes, la gueule, enroulé dans la queue et tous la regardent en penchant la tête. De ce regard oblique que seuls les animaux savent prendre.
Puis ils s’agenouillent en dodelinant. Ils s'allongent alors et s’endorment.
Le roi blanc s’approche de la reine noire.
Il lui sourit pauvrement.
Lui attrape la patte.
Ouvre la bouche:
Tirons nous !
*** Il l'entraîne à sa suite. *** |
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Le Julung 12 Marigar 815 à 18h15 |
Se tirer, d’accord ; mais où ?
Certes, un observateur plus avisé répondrait volontiers à Oromonde que ce n’est pas vers où on se tire qui compte, mais d’où on se tire, et aussi de quoi on se tire. En l’occurrence, fuir un lynchage probable paraît une plutôt bonne idée, aussi n’émet-elle pas plus de protestations que cela tandis que les deux compères détalent, à moins d’être faits comme des rats.
Leur course les amène à retraverser la ziggourat désormais vide. De là, une série de tunnels, de bosses, de tumulus, d’excavations diverses et variées à travers lesquelles la ratte noire court, le diable aux trousses. Il leur faut un certain temps pour que le tumulte s’apaise, puis cesse.
Entre temps, il faut bien le reconnaître…ils sont perdus. Perdus dans l’écorce de la terre ; cette dernière a pris une teinte rougeâtre, organique. Des grandes grottes défilent devant eux. Désormais Oromonde ne court plus. Cela ne sert plus à rien. Ils sont en deçà. Elle reconnaît la barre familière, sur sa nuque, qu'elle ressent habituellement lorsqu'elle plonge dans le rêve. Plus ils descendront, et plus les choses lui seront réelles ; plus le lien, aussi, risque d'être soudainement coupé. A moins que ce ne soit que son monde, que sa subjectivité qui ainsi fibre sa trame narrative.
« Mais Monsieur, vous parlez », dit soudainement la ratte. « Tout à l’heure je ne vous comprenais pas, mais soudainement si. Or lorsque je me rends dans ces endroits, et par là je veux dire, dans ce monde derrière le miroir du réel, je n’y fais rencontre que de monstres et fantômes, bêtes et chimères. Vous...vous avez comme une résistance.
Qui êtes-vous, Monsieur ? »
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Mon nom est Personne.
*Le Chaudon qui Fume* |
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